Cet après-midi, tout est neuf au Masselot. Finalement le ciel se dégage, le soleil illumine les collines et grille les premiers foins coupés la veille. Les hirondelles tournent autour du clocher et réparent les nids de l'été dernier.
(p.88)
Comme il l'avait prévu, Brutus s'est mis en colère :
- Qu'est-ce que vous avez à tourner en rond ? Et pourquoi me regardez-vous comme ça ? C'est bien vous qui m'avez demandé de l'arrêter, cette cloche de rien du tout !
(p.108)
Le Drôle passe l'après-midi à chercher Brutus. Il suit la rivière sur plusieurs kilomètres. Il erre dans le bois, traverse des prés, des champs. Par moments, il appelle Brutus de sa voix claire, mais rien.
(p.240)
- File, je te dis, ou je te fous un coup de pied au cul ! explose Brutus.
Le Drôle sort, la tête basse. La pluie s'est transformée en un crachin pénétrant et froid. Il marche jusqu'au bois de hêtres en contrebas de sa maison. Ses pas sont lourds ; un sanglot lui noue la gorge.
(p.207)
Jules Janson ne bouge pas. Il a les lèvres humides, le regard perdu. Jeanne s'emporte :
- Mais qu'est-ce qui m'a fait un homme pareil ?
D'ordinaire il se rebiffe, crache sa hargne en flots de paroles méchantes. Ce matin, il se tait.
(p.107)
Les gens ont parfois des destins qu'ils ne méritent pas. Ils sont trop bons et ils ne veulent pas laisser le malheur aux autres. Ils ramassent tout en vrac. Ils nettoient les devants de porte des voisins.
Le menton, c'est l'ennemi de l'homme. Il t'entraîne vers la terre et tu commences à la regarder du matin au soir.