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EAN : 9782266157414
334 pages
Pocket (01/01/2006)
3.86/5   81 notes
Résumé :
Sur une route de Corrèze, un vieil homme chemine. Il grelotte. Mais bientôt il retrouvera sa maison et plus rien n'aura d'importance. L'autre soir, une terrible douleur à la poitrine l'a terrassé. Il a repris conscience à l'hôpital, il s'est laissé soigner. Mais aujourd'hui, il en a eu assez. Alors il est parti dans la nuit froide, en pantoufles.

On ne l'aura pas comme ça, Cyprien ! Il n'ira pas en maison de retraite. On ne l'arrachera pas à ses souv... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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D'après le titre et la couverture, je m'attendais à un conte, peut-être à un roman fantastique ou un policier, ce qui ne m'inspirait pas trop. Mais l'annotation écrite sur la page de garde du livre par une de ses précédentes détentrices m'a décidée : « Offert par Mme Mas pour ma retraite fêtée le 25 aout 1992 ». A quoi une lecture ne tient-elle pas parfois. Quelle ne fut pas ma surprise cependant de découvrir en commençant ce livre qu'il traitait essentiellement de la fin de vie ! Ou plus précisément d'un vieil homme que sa famille souhaite placer en maison de retraite contre son gré. Sympa le cadeau de départ à la retraite !

Cyprien, le vieil homme en question, vit seul depuis le récent décès de sa femme dans un petit bourg près de Tulle en Corrèze. Ne s'étant jamais occupé des tâches domestiques courantes et atteint d'une angine de poitrine qui le diminue considérablement, ses enfants souhaitent le placer en maison de retraite. Mais Cyprien a un caractère bien trempé, c'est une vraie tête de mule, fier, jaloux de sa liberté et qui tient farouchement à son indépendance. Par certains aspects, il m'a rappelé mon grand-père. Il veut mourir dans sa maison, entouré de cette nature qu'il aime tant, continuer à travailler le bois. Cyprien aura-t-il la force et la santé pour s'opposer à la pression de son entourage ?

L'histoire se déroule 1990, certaines choses se sont améliorées depuis, d'autres au contraire se sont détériorées. J'ai parfois eu l'impression de vivre une époque d'un autre âge. 1990 n'est pourtant pas si loin. En dépit du thème, c'est un livre lumineux et plein de tendresse. La vieillesse est évoquée avec sensibilité, fraicheur même, et l'attachement à la Corrèze transpire à chaque ligne. Les personnages surtout dégagent une authenticité qui rend ce livre très agréable à lire.
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A travers une vidéo sur Babélio, j'apprends que Gilbert Bordes est luthier à Etampes en Essonne. Justement, Il nous fait partager sa passion du bois dans cette histoire, à travers ses personnages de Nicolas et de Cyprien.
Cyprien a un fort caractère qui lui permet de lutter un temps contre la maladie et la vieillesse ; mais il me parait peu sympathique, assez imbus de lui-même, homme autoritaire, « à l'ancienne », d'avant mai 68, qui voulait tout régenter dans la famille, à l'image des chefs de famille d'autrefois : une femme aux petits soins pour lui, et il n'a pas supporté que ses enfants se rebellent et n'acceptent pas les choix qu'il avait fait pour eux. Même à la fin du roman, il est contrarié d'apprendre et de devoir admettre qu'il s'est trompé depuis son enfance sur l'identité des chouettes de nuit, les chats huants, qu'il a pris pour des hiboux ;
Il est blessé également de ne pas être reconnu par cette soi-disant « amoureuse » de sa jeunesse, et il s'entend bien avec cet enfant dont la vie quotidienne est blessé par sa famille, et qui est présenté comme un sale gamin par sa grand-mère, car il est resté très enfant capricieux et très « sale gamin » lui-même.
Je le trouve particulièrement dur et intransigeant avec sa fille « on n'a qu'une vie, on ne peut pas la refaire ! » il l'a chasse de chez lui en la menaçant de son fusil, à chaque fois qu'elle vient le voir et lui donner de ses nouvelles , il la chasse et la rabroue sans entendre sa position de femme qui s'ennuie auprès de son mari et qui ne veut pas vivre étouffée dans son couple. Elle veut vivre pleinement sa vie de femme tout comme Cyprien veut vivre sa vie d'homme libre. Mais ce qu'il estime indispensable et vital pour lui, il le refuse à sa fille car il la juge comme une mère et une épouse avant tout, qui doit se sacrifier pour sa famille et son mari, une femme « à l'ancienne » qui ne peut revenir en arrière et avouer qu'elle s'est trompée. Ce qui est dit dans le roman, c'est que Cyprien lui en veut de n'avoir pas écouté son jugement quand il lui affirmait que son futur mari n'était pas fait pour elle.
J'ai eu du mal à terminer cette histoire que j'ai lu par intermittence, tant ce Cyprien me paraissait antipathique, passionné par la pêche et la chasse aux merles, peu aimable avec cette femme qui veille sur lui, il est méprisant avec ses compagnons de chambrée à la maison de retraite, qui eux ont trouvé des raisons positives de vivre en communauté. Cette maison de retraite est à la campagne et propose aux résidents de garder contact avec la terre et la nature en les laissant planter des PDT et des salades et tailler les arbres fruitiers.

La fin de l'histoire est encore un pied de nez à ses prises de position sur son métier d'ébéniste : « fabriquer des violons…c'est pas du travail ça ! »
Seule sa petite fille, dans laquelle il se reconnait, (ses sautes d'humeur, ses petits yeux noirs, sa façon d'imposer les choses à son entourage, qui décide de reprendre, sans lui demander son avis, son atelier, ses machines et son bois qui vaut une fortune,) peut lui imposer dans la famille un jeune homme qui pourrait être rival de Cyprien, alors qu'il a chassé sa fille parce qu'elle avait émis le souhait de passer un moment dans cette maison de son enfance qui lui revient de droit et qu'elle a remis en état de marche la pendule que Cyprien avait sciemment arrêté, elle seule peut s'imposer dans la vie de Cyprien qu'elle va garder à l'atelier ; l'histoire ne dit pas si Cyprien va accepter que « des étrangers » s'imposent dans sa sphère privée, mais on peut l'imaginer car ce vieil homme a dut admettre que la maladie et la vieillesse lui avaient fait plier les genoux à terre et que sans aide, il n'est plus rien, et qu'il n'a plus le choix s'il veut rester chez lui.
Ce qu'il n'a pas accepté dans le règlement de la maison et retraite et le personnage de Mme Lebel, il va devoir le faire et laisser la place à une jeune femme et un jeune homme inconnu qui veulent s'installer dans son atelier. Atelier qu'il n'a pas installé lui-même mais qui lui est arrivé tout « cru » à la mort de son père.
Je m'attendais, dans ce livre, en lisant les critiques et le résumé sur Babélio, à trouver une réflexion sur cette période douloureuse pour certains où l'homme voit ses forces diminuer et qu'il sent devoir laisser la place aux plus jeunes, comment l'accompagner sur ce chemin et lui permettre de finir sa vie tout en respectant sa personnalité. Gilbert Bordes fait prendre à son personnage de risques inconsidérés, en le laissant partir de nuit, dans le froid et la neige, au risque de mourir seul, en le laissant aller jusqu'au boutisme. Faut-il en arriver là? va t-il y laisser la vie? va t-il accepter de l'aide?
Par contre, j'ai apprécié cette nuit des hulottes et l'hymne à la Nature décrit par Gilbert Bordes.

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Avec "La nuit des hulottes", Gilbert Bordes nous offre un livre différent des romans du terroir qu'il a l'habitude d'écrire et pour lesquels je reconnais qu'il est un des maitres incontestés. Même si l'histoire se déroule à la campagne, c'est avant tout une belle réflexion sur la vieillesse.
Au fil du temps, la place de la personne âgée a évolué au sein de la famille. de l'aïeul respecté, vivant dans la maison familiale, entouré des siens, il est devenu "persona non grata" dans notre monde individualiste : c'est ce que Cyprien, le vieil ébéniste et héros de notre livre se refuse à être. Entre l'univers infantilisant de la maison de retraite et sa liberté, même amoindrie par ses ennuis de santé dûs à l'âge, il a choisi...
Une fois de plus, l'auteur met son style d'écriture irréprochable au service d'une magnifique histoire, peut-être mélancolique mais absolument pas déprimante.
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On sent bien l'empreinte du terroir dans ce roman rangé dans les lectures « contemporaine ». En tout cas, j'y ai trouvé mon compte, comme à mon habitude, et je dois reconnaître que le gars Cyprien, mine de rien, n'est pas facile à gérer. Un homme venant d'une autre époque, qui résiste à sa façon, à celle en cours et qui, malheureusement, se retrouve très vite dépassé. C'est une lecture qui fait réfléchir, du moins, c'est ce qui s'est passé avec moi. Même si j'ai encore la chance d'être relativement jeune, j'ai pu comprendre cet attachement aux vieilles habitudes, à sa terre, à sa demeure, bref, un environnement qui le résume parfaitement bien. Cependant, le résumé reposant au dos du roman est trompeur et d'ailleurs, c'est sûrement par lui que je vais débuter l'une de mes fameuses listes et d'ailleurs, je pense qu'il est temps pour moi de passer à leur rédaction.

Point négatif :

• Comme je l'ai dit dans la ligne juste au-dessus, le résumé induit en erreur. Effectivement, on annonce très vite que sa petite-fille Caro va venir vivre chez lui et le prendre en charge… Ouais, sauf que l'idée caresse l'esprit de cette demoiselle à la fin du roman. J'aurais aimé que ce moment se pointe bien plus vite et d'ailleurs, les enfants de ce pauvre Cyprien ne sont pas si alarmistes que ça. Ils voient leur père dépérir en maison de retraite, ce doute qu'il se passe quelque chose mais ne font rien… à part peut-être le faire consulter par un médecin ami de la famille qu'on ne voit jamais… Bref, une bien curieuse descendance…

Points positifs :

• La taille aléatoire des chapitres.
• Cyprien. Un vieil homme au caractère bien trempé, ne pesant pas ses mots, ayant la sale habitude de parler tout seul mais qui, malheureusement, est très malade. A son âge avancé, c'est un peu un passage obligé mais j'ai su me montrer très attentif à ses nombreuses mésaventures. Malgré son état maladif, il ne manque pas de ressources et mérite même le respect. Lorsque l'on se met à sa place, on comprend facilement qu'on souhaite rester là où la vie s'est écoulée sans s'en rendre compte. Une demeure dans laquelle les souvenirs sont multiples, une terre qui ne cesse de vivre selon les saisons, une parenthèse dans un monde qui se modernise peu à peu et qui tourne à mille à l'heure.
• Olivier. le petit-fils de la voisine de Cyprien. Ce gamin est hyper attachant même s'il suit bien volontairement le vieillard, surtout pour faire des conneries. Par contre, le gosse se montre particulièrement flippant. En effet, il devient une toute autre personne lorsqu'il s'agit de tuer de petits animaux et même Cyprien s'interroge à son sujet, sans se priver de lui faire la remarque.
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J'ai récupéré ce roman dans un boîte à livres des Alpes en même temps que « Marie des brebis » et je suis prête à parier que leurs anciens propriétaires ne sont qu'une seule et même personne. L'un et l'autre sont des romans du terroir (du Quercy, en l'occurrence), des portraits d'octogénaires attachés au coin de nature qui les a vu naître aux premières années du XXème siècle et à leur mode de vie traditionnel : l'une parmi les brebis, l'autre parmi les arbres qui sous ses doigts devenaient planches puis meubles. Et comme pour confirmer que je ne suis pas complètement à côté de la plaque, on lit page 206 que la famille Bussière rencontre à la foire du livre de Brive les 4 écrivains du cru… dont l'un se trouve être Christian Signol, l'auteur de Marie des Brebis !
Les similitudes s'arrêtent là, car autant Marie admire l'oeuvre du Créateur et voit en tout le positif, autant Cyprien grommelle des « nom de dieu » et broie du noir. En outre, on suit Marie depuis ses premiers jours tandis qu'on découvre Cyprien au crépuscule de sa vie. Même si l'histoire finit bien - je peux vous le dire puisque c'est écrit sur la quatrième de couverture - cela ne fait même pas 10 pages de ciel bleu pour 300 pages de brouillard. A propos de météo, notez que les observations répétitives de l'auteur sur l'aspect du ciel et le temps qu'il annonce ont de quoi lasser même ceux qui aiment regarder passer les nuages.
Si vous n'avez pas trop le moral ou vous sentez un petit coup de vieux, ce roman ne me semble donc pas être la meilleure option. Cela n'empêche toutefois pas quelques réflexions intéressantes sur la vie, et en particulier sur le sort de ceux que la vieillesse rend dépendants. Même si le mauvais caractère de Cyprien ne le rend pas éminemment sympathique, on ne peut que partager son envie de rester jusqu'au bout un être libre.
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
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La lumière des lampadaires ruisselle sur le goudron noir. Les volets se ferment sur la nuit visqueuse de décembre. C’est l’heure de se retrouver, l’heure où la solitude amplifie le froid et l’humidité. Il pense à sa colline de la Neuville, sous un ciel plus grand que ce ciel de vallée, tendu, sans horizon.

Chapitre 1
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C’est le soir que le silence devient insupportable, alors le souvenir de Rainette se réveille en lui. Chaque fois, il se dit que demain il prendra la camionnette. Quand c’est le moment, il renonce, parce que c’est le matin, que la peur de la nuit s’est estompée et que ce visage au fond de lui n’aime pas la lumière ruisselante du beau soleil d’hiver sur une campagne figée.

Chapitre 14
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Tout au long de son enfance, Cyprien a tenté de lui insuffler cet amour qu'il tenait lui-même de son père : "Le bois, c'est pas seulement une planche qui fabrique une étagère : le bois c'est vivant. C'est la mémoire du temps. Regarde un arbre ça cache toute sa beauté sous son écorce, et toi, quand tu le déshabilles, quand tu ouvres ce tronc avec ta scie, tu découvres tellement de dessins, tellement de vagues, de volutes de fumée que tu te demandes si le bon Dieu n'est pas un peu fou de s'amuser aussi bien. Et ces lignes qui s'en vont dans tous les sens, c'est pas n'importe quoi. Quand je regarde ce bois, je regarde le temps et je vois les années qui passent, les saisons, cet été trop sec qui n'a pas donné de strie claire, et celui-là trop mouillé où l'arbre a pris ses aises et poussé dans la pluie chaude. Un noyer comme celui-là, il faut deux cent ans pour le faire. Imagine la noix qui est tombée dans un fossé, il y a deux cent ans! Heureusement qu'un écureuil n'est pas passé par là! Et quand a poussé la tige verte au printemps, il suffisait d'une vache, d'une chèvre, d'un petit agneau pour y donner un coup de dent, et adieu, le beau noyer! Alors, tu vois, c'est le temps qui écrit dans le bois. Le temps des hommes.
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A l’hôpital, chaque matin, l’envie de cette première cigarette lui brûlait les poumons. Il serre les dents en pensant à ses médecins qui veulent faire vivre les gens par force en tuant ce qu’ils ont de plus fort, leurs envies.

Chapitre 7
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Vidéo de Gilbert Bordes
La dernière nuit de Pompéi - Gilbert Bordes
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