La Cache, c'est la belle surprise très littéraire de ce noël glissé par les mains de ma fille.A t-elle trouvé entre la rue de Grenelle et sa maison familiale " la Créole " des similitudes ? Voici une oeuvre originale celle d'un architecte d'intérieur qui mieux que la maison France 5 nous a fait visiter l'immeuble de la cour au grenier.
Immeuble, non un Royaume ou un Marquisat, un no man's land, un état qui a une langue, des conventions, ses passeports, ici les gens ont 2 voir 3 nationalités, les identités ne sont pas sures mais l'appartenance de chacun au marquisat est constitutionnelle imprescriptible la française est plus par commodité, déchéance ou pas, plus par assurance vie.
Mais alors pourquoi ne pas en faire un book de déco ?
Non, car c'est l'histoire étonnante d'une femme, une bretonne (ça c'est une certitude) adoptée par une femme seule, car ses parents des aristocrates désargentés ne peuvent plus assumer son éducation.
Christophe Boltanski nous offre un magnifique portrait d'une femme qui deviendra l'épouse d'un médecin puis Mère-Grand jusqu'à son décès dans les dernières lignes du livre (chapitre Grenier).
La rue de Grenelle commence par la cour et sa voiture une Fiat 500 lusso , une coque un blindage plutôt, qui franchi la frontière avec ses 5 occupants (et ses 3 enfants bien calés à l'arrière), bien protégée par cette mère, mère protectrice, une sortie comme une naissance affronter Paris, l'étranger, le Monde .
Abandons, polio, mariage, divorce, guerre, libération, chaque événement est une épreuve, chaque pas doit protéger, chaque démarche administrative est un calvaire et au final un pari, les bons papiers les faux papiers, tout est passé au crible de ce qui est bon pour l'Immeuble de la rue de Grenelle.
Iront-ils à l'école pas sur, Mère Grand est infirme depuis sa polio mais tout est fait pour que son entourage la considère totalement valide, un enfant à la maison une aubaine 3 ou plus c'est parfait des cours s'organisent elle qui n'a pas pu finir sa médecine sera prof ET bientôt romancière.
Les trajets en voiture sont longs comme les attentes et pas question de sortir en plein Paris alors elle écrit des bouts, puis des nouvelles, puis des romans, tous aussi déjantés, puisés à l'aune de sa vie faite de retournements, de dangers, de chimères …
Jusqu'au bout elle restera fidèle à ce mari médecin Juif Ukrainien d'Odessa grand ponte puis déchu par ses ainés, ce Boltanski dont l'identité restera comme un mystère qu'il faudra cacher ou maquiller, car l'étoile jaune apparaitra un jour de 1941, elle restera année après année tout en haut du sapin de noël, la même étoile brillera comme un ultime hommage à ses racines, au sapin de sa famille, à son Immeuble de la rue de Grenelle.
Un roman d'une très grande force, qui restera comme un étoile brillante de cette année 2015.