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Citations sur Là où les tigres sont chez eux (114)

Il parvint jusqu'à une petite fenêtre et s'arrêta un instant : dorée par le clair-obscur de sa lampe, une vieille négresse brodait lentement sur un grand métier de bois sombre. Apercevant Roetgen, elle lui adressa un timide sourire et suspendit son geste. Dans cet instantané de peinture flamande, il y avait la douceur infinie des mères, et avec elle le seul rempart à la folie du monde.
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Si un croyant se sent insulté parce qu'on a moqué l'image de son dieu, c'est, au mieux qu'il doute encore de son existence, au pire, qu'il est assez stupide pour s'identifier à lui. Mais qu'il trouve des armes pour venger cette offense dans les lois d'une société ou dans leur négation, cela le transforme en ennemi juré, en bête fauve à encager.
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Elle croyait l'entendre encore : «La science n'est qu'une idéologie parmi les autres, ni plus ni moins efficace que n'importe quelle autre de ses semblables. Elle agit simplement sur des domaines différents, mais en manquant la vérité avec autant de marge que la religion ou que la politique. . Envoyer un missionnaire convertir les Chinois ou un cosmonaute sur la Lune, c'est exactement la même chose : cela part d'une volonté identique de régir le monde, de le confiner dans les limites d'un savoir doctrinaire et qui se pose chaque fois comme définitif. Aussi improbable que cela ait pu paraître, François-Xavier arrive en Asie et convertit effectivement des milliers de Chinois, l'Américain Armstrong - un militaire, entre parenthèse, si tu vois ce que je veux dire...- foule aux pieds le vieux mythe lunaire, mais en quoi ces deux actions nous apportent-elles autre chose qu'elles-mêmes ? Elles ne nous apprennent rien, puisqu'elles se contentent d'entériner quelque chose que nous savions déjà, à savoir que les Chinois sont convertibles et la Lune foulable... Toutes deux ne sont qu'un même signe de l'autosatisfaction des hommes à un moment donné de leur histoire.»
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La révolte est le seul acte véritable de liberté et par conséquent de poésie. C'est la transgression qui fait avancer le monde, parce que c'est elle, et elle seule qui génère les poètes, les créateurs, ces mauvais garçons qui refusent d'obéir à un code, à un État, à une idéologie, à une technique, que sais-je à tout ce qui se présente un jour comme le fin du fin, l'aboutissement incontestable et infaillible d'une époque.
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La certitude d'être dans son bon droit est toujours le signe d'une vocation secrète pour le fascisme.
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Transgresser une règle, toutes les règles, revient toujours à s'en choisir de nouvelles, et donc à revenir dans le giron de l'obédience. On a l'impression de se libérer, de changer son être en profondeur, alors qu'on a simplement changé de maître.
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C'est La Boétie, je crois - en fait, j'en suis sûr... corrigea-t-il en faisant un clin d’œil à Eléazard -, qui parlait de «servitude volontaire» pour fustiger l'endormissement des peuples devant la tyrannie d'un seul. Mais dans son plaidoyer pour la liberté, il distinguait entre servir et obéir, c'est à dire, dans son esprit, entre la sujétion condamnable d'un serf à son seigneur et l'obéissance d'un homme libre à un juste gouvernement. Distinction que je n'arrive pas à reprendre à mon compte, malgré toute ma sympathie pour ce jeune homme... Même consentie de plein gré, et peut-être encore plus à cause de cette illusion de liberté, toute obéissance reste servile, humiliante, et plus important à mes yeux : stérile. Oui, stérile...
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- D'après mes calculs, l'Atlantide se trouvait entre le Nouveau Monde & le nord de l'Afrique. Quand les plus hauts sommets se mirent à cracher le feu, quand le sol se mit à trembler & à s'enfoncer, provoquant la terreur & la mort, l'Océan submergea la totalité des terres. Mais parvenant à la hauteur de ces volcans, il réussit à calmer leur ardeur, & par conséquent à juguler le processus d'enfoncement des terres. Ces quelques cimes épargnées, ce sont les îles que nous appelons aujourd'hui Canaries & Açores. Et telle était la puissance de ces volcans, assurément parmi les cheminées dominantes du feu central, qu'ils ont conservé encore une certaine activité : toutes ces îles sentent le soufre, & l'on y peut voir, à ce qu'on m'en a dit, quantité de petits foyers ou de geysers par lesquels l'eau s'échappe en bouillant. Il n'est donc pas impossible qu'un jour ce même phénomène qui fit s'anéantir tout un monde le fasse subitement réapparaître, avec toutes ses cités en ruines & ses millions d'ossements...
Bien qu'imaginaire, cette vision me glaça les sangs. Kircher s'était tu, le feu mourait dans l'âtre, & je fermai les yeux pour suivre en moi-même le surgissement de cet effroyable cimetière venu des temps les plus reculés. Je voyais les palais d'albâtre émerger lentement des abysses, les routes tronquées, les colosses brisés, couchés sur le flanc, décapités, & il me semblait entendre le craquement sinistre accompagnant cette cauchemardesque apparition.
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quand on commence à remarquer les frasques de la jeunesse, pour s'en offusquer ou seulement les pardonner, c'est qu'on est soi-même devenu vieux
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Personnellement, j'ai la faiblesse de croire encore à certaines valeurs désuètes. Je reste persuadé, par exemple, que la corruption, le népotisme ou l'enrichissement de quelques-uns aux dépens de tous les autres ne sont pas des choses normales, quand bien même elles auraient dix mille ans d'histoire pour les cautionner. Je crois que la misère n'est pas une fatalité, mais un phénomène entretenu, géré rationnellement, une abjection indispensable à la seule prospérité d'un petit groupe sans scrupules ... On a tendance à oublier - tout est fait pour cela - que c'est toujours un individu qui infléchit le cours des choses ; par sa décision à un certain moment, ou son refus. C'est cela le pouvoir, sans ça il n'intéresserait personne, vous le savez bien. Et ces hommes-là, je veux dire, ces hommes de pouvoir, je les tiens pour responsables de ce qui advient.
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