Nous sentons la poésie comme nous sentons la présence d'une femme, ou comme nous sentons le voisinage d'une montagne ou d'une baie.
Qu’est ce qu’un livre si nous ne l’ouvrons pas ? Un simple cube de papier et de cuir avec des feuilles ; mais si nous le lisons, il se passe quelque chose d’étrange, je crois qu’il change à chaque fois.
Qu’est ce qu’un livre si nous ne l’ouvrons pas ? Un simple cube de papier et de cuir avec des feuilles ; mais si nous le lisons, il se passe quelque chose d’étrange, je crois qu’il change à chaque fois.
Et pour le lecteur lui-même, convient-il d'ajouter, un même livre change puisque nous changeons, puis nous sommes - pour reprendre ma citation préférée - le fleuve d'Héraclite, puisque selon ce dernier l'homme d'hier n'est pas l'homme d'aujourd'hui et celui d'aujourd'hui ne sera pas l'homme de demain. Nous changeons sans cesse et l'on peut dire que chaque lecture d'un livre, chaque relecture, chaque souvenir de cette relecture, renouvelle le texte.
Le texte est lui aussi le fleuve changeant d'Héraclite.
Les rêves sont l'activité esthétique la plus ancienne.
Je suis, je le répète, un lecteur hédoniste; je cherche l'émotion dans les livres.
Qu’est ce qu’un livre si nous ne l’ouvrons pas ? Un simple cube de papier et de cuir avec des feuilles ; mais si nous le lisons, il se passe quelque chose d’étrange, je crois qu’il change à chaque fois.
Voyons maintenant cette curieuse information que nous rapporte le baron de Hammer Purgstall, un orientaliste que mentionnent avec admiration Lane et Burton, les deux plus célèbres traducteurs anglais des Mille et Une Nuits. Il parle de certains hommes qu’il appelle des confabulatores nocturni : des hommes de la nuit qui racontent des histoires, des hommes dont la profession est de raconter des histoires durant la nuit. Il cite un ancien texte persan qui nous apprend que le premier à avoir écouté réciter des contes, à avoir réuni des hommes de la nuit pour lui raconter des histoires afin de distraire son insomnie, fut Alexandre de Macédoine. Ces contes ont dû être des fables. Je présume que le charme des fables ne tient pas à leur moralité. Ce qui enchanta Esope et les fabulistes hindous ce fut d’imaginer des animaux semblables à des petits hommes, avec leurs comédies et leurs tragédies. L’idée de l’intention morale fut ajoutée ensuite : l’important c’était que le loup parlât à l’agneau et le bœuf à l’âne ou le lion au rossignol.
Aimer c'est sentir qu'il nous manque quelque chose.
On a dit que le présent n’existait pas. Certains philosophes de l’Inde ont prétendu qu’il n’y a pas un moment où le fruit tombe. Le fruit va tomber ou est au sol mais il n’y a pas un moment où il tombe.