1782, Angleterre.
La misère et la surpopulation carcérale sont les principaux fléaux que la couronne britannique tente de résorber. le roi Georges III se remet difficilement de la défaite cuisante de ses armées aux Amérique et cherche à ancrer son hégémonie sur de nouveaux territoires.
11 navires de « colons » anglais prennent la mer durant l'hiver 1786-1787 pour rejoindre le cinquième continent et suivent la trace de
James Cook qui découvrit, quelques années plus tôt, la
Terra Australis au coeur de l'Océan Pacifique.
Le commandement de cette flotte est confié à Arthur Phillip qui endosse ainsi la responsabilité de mener à bon port près de 1 500 hommes et femmes (dont la grande majorité d'entre eux étaient des bagnards), de poser les fondations d'une nouvelle colonie en terres australes et de penser intelligemment la cohabitation avec les indigènes.
« Les miens vivent ici depuis le début des temps. Vérité première et finale. Je ne sais même pas si mon pays a des frontières » (
Terra Australis).
Cinq années de réalisations ont été nécessaires pour permettre à
Terra Australis de voir le jour. Pour se faire,
Laurent-Frédéric Bollée a eu recourt à une documentation importante qu'il partage avec nous en fin d'album.
Cet album diffuse en permanence des relents d'épopée que l'on perçoit dès la première page. Pourtant, j'ai temporairement souffert durant le long passage nécessaire à la mise en place des différents protagonistes. En effet, une bonne centaine de pages seront nécessaires pour nous permettre de faire la connaissance des personnages principaux ; en une vingtaine de pages, Laurent-Bollée brosse les différents traits de leurs personnalités respectives et nous permet de comprendre par quel concours de circonstance ils en sont venus à faire partie de cet équipage. Si cela n'avait tenu qu'à moi, je me serais engouffrée sans sourciller aux côtés de chacun… les bonds abrupts que nous effectuons pour les découvrir à tour de rôle m'ont donc mise à mal. Mais cette longue introduction est nécessaire, elle nous renvoie en permanence au fait que l'Histoire s'est construite grâce à une somme d'individualités célèbres et anonymes, un choix narratif qui s'avère pertinent pour ce genre de récits.
On entre donc progressivement dans le récit et on finit par se laisser porter par cette épopée retranscrite sur environ 500 pages. le prologue nous permet d'ailleurs de faire un parallèle intéressant entre les us et coutumes des uns et des autres : cérémonie marquant le passage des jeunes à l'âge adulte pour les Aborigènes et beuverie dans les règles pour les colons. Un choc de cultures qui avait déjà des précédents. Grand humaniste, le Gouverneur Phillip se fera un devoir de ne pas réitérer les erreurs du passé (avilissement des populations locales).
L'ouvrage se découpe en trois parties qui permettront au lecteur d'aborder les préparatifs du voyage, le voyage en lui-même (plus d'un an et demi de traversée avec trois escales seulement) et l'installation de la colonie sur les terres australiennes à Botany Bay. Une fois arrivés sur place, et compte tenu de l'environnement local, les colons décideront finalement de remonter le long de la côte et éliront domicile à quelques kilomètres de là dans une baie plus propice à leur installation… ils poseront les premières fondations de Sydney.
Aux alentours de la page 140, les principaux personnages commencent à se réunir. L'intérêt du lecteur à l'égard de cet album se matérialise, le rythme narratif s'installe et on s'autorise alors à investir chaque protagoniste. le voyage est encore long jusqu'au dénouement. Certes, quelques passages sont didactiques mais je n'ai pas trouvé qu'ils alourdissaient les propos. Au contraire, c'est un des atouts de cette lecture qui nous permet d'enrichir nos connaissances tout en profitant d'un superbe voyage graphique.
En effet, taire le travail réalisé par
Philippe Nicloux serait une grave erreur. Dès la première page, on ne peut qu'être bluffé par la maîtrise dont il fait preuve et la force de ses visuels. du noir, du blanc et aucun autre accessoire graphique. le dessin est fouillé, lumineux ; en un mot : superbe. Difficile de ne pas apprécier une ambiance graphique d'une telle qualité.
Lien :
http://chezmo.wordpress.com/..