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Citations sur L'Ame de Napoléon (19)

En vérité, jamais un homme ne fut adoré comme celui-là, dans l’espérance ou le désespoir, dans les tourments infinis de la fatigue, de la faim et de la soif, au milieu des boues et des neiges, dans la mitraille ou les incendies, dans les exils, dans les prisons, les hôpitaux et parmi les agonies ; adoré quand même, adoré toujours, malgré tout, comme un rédempteur que la corruption du tombeau ne pouvait atteindre, comme une vierge de gloire qui ne pouvait pas mourir. J’ai connu dans mon enfance, des vieux mutilés incapables de le distinguer du Fils de Dieu.
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[À la France] s’oppose, dans cette nation [=l’Angleterre] – aussi moderne par la bassesse de ses convoitises qu’elle est antique par sa dureté à l’égard des faibles – le gouvernement exclusif des intérêts mercantiles. Car telle est la honte et la tare indélébile de l’Angleterre. C’est une usurière carthaginoise, une marchande à la toilette politique, son isolement insulaire lui permettant, disait Montesquieu, « d’insulter partout » et de voler impunément. La fameuse Rivalité traditionnelle n’est pas autre chose que l’antagonisme séculaire d’une peuple noble et d’un peuple ignoble, la haine d’une nation cupide pour une nation généreuse.
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Plus on l'étudie, plus on découvre qu'il est l'homme à qui nul ne ressembla et c'est tout.{...] Son prodigieux NOM, quand il est prononcé par le plus pauvre de tous les enfants, c'est à rougir pour n'importe qui d'être un grand homme.
Napoléon, c'est la Face de Dieu dans les ténèbres.
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Napoléon n’était pas la multitude. Il était seul, absolument, terriblement seul, et sa solitude avait un aspect d’éternité. Les anachorètes fameux de l’antiquité chrétienne avaient, dans leurs déserts, la conversation des Anges. Ces saints hommes étaient isolés, mais non pas uniques ; ils se voyaient entre eux quelquefois, et leur dénombrement est difficile. Napoléon, semblable à un monstre qui aurait survécu à l’abolition de son espèce, fut vraiment seul, sans compagnons pour le comprendre ou l’assister, sans anges visibles et, peut-être aussi, sans Dieu ; mais cela, qui peut le savoir ?
N’ayant pas d’égaux ni de semblables, il fut seul au milieu des rois qui ressemblaient à des domestiques aussitôt qu’ils s’approchaient de sa personne ; il fut seul au milieu de ses pauvres soldats qui ne pouvaient lui donner que leur sang et qui n’en furent point avares. Il fut seul à Sainte-Hélène au milieu des rats de Longwood et des dévouements rongeurs qui prétendaient le consoler. Il fut seul enfin et surtout au milieu de lui-même, où il errait tel qu’un lépreux inabordable dans un palais immense et désert. Seul à Jamais, comme la Montagne ou l’Océan !...
(p. 47)
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Napoléon n'a eu en propre que son âme. C'est par elle qu'il gagna toutes ses batailles ; c'est par elle qu'il fut un meneur d'hommes inouï, un administrateur infini ; qu'il osa pétrir l'Europe dans des mains empruntées à Dieu et qu'il espéra ne jamais rendre. C'est par son âme enfin et son âme seule qu'il eut la gloire de se tromper comme aucun homme ne s'était trompé avant lui, et d'être abattu à la fin, n'étant que l'Annonciateur, non par l'hostilité furieuse de quelques rois humiliés, mais par la coalition de tous les siècles et par le jusant de la Révolution française qui se retirait de lui, l'ayant porté jusqu'aux cimes.
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Le Royaume de Jésus-Christ et de sa Mère épuisée de sang, perclus de douleurs, se précipite aussitôt vers lui en poussant des cris d’allégresse. C’est 1815, hélas ! et Waterloo ! On se bat comme des anges au désespoir. On se bat contre toute l’histoire, on se bat contre soixante siècles. C’est le désastre, et Jeanne d’Arc pleure sur tous les chemins. Napoléon qui apportait la victoire est forcé de la cacher dans les buissons de la déroute, ne voulant être vaincu que par lui-même. Incompréhensiblement il abdique une seconde fois, dégoûté de tout, et finit à Sainte-Hélène au milieu des rats et des scorpions de l’Angleterre.
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Ce qu’il fallait à ce Personnage extraordinaire, c’était l’ange gardien du petit enfant abandonné sur la route du monde, un modeste protecteur pour éloigner de lui les chiens vagabonds, pour le guider parmi les ronces ou les cailloux qui eussent pu l’offenser, un humble et quasi timide ange gardien pour le plus grand de tous les hommes ! Un très doux ami invisible, déférent et grave, pour lui dire au fond du cœur :
“Pardonne souvent, mais ne pardonne pas toujours. Dieu t’a fait le père de cinquante millions de ses créatures qui ne peuvent pas savoir qui tu es puisque tu ne le sais pas toi-même. Ne dévore pas ces malheureux qui sont à la Ressemblance de Dieu et à ta propre ressemblance. On te permet d’enchaîner les rois et de les fouler à tes pieds parce qu’ils sont vomis de l’Esprit-Saint que tu signifies peut-être. Seulement ne sois pas trop habile et n’entreprends pas de supprimer les montagnes qui appartiennent à Dieu. Jusque-là tu seras invincible, mais pas plus loin et tu t’en apercevrais aussitôt. La neige et le déluge sont sur leurs cimes ; ne les force pas à en descendre.”
(p. 122-123)
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Reste à savoir ce que devint son âme, sa trop grande âme, dans cet effroyable tourbillon d’iniquités. Âme d’un lycéen sublime, emportée par le Souffle de Dieu à des hauteurs inconnues, ne voyant presque plus la petitesse humaine, incorrigiblement amoureuse de tout ce qui paraissait avoir de la générosité ou de la grandeur et, à cause de cela, malgré le plus somptueux génie, désignée, beaucoup plus qu’une âme ordinaire, à toutes les souffrances de la Déception.
Il y a, dans les plus humbles églises de France, une pauvre lampe allumée la nuit et le jour, devant le Saint-Sacrement de l’Autel. Il me vient cette idée, absurde peut-être, que cette lampe est quelque chose comme la confiance de Napoléon.
(p. 106)
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Quand viendra-t-il, Celui-là qui doit venir et qui ne fut, sous Napoléon, que pressenti par le tremblement universel des peuples ? Il viendra, sans doute, en France, comme il convient, Notre-Dame de Compassion ayant pleuré à la Salette en parlant de Lui… Il viendra pour Dieu ou contre Dieu, on n’en sait rien. Mais il sera certainement l’Homme attendu par les bons et par les méchants, Missionnaire surnaturel de joie et de désespoir que tant de prophètes ont annoncé, que les cris des bêtes craintives ou féroces ont prévu, aussi bien que le chant limpide ou mélancolique des oiseaux, la clameur des gouffres ou l’épouvantable exhalaison des charniers, - depuis la Désobéissance du Patriarche de l’Humanité.
Ce jour-là, on saura enfin la vraie forme de la terre et pourquoi elle se nomme l’Escabeau des Pieds du Seigneur.
(p. 79)
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Que n’a-t-on pas dit de la liberté anglaise ? Autre lieu commun tout à fait classique. Et quelle nation plus esclave de ses préjugés religieux ou politiques, de ses institutions, de son pharisaïsme diabolique, de son orgueil insurmontable et sans pitié ? Autant parler de la liberté de Carthage où on crucifiait les lions, c'est-à-dire les citoyens qui méprisaient le commerce, ou de la liberté de Rome où les débiteurs insolvables devenaient, en vertu des lois, esclaves de leurs créanciers.
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