Un jour, le petit Albain devient l'ami d'un drôle d'oiseau nommé
Geai.
Geai est une femme imaginaire vêtue d'une robe rouge qu'Albain découvre allongée sous la glace d'un lac gelé. Ils se regardent comme dans un miroir, s'observent, se sourient scellant le début d'une relation amicale insolite. Contemplatif et ami des oiseaux comme
François d'Assise, Albain est la seule personne à voir
Geai, à lui parler, à l'entendre. Pour tout dire, Albain ne voit pas le monde comme tout le monde. Sensible et indifférent aux conventions sociales, on le prend au pire pour un idiot, au mieux pour un doux rêveur. Aux amours adolescentes, il préfère sa relation imaginaire avec
Geai. Il manifeste de la gaité sans raison et a le gout des choses inutiles. Plus lui plait la contemplation que le travail, le rire que la plainte, l'amour que la haine. Il finira cependant par apprendre un métier, celui de vendeur et contre toutes attentes deviendra un bon vendeur qui aime et écoute ses clients, qui partage avec eux des moments paisibles. Adulte, il restera ainsi un original, un amoureux de la vie, un cambrioleur de rêves et fera une rencontre éblouissante. Ce roman de
Christian Bobin m'a plongé dans un univers de rêves, de loufoquerie et de mystères. Dès les premières pages, j'ai aimé l'atmosphère envoutante du récit : un village, l'hiver, des écoliers, un spectre souriant sous la glace d'un lac gelé. Écrit avec simplicité, le texte qui fait penser à un conte nous interroge sur le sens de notre existence, sur ce qui essentiel ou superficiel, sur la normalité ou l'excentricité. le personnage d'Albain est si fantaisiste et entier que je ne me suis jamais posé la question de sa crédibilité. Je l'ai suivi avec bonheur dans ses expériences de vie, guidé par
Geai qui est comme une seconde mère pour lui, qui s'efface naturellement et disparait quand Albain devient homme. L'écriture de
Christian Bobin est fraiche et légère, douce et tendre, pleine de poésie et de drôlerie pour ses personnages. J'ai adoré le chapitre du représentant de commerce qui explique le métier à Albain, celui des lettres de motivation. Mais j'ai été frustré par la fin rapide.
Christian Bobin « sait qu'il n'y a partout que des détails, rien que des détails » et j'aurais aimé en avoir plus sur la rencontre étincelante qui clôt le récit et sur les personnages de Rosamonde.