On lit avec les mains autant qu' avec les yeux. Le toucher d' une main calme sur la page d' un livre, c' est la plus belle image que je connaisse, l' image la plus apaisante qui soit : une main tendre sur une épaule d' encre......(p32)
C'est difficile quand vous aimez quelqu'un de ne pas le faire entrer, doucement, dans vos fins. C'est très difficile d'aimer l'autre sans aussitôt le rabattre sur vous, vos attentes, sur vos espérances, sur vos goûts. Mais le mieux que puissent faire ceux qu'on aime c'est de nous décevoir: d'être là où ne nous les attendions pas, de ne ressembler à rien de connu, rien d'espéré.
Aimer c'est prendre soin de la solitude de l'autre - sans jamais prétendre la combler ni même la connaître.
1er entretien de C. Bobin avec Charles Juliet
"On voit ce qu'il faut faire, dites-vous de l'adolescence, mais on ne sait pas comment ".
(...) Ce qu'il fallait être, je le voyais bien. Il fallait être quelqu'un, et pour être quelqu'un il fallait avoir avoir un nom, une maison, si possible une femme et un métier. Je voyais bien l'ensemble que ça faisait, mais je n'avais aucun désir d'y entrer. (p. 23)
... Les enfants ont un privilège : on ne leur demande pas de justifier leur existence. On ne demande pas à un enfant ce qu’il fait dans la vie. On le sait bien : il joue, il pleure, il rit. Il vit - et ça suffit pour vivre...
Un enfant a une connaissance immédiate de tout. Ce qu’on lui tait, il l’entend. Ce qu’on lui cache, il le voit. Cette connaissance de l’invisible, il l’exerce partout, pour tout.
....la lecture, les enfants, les gâteaux, les calmants. N' importe quoi peut tenir lieu de l' amour, remplir le vide qu' il nous laisse. On voit aussi beaucoup d' hommes demander au travail un remède à la solitude.(p68)
Dieu merci, la vertu de désobéissance est la première vertu d' enfance.Dieu merci, il n' y a pas que les parents pour élever les enfants.(p13)