Par instants, la vie n'est pas sûre

"Un écrivain doit être avec lui-même avant tout, on ne peut rien y faire, il n’y a pas d’autres possibilités, il doit être fidèle à lui-même, à sa voix, à sa musique, à ses expériences, s’il commence à loucher, ce n’est pas bien, c’est même très grave. Il doit être comme le musicien relié à son
instrument ."

« Les paroles véritables sont des
enfants. Elles ne viennent pas quand on les appelle. » Oui. Mais ce n’est pas une raison pour ne pas les appeler. Pas pour qu’elles viennent enfin, mais pour qu’elles sachent qu’on les appelle.
Et comme les enfants, il arrive qu’elles répondent.

" Le temps du désastre se déroule en sens inverse du temps chronologique. Au lieu de nous en éloigner, il nous en rapproche. "

Les mots et les images suivaient le même itinéraire. Il ne suffit pas d’ouvrir les yeux, mais aussi faut-il avoir des oreilles pour entendre, afin de percevoir les bruits que fait le monde.

« Relire est aussi naturel qu’aimer, dis-tu, Pierre. Les
personnes qui n’aiment pas relire les livres qu’elles ont aimés me font penser à un fat qui dirait d’une femme : je l’ai déjà
lue. »Comme dire qu’ayant aimé 14 juillet je l’avais déjà relu ne suffit pas pour te dire pourquoi je l’ai aimé, pour essayer de m’en sortir j’écris en disposant de chaque côté de cette feuille, 14 juillet et ton Autobiographie d’un lecteur ouvert à la page où tu as écrit : « Ce que je voudrais décrire, c’est la peau du texte. Comment l’écriture m’a touché. Pas comme une bonne action touche, non. Comme une main touche une nuque ou une autre main. »

Oui, le réel, dès qu’il est filmé ou photographié, n’est souvent que l’image d’un réel partiel. D’où l’importance du regard que nous choisissons de porter aux êtres et aux choses.

Il faut parfois oser revenir sur ses pas et voir ce qu’il y a à
récupérer de nos souvenirs obscurs.

Si Freud n’avait vpas exercé sa mémoire selon la tradition, eût-il réussi à rapprocher ce qu’il a rapproché ? Il ne suffit pas de savoir và un moment donné quelque chose. Il faudrait – comment dire ? – savoir en même temps tout ce que l’on sait. Ce serait cela le présent. 

N’ayant pas Flaubert sous la main, et dans le souci de rendre présent ce dialogue inépuisable, que d’écrits en écrits tu n’avais cessé de poursuivre avec lui, j’avais par un effet de trucage imaginé pour l’image de te placer (…) de dos, face à un portrait de Flaubert. L’intérêt de cette conversation, c’est que, écrivant bien évidemment les questions et les réponses, tu t’appuyais sur les écrits posthumes de Flaubert. Ce qui prouve, disais-tu à la fin de l’ « entretien », qu’il serait plus facile d’interviewer un écrivain mort qu’un écrivain vivant. (p. 75)

Mon éducation officielle se termina en cours de chemin. En effet, je quittai l’école primaire par la voie la plus rapide : la fenêtre.