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Critique de bdelhausse


Au sein de ce cortège d'éloges, mon avis est bien faible et minoritaire. Cependant, je ne peux que constater l'inanité du propos de Sergueï Bonal, alias quelque chose d'autre.

De quoi est-il question? de sévices sur enfants. Et le sujet est grave. Suffisamment grave pour justifier 5 étoiles? Non, pas même 4, pas même 3. Il ne suffit pas de parler d'Auschwitz ou de viols d'enfants pour récupérer des étoiles en pagaille. Il faut aussi écrire dans un français correct, quelque chose de cohérent, de structuré, dépourvu de clichés...

Et de ce point de vue, on est loin du compte, en ce qui me concerne.

L'auteur dresse un portrait de la Russie d'aujourd'hui peu convaincant. Je ne prétends pas que je connais mieux la Russie que l'auteur. Je ne prétends pas non plus que "sa" Russie est fausse... Je constate qu'il n'arrive pas à nous la rendre concrète. Quelques § sur la déliquescence de l'Empire ne suffisent pas. C'est falot, pâle, factice. Pas la réalité, mais le rendu de celle-ci.

Ajoutons encore que l'auteur nous montre et nous dit les choses. On m'a toujours appris lors, d'ateliers d'écriture, qu'il fallait "donner à voir" et "faire comprendre" au lecteur les choses. Dire qu'un homme est heureux ou nous montrer les sources de son bonheur, ce sont deux choses différentes. La première option est empruntée par l'auteur. La seconde est la "bonne" voie. En tout cas, c'est la voie (et la voix) qui me parle.

Je pense que l'auteur tient un sujet correct à défaut d'être original. Un enfant violé dans un orphelinat décide (pourquoi, on ne le saura réellement jamais) de se venger sur ses camarades en les écorchant, en les dépiautant. Soit. L'auteur le fait en 230 pages ou quasi. C'est trop court. Cela ne lui permet pas de développer, de faire monter le suspense, de crédibiliser les personnages, de perdre le lecteur dans les affres des fausses pistes... Carrisi, Grangé, Adler-Olsen, Nesbo... sur le même sujet font entre 404 et 750 pages... C'est dire que Sergueï Bonal a de la marge, qu'il n'exploite pas. le résultat s'en ressent. Notamment, mais pas seulement, dans la consistance des personnages, dans leur épaisseur, dans leur chair, dans les rouages même de leurs comportements.

On a des incohérences, des inconsistences, des approximations, des erreurs de timing, des raccourcis malheureux... La psychologie des personnages principaux est bancale. Un coup l'auteur présente une facette du flic ripoux, et sur la page suivante il dit le contraire. Et se contredit 2 ou 3 pages après, pour rectifier le tir quelques pages plus loin et ainsi de suite... Que dire encore des raccourcis... des ellipses bien pratiques... des déductions complètement bidon... C'est consternant. Et faut-il mentionner les dialogues factices, absolument peu crédibles? Une psychologue pratiquant l'hypnose ne dit pas de but en blanc qu'elle est consultante pour la police. Un flic de Moscou qui cite Audiard dans le texte... Ce ne sont que 2 exemples parmi tant d'autres. Je rigole doucement. En fait non, je ne rigole plus. J'ai mal.

J'ai d'autant plus mal qu'avec les quelques idées de base de l'auteur, il y avait matière à produire un roman correct. Pas génial mais correct. Et au final, on a une sorte de "truc", rempli de clichés, de lieux communs, de choses lues et digérées moult fois... A part quelques scènes de l'orphelinat, tout est à jeter à mon avis.

J'arrête là, car j'en ai plus que marre des romans publiés à compte d'auteur. Qu'un apprenti écrivain veuille se faire publier, je trouve cela normal. J'applaudis, même. Bravo à toutes les personnes qui vont au bout de leur passion et peuvent tenir dans leurs mains le produit de leurs "petites cellules grises" comme dit Poirot. Et à ce titre, Sergueï Bonal doit être félicité. Mais qu'un éditeur ne fasse pas son travail d'édition, pour d'évidentes raisons financières... je trouve cela plus limite. Et la relecture critique, foutrebleu, ou même simplement la correction de l'orthographe, de la syntaxe ou de la grammaire? C'est une mission essentielle de l'éditeur. Mais cet éditeur semble plus pressé d'engranger des liards, que de produire une oeuvre digne de ce nom. Cet éditeur aurait pu se pencher sur les profils psychologiques, sur l'enchaînement des événements, sur les rouages et les motivations du tueur... Je suppose que l'éditeur a préféré se concentrer sur d'autres "valeurs". Quel gâchis...
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