Tokyo, 20 mars 1995. A l'heure de pointe, du gaz sarin est répandu dans le métro. Plus mortel que le cyanure, il a été inventé par les nazis. Des adeptes de la secte « Aum Vérité Suprême » l'avaient eux-mêmes dissimulé dans des sacs sur cinq rames de métro se dirigeant vers le quartier des ministères. Pour libérer le gaz, les membres de la secte avaient discrètement percé les sacs avec les pointes de leur parapluie. Cette attaque est considérée comme le pire attentat terroriste de l'histoire du pays. Dix membres de la secte sont arrêtés quelques mois plus tard. le gourou, Shoko Asahara, est retrouvé en mai 1995 dans une usine chimique à proximité du Mont Fuji, où se trouvait suffisamment de gaz sarin pour tuer des millions de personnes. En février 2004, il a été condamné à la peine capitale ainsi que douze autres membres d'Aum. Aucun d'entre eux n'a encore été exécuté, la loi japonaise interdisant la mise en oeuvre des exécutions tant que des complices sont toujours en procès.
Quelques mois avant l'attentat du métro à Tokyo, les membres de la secte ont « testé » leur processus et leurs techniques dans une petite ville,
Matsumoto, faisant 8 morts.
C'est cette histoire qui est ici racontée. On découvre avec effarement comment cette attaque a été planifiée, depuis l'Australie où le gaz était testé en toute discrétion sur des animaux, puis des humains ; puis à l'intérieur même de la secte avec l'organisation de la « répétition ». A travers les yeux de Kamui Toshi, une jeune recrue, se révèle la personnalité du gourou suprême, qui se prétend interprète et messager des dieux. On est mi-amusé mi-effaré quand il marmonne des prétendues paroles et que la dernière recrue, musicien des on état, signe son arrêt de mort en faisant naïvement remarquer aux autres « tu n'as rien remarqué ? il a chanté Yesterday, des Beatles, ça n'a rien de divin ! ».
A l'approche de l'attaque de Mastumoto, suivant un décompte funeste des jours ; on suit le parcours de plusieurs habitants de la ville qui seront touchés plus ou moins durement par le gaz. On découvre, atterré, à la fin de l'album, le jeune inspecteur Miyakawa tenter de faire entendre raison à son supérieur en avançant des preuves irréfutables de liens entre la secte et les faits qui se sont produits ; plusieurs mois après l'attaque et alors que l'enquête suit manifestement une fausse piste . « Vos idées d'organisation religieuse terroriste planifiant des attentas bactériologiques, c'est un mauvais manga ! C'est arrivé une fois par accident, ça ne se reproduira plus !! » lui répond-on à l'époque.
Les dernières pages, se déroulent dans un silence assourdissant : aucune parole, seulement des vignettes muettes où l'on assiste, impuissant, à l'horreur de l'attaque de Tokyo. Nous sommes le 20 mars 1995, 13 personnes vont mourir, 6000 seront intoxiquées avec pour beaucoup, des séquelles à vie.