Mais chez Vogal, l'évaluation est permanente. 360°. Tout le monde contrôle tout le monde.
Clément opine vaguement, offre une sorte d'approbation mitigée qui ne l'engage à rien. Dans certains cas, les mots deviennent vite des pièces à conviction.
Chez ses parents, il attrape toujours un rhume de l'âme.
Les souvenirs n'épargnent pas Clément. Sa mémoire est hypersensible aux sollicitations sensorielles, comme sa muqueuse nasale l'était autrefois aux virus.
Personne ne peut imaginer ce qu'on ressent quand l'angoissse relâche sa prise. Ni comprendre à quel point le monde paraît neuf, intact, grisant. On ne va plus mourir. On aime les mots idiots, on aime l'air et le soleil dans les vitres. On aime les conventions, les chansons bêtes, les sentiments. Et puis revient la peur. La peur de l'angoisse. La peur d'avoir peur.
Ce n'est pas d'être inférieure aux autres qui est humiliant, c'est d'être inaccessible à soi-même. D'être trop bien pour soi. Les autres habitent leur corps avec naturel. Arpentent leurs pensées en propriétaires. Elle reste à la porte de son être, comme une mendiante. La peur l'a délogée.
Tu n'as jamais pris au sérieux l'inutile.
Par pitié ! Que les pères gardent leurs secrets.