Solange, comme ces enfants de stars qui brûlent leurs ailes à la gloire de leurs géniteurs, semble une caricature ratée de sa mère. Mariée au même âge, séparée comme elle, elle se veut libre mais se fait entretenir par de riches amants. Elle souhaiterait écrire, entreprend des recherches et rédigera quelques chroniques et deux romans; mais elle n'a pas de talent ni surtout de persévérance. Notons au passage que George lui interdit de prendre Sand comme nom de plume, alors que son fils signe Maurice Sand. p.246
Il est laborieux comme elle, mais ils ne sont pas en rivalité. L'écart d'âge protège leur ego. Chacun donne à l'autre ce qu'il lui manque, leur couple est placé sous le signe de la complémentarité. Moins narcissique, moins romanesque que celui que George formait avec un Musset ou avec un Chopin, il ne se réduit pas pour autant à un simple compagnonnage.
Son chevalier servant l'honore, y compris au sens amoureux du terme. p.95
Il est ma force et ma vie.
« Vous me demandez, dit-il en s’adressant à M. et madame ***, ce que j’ai fait, en Suisse, de cinq ans de ma vie dont je ne vous ai jamais parlé, et qui doivent, selon vous, renfermer un mystère, quelque grand travail ou quelque vive passion. Vous ne vous trompez pas. C’est le temps de mes plus poignantes émotions et de mon plus rude travail intellectuel. C’est la crise finale et décisive de ma vie de personnalité, c’est ma plus ardente et ma plus dure expérience, c’est enfin mon dernier amour qui est enseveli dans le mutisme que j’observe à propos de ces cinq années. [...] »
Voilà peut-être ce qu'on appelle la maturité : le sentiment du bonheur, la capacité d'en jouir, la conscience de sa fragilité.
Le dernier amour c'est celui, celle qui vous mène aux portes de la mort. Le compagnon, ou la compagne des derniers instants de la vie terrestre vécus. Mais il peut s'agir aussi d'un enfant que vous avez accompagné dans la mort. Le vôtre. Il vous a fait toucher avant que vous ne soyez mort, un avant goût crépusculaire de votre propre mort.