Il ne voulait pas être aimé, il voulait être riche.
L'heure n'avait pas d'ombre, la chaleur était forte, le soleil mordait les nuques, mais les deux hommes ne faiblissaient pas. Ils transportèrent les cannes pendant plusieurs heures, échangeant des paroles simples, hâtant le pas pour profiter de la lumière.
Dans cette région déserte, les paysans, incapables de lire une carte ou de calculer un méridien, ne savaient que manier la faucille, cultiver le maïs, moudre le grain avec des meules à bras. Comme il n'y avait rien à acheter et tout à construire, l'or valait moins que le fer. Ils ne connaissaient rien des pirates et, pour la plupart n'avaient jamais vu la mer.
Si les étoiles étaient en or, je creuserais le ciel.
« L’enfant qu’ils avaient trouvée sans l’avoir cherchée naquit donc une seconde fois sous le signe du Cancer, dans la chaleur des manguiers, et ils lui donnèrent le prénom de la première femme et du premier élément : Eva Fuego »
Ils vivaient sans bonheur ni chagrin, dans une quiétude qui leur convenait, savourant un abandon où le souvenir des batailles d'autrefois trouvait sa récompense. (p.93, éditions Rivages)
- Là-bas, au moins, on trouve de l’or. Ici, la terre est vide.
Severo Bracamonte ne voulut pas le contredire. Se rappelant son passé, il raconta qu’il avait retourné cette terre de bout en bout. La terre était peut-être vide, mais il constatait aujourd’hui qu’il avait aimé l’or pour ensuite l’oublier au profit d’un travail long et patient, discret et silencieux, du laboureur et du maître rhumier.