Ceci est un western qui n'est pas tout à fait un western…
Une grande partie des codes western sont présents, mais pas comme on pourrait le penser. Exit les duels dans la rue, les départ au galop, les attaques de banque, de diligences, de trains et pas de cow-boys dans les parages…
Juste un shérif, une population en colère, des meurtres horribles de jeunes gens et un homme qui vit à l'écart et que l'on soupçonne d'être l'auteur des 12 disparitions et des 8 corps morts retrouvés. Un des habitants dit avoir trouvé un collier africain appartenant à ce vagabond, Travis Moses, dont on dit qu'il a passé du temps en Afrique.
Non, même si nous sommes dans un western, les allergiques au genre peuvent le lire, sans soucis, car c'est aussi un polar historique, où les ambiances de l'époque sont bien rendues (racisme, phallocratie). Sans oublier la haine de l'autre, les désirs de vengeance, sans même réfléchir afin de savoir si l'homme accusé est bien le coupable.
Puisque de nos jours, on en vient presque à lyncher des gens, sans preuves, juste parce qu'on a dit, sur les réseaux sociaux, que c'étaient des assassins, pédophiles, kidnappeurs…
Vous imaginez la réaction d'une population en 1853, après qu'on lui a soustrait 12 de ses adolescents ? Autant parler à des sourds lorsqu'on est muet, c'est ce que tentera pourtant de faire le pauvre shérif. Une scène réussie et glaçante.
32 ans plus tard, Travis Moses, le bourreau, est de retour, libéré, délivré. Dans la ville, ça sent plus mauvais qu'un régiment de chiens qui auraient pété dans un ascenseur ! Comment refaire sa vie, comment arriver à la rédemption si personne ne vous tend la main, si toutes les portes se ferment devant vous ?
Divisé en plusieurs parties, ce western qui n'en est pas vraiment un, va aller assez loin dans l'horreur, notamment lorsque Travis Moses va raconter à la journaliste les supplices subis par ses 5 dernières victimes.
L'auteur, sans pour autant basculer dans l'exagéré ou dans la violence gore, juste pour faire du gore, m'a tout de même donné envie d'avoir des patates sur le feu ou des factures à payer… Certains passages sont hard, mais on arrive à les passer tout de même.
Puis, alors que j'étais captivée par le récit, l'auteur m'a taclée violemment, m'envoyant valser au sol. Oh l'enfoiré, je ne l'avais pas vu venir ! Bravo, c'est ce petit plus qui augmentera la cotation de ce western, car cela change tout. On est entré dans une autre dimension.
Des courts chapitres, un récit qui ne manque jamais d'haleine, sans pour autant entrer dans un rythme endiablé, ce western sombre avait tout pour me plaire, mais je ne m'attendais pas à ce qu'il joue aussi bien sur les ambivalences pour l'assassin Travis Moses. Un coup on le déteste, un coup on souffre avec lui…
Comme dans la chanson de
Jacques Dutronc, j'ai retourné ma veste et je l'ai tellement retournée qu'elle craque de tous les côtés. Il en fut de même avec le Marshall Pilby : on comprend son acharnement sur Moses, mais parfois, on aimerait qu'il lui lâche la grappe, puisqu'il a payé sa dette par 32 ans de prison.
Un western sombre, qui ne manque pas de profondeur, de psychologie, avec des personnages bien travaillés, ambigus. L'intrigue est comme une toile d'araignée, mais ce n'est qu'une fois pris dedans que l'on s'en rend compte.
Tout se dévoilera au fil du récit, l'auteur restant le seul maître à bord de son récit et il le pilotera avec brio jusqu'à ce final bourré d'adrénaline, de balles qui sifflent et de révélations qui trouent le cul.
J'ai kiffé son roman western "
Dusk" et "
Hangman" le rejoindra sur l'étagère des coups de coeur !
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