— Mais de celui de régulateur, voyons… Je ne supprime pas les gens pour le plaisir.
— Tant mieux. Pendant un moment, j’ai eu peur, ironisa le chasseur de primes.
- Pourquoi tu pars pas à la recherche des grands hommes qui ont réformé l'ouest au sens large du terme? [...]. Ceux-là au moins n'ont jamais détroussé les cadavres et profité de la guerre pour s'enrichir...
- Parce que [...], aucun n'est connu du grand public. Ils ne feraient pas vendre le moindre exemplaire. C'est ça le monde moderne, Booner, le voyeurisme, le culte du mal, la psychologie rudimentaire du lectorat.
— Je préférerais un Jack Daniel’s.
— Un Jack quoi ? Qu’est-ce que c’est que ce truc ?
— Un bourbon américain.
— Le bourbon américain, ça n’existe pas, voyons ! Je veux dire, le vrai. D’où sort donc votre piquette ?
— D’une distillerie de Lynchburg, dans le Tennessee.
— Ah, et depuis quand elle existe, cette distillerie ?
— Elle a été fondée cette année, par monsieur Jack Daniel.
Hagan partit dans un rire hilare. Il passa une main dans sa chevelure épaisse et leva le bras pour commander une tournée.
— Monsieur Stillman, je vous pensais plus fin connaisseur. Un homme de votre qualité, allons ! Le tord-boyau dont vous faites l’apologie ne connaitra jamais le succès. Je ne donne pas un an avant que votre distillerie ne ferme ses portes.
— Si vous le dites.
— C’est du bon sens monsieur Stillman, juste du bon sens, dit Hagan en se tapotant le crâne du bout des doigts.
— Parce que je sais pas si vous avez fait la connaissance de Suzy, mais il faut des couilles de taureau pour oser s’aventurer au-delà de son territoire. Suzy, c’est mon berger allemand.
— J’avais compris. Je voyais mal votre femme mordre les mollets d’indésirables et pisser le long des clôtures pour marquer son territoire.
— Ma femme ne mord pas, par contre je serai pas aussi affirmatif quant à la seconde partie de votre phrase. Vous savez, ici, c’est la campagne, on pisse là où on se trouve.
Jane avançait lentement vers le corps […]*. Le sol s’était métamorphosé en paysage lunaire avec ses reliefs et ses sombres cavités empourprées. Ses pas s’enfoncèrent dans la neige lorsqu’elle s’immobilisa à un mètre […]*. Son corps inanimé baignait dans une flaque brune aux reflets de sang. Les flocons commençaient déjà à recouvrir sa dépouille d’un linceul pur. Progressivement, l’impact qui lui creusait le dos disparut. Bras écarté, paumes tournées vers le ciel et visage enfoncé dans l’eau, il n’était plus qu’un détail dans la triste histoire de Wakeeney.
(Le nom de la victime a été dissimulé pour ne rien dévoiler de l’intrigue.)
— Je jure devant Dieu que le premier qui tourne un orteil, je lui fais un deuxième trou du cul qui lui sortira par la bouche [...].
Que pouvait-t-elle lui trouver à ce hibou décati ? Il était vieux, moche, imbu de sa personne et avait une haleine de coyote après avoir mangé ses propres selles ; non, Bob Stillman ne voyait vraiment pas ce que la fille du richissime Bolder lui trouvait.
Ray souleva la dentelle et plongea son visage entre les magnifiques collines qui s’offraient à lui sous la lueur pâle de la lune. Il palpait tendrement ses seins, les embrassait.
— Il y a toujours un mal pour un bien.
— Tu verras que bientôt, l’État s’emparera des terres de n’importe qui. Quitte à faire crever les hommes dans leur misère.