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Citations sur Le crépuscule des stars (13)

Mon histoire d’amour avec Hollywood commença très tôt, dès mon plus jeune âge.

À cette époque, au temps du cinéma muet, la majorité des jeunes – ici aux États-Unis et dans le monde entier – était fascinée par les écrans cinématographiques. La télévision n’existait pas, la radio en était encore à ses débuts, et les films étaient notre fenêtre sur le monde. À une époque où peu de gens avaient les moyens de voyager de par le monde, c’était le cinéma qui nous donnait un aperçu fugitif de pays lointains. C’était le cinéma qui nous enseignait l’Histoire et nous en donnait une version romancée, le cinéma qui faisait notre éducation morale et nous offrait une image du comportement des adultes. Hollywood faisait rire et pleurer les jeunes Américains, agissait sur nos sympathies et nos passions, comblait notre désir d’enchantement, de frissons et de sensations fortes.

Nous adorions le cinéma et ses stars, et cela n’a rien d’étonnant… le fougueux Douglas Fairbanks, la réservée Mary Pickford, la royale Pola Negri, la sophistiquée Gloria Swanson, le terrifiant et macabre Lon Chaney, le romantique Rudolph Valentino, l’héroïque Tom Mix, l’infâme Erich von Stroheim, et les maîtres du comique comme Charlie Chaplin, Harold Lloyd et l’incomparable Buster Keaton.

Quant à Hollywood, c’était la capitale magique du monde… son influence était infiniment plus grande que celle de La Mecque, de Jérusalem ou d’autres lieux saints.



Robert Bloch dans la magnifique préface.
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Dans un asile de fous, il est courant d’entendre des voix. C’est ce qui m’arrivait.

"… les frères Christie, les frères Warner, les sœurs Talmadge. Partout, on ne rencontre que le népotisme… " "… pour moi, ça serait plutôt de l’inceste. Après tout, il n’y a pas de mal à ça, ça reste dans la famille… "

"… nous sommes des vers de terre, qui nous tortillons au bout de l’hameçon de Dieu… "

"… tu ne crois pas qu’il serait temps de nourrir ton singe au biberon, mon chou… "

"… le film a rapporté un million et demi et il se plaint encore ! Tout le mal que je te souhaite, c’est d’avoir autant de fric que William Fox… "

"… il n’y a que dans les scènes d’amour qu’il se fait doubler… "

"… mais enfin, bon Dieu, prends donc ce singe par la queue et retire-le de là… "

"… les toilettes sont occupées, essaie plutôt la piscine… "

"… est-ce que quelqu’un a vu Billie ? Elle a dit qu’elle passerait… "

"… je t’avais prévenue, non ? Tire-le par la queue, à moins que tu ne veuilles que les gens te croient enceinte… "

"… mais, bon Dieu, je suis enceinte… "

Debout, au bar, les sens en éveil, j’examinais tout le monde, j’éliminais les voix les unes après les autres, dans le seul espoir de détecter la présence de Lois Payne. Soudain j’aperçus Arch Taylor qui venait vers moi, un verre à la main. Le verre était vide, mais lui était manifestement plein. Quelque part en cours de route il avait perdu sa veste, sa cravate, et son sens de l’équilibre.
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Brusquement, quelqu’un ouvrit une porte, dans le hall, et j’entendis un bruit de voix. À ma surprise, l’une de ces voix était celle d’Harker. Je pensais qu’il était déjà dans la bibliothèque avec Luzovsky, mais ce n’était pas le cas, apparemment, car c’était une femme qui lui répondait. Et maintenant, je les entendais tous les deux, clairement et distinctement.

J’en ai jusque-là, disait la femme, ça ne peut plus durer !

— Alors, va-t’en. Va-t’en, et ne te crois pas obligée de revenir, cette fois.

— Oh, ne t’inquiète pas. je ne risque pas de revenir. J’en ai assez soupé de toi et de ta foutue astrologie !

— Tu n’as pas besoin de hurler, Mabel. Il y a des invités dans cette maison.

— Mais pour qui te prends-tu donc, à me donner des ordres ? Monsieur Théodore, le Grand Harker… Quand je pense que je t’ai connu petit colporteur d’élixirs à la noix !

— Et toi, quand je t’ai connue, tu faisais le trottoir à deux dollars la passe.

— Dis donc, espèce de salaud…

— Fous le camp, et ferme-la ! Je dirai à Rogers d’emballer tes affaires.

— Ce n’est pas la peine, je pars tout de suite. Va faire joujou avec tes boules de cristal, espèce de charlatan minable ! 

Une porte claqua. J’entendis le bruit de chaussures à talons hauts martelant le sol. Les pas se rapprochaient, et je me plaquai au mur.

Je vis Mabel se diriger vers la porte.

Mabel ? C’était Maybelle Manners.

"Quand je t’ai connue, tu faisais le trottoir à deux dollars la passe." Non, ce n’était pas possible, la reine était infaillible, la Joconde n’avait jamais hurlé comme une poissarde. Mona Lisa n’avait jamais été une prostituée…
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Tout est vrai. avait dit Luzovsky, et il avait raison. Le rêve se réalisait, pour lui, parce qu’il croyait en lui-même. Mais moi, je ne croyais plus – ni à Harker ni aux étoiles qui brillaient sur Hollywood ou dans la ville même. Pour moi le rêve était fini.

Je flânai le long des façades prétentieuses des propriétés de Sunset, puis je m’enfonçai dans le no man’s land du Strip. Dans la lumière violente de l’après-midi, tout paraissait crasseux, abandonné. Ce n’était que le soir que le Strip se réveillait, lorsque les étoiles venaient briller dans leur ciel factice et étriqué, celui des cabarets, des bordels et des casinos. Mais, même la nuit, c’était un paradis frelaté. L’alcool était mélangé à de la gnôle de contrebande, les femmes se faisaient payer pour singer la passion, et les cartes des joueurs étaient truquées, les dés pipés. Tout était minable, vulgaire, y compris mes réflexions sur le sujet. Tommy Post, le Jeune Philosophe. Encore de la frime, comme tout le reste.
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- Je sais tout ce qu'on peut savoir sur le cinéma.
- Je ne savais pas qu'on trouvait tant de choses sur le cinéma dans les bibliothèques, avouai-je.
- Mon jeune ami, ce n'est pas dans les bibliothèques qu'on étudie le cinéma. C'est en allant voir des films.
Et c'est ce que Luzovsky avait fait, nuit après nuit, inlassablement. Certains soirs, il n'avait pas assez d'argent pour manger, mais il fait toujours dix ou vingt-cinq cents pour aller au cinéma. Pour Swanson, pour Arbuckle, pour Bushman, pour Chaplin, et même pour Pearl White. Pour la mise en scène des deux frères De Mille, et du grand David Wark Griffith. Ces pièces de dix et de vingt-cinq cents n'étaient pas dépensées en distraction: c'était un investissement pour l'avenir.
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Les constructions nouvelles s'étendaient de plus en plus vers le nord, le long des canyons. On construisait beaucoup, à cette époque, et cela n'allait pas s'arrêter de si tôt; la propriété de Fred Thomson et Frances Marion, Pickfair , Falcon's Lair, la maison de Marion Davies sur la plage de Santa Monica. Déjà, les collines avoisinantes étaient constellées de splendides spécimens d'architecture de style Tudor espagnol, gothique provincial, Renaissance mauresque et Gréco-Elisabéthain. Il y avait des cathédrales avec des courts de tennis, un Trianon doté d'un garage pour six voitures, une Abbaye de Westminster agrémentée d'une piscine .
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Keaton, le comique impassible... c'est aussi fort que de danser sans bouger les jambes.
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Le jour où l'on se penchera sur les vieux films pour recréer une culture, où l'on s'en servira pour reconstituer l'histoire de toute une époque. Il y a bien les journaux, les livres, les documents écrits, mais ils sont froids, ils sont morts. Les films, eux, seront toujours vivants. Et tout y est, si on se donne la peine de les regarder: tout ce qu'on peut espérer apprendre: c'est le reflet du mode de vie, des moeurs et des coutumes de tout un peuple.
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Le rêve, monsieur Harker. Je sais ce que vous pensez, je ne suis qu'un écrivaillon qui pond des gags pour des comédies de quatre sous, un monsieur Personne qui vient de nulle part. Mais je sais ce que rêver veut dire. Et c'est aussi votre secret, n'est-ce pas ? (…) C'est pour ça que vous avez fait de grands films, autrefois, c'est pour ça que vous êtes un grand metteur en scène . Parce que vous devez sorti de nulle par, vous aussi, vous devez ssavoir ce que c'est que d'être un monsieur Personne. Vous vous rappelez vos rêves de cette époque – les rêves que font les gens simples sur l'amour, l'honneur, et le triomphe du bien sur l'injustice. Bien sûr, les critiques font la fine bouche devant ces films, ils l'ont toujours fait. Mais le commun des mortels ne fait pas la fine bouche. Parce qu'il a besoin de rêves, et uqand il n'est plus capable de rêver tout seul, il se tourne vers les gens comme vous – ceux qui créent des rêves à leur mesure. C'est ce que je veux faire. Il faut que je le fasse. C'est comme si... comme si j'étais né pour ça.
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Il y a avait une fois un petit garçon de neuf ans. Son père était fou, mais le gosse ne le savait pas. Jusqu’au jour où son père l’a attrapé et l’a étendu sur la table de la cuisine. Il a attaché le gosse à la table, en serrant bien, tu comprends ? Et puis il a pris une hache et il a coupé les pieds du gosse juste au-dessus des chevilles. Et pendant tout ce temps, il n’a pas arrêté de rire, de rire… C’est comme ça que j’ai découvert ce qu’étaient les monstres. En en devenant un moi-même. Maintenant j’essaie de montrer aux spectateurs la réalité de l’horreur…
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