La famille Mauvin est véritablement bizarre. Ils sont riches, oui, ils vivent dans un somptueux château dont le dernier héritier est mort cent ans plus tôt, entouré d'une légende sulfureuse. D'ailleurs, il hanterait toujours ses terres. le château, excusez du peu, est déglingué, quasiment inrestorable puisqu'ils le restaurent tout le temps. du coup, pour le retour de pension de Judith, leur fille cadette, ils ne trouvent rien de mieux que de la faire dormir dans la seule chambre à peu près potable du château, la chambre où sa soeur a été assassinée trois ans plus tôt. Aucun coupable n'a été arrêté puisqu'aucune piste n'a été trouvé : le meurtre en chambre close idéal. Oui, pour moi, faire dormir sa fille là où sa fille aînée est morte est pour moi totalement tordu, en dépit des allégations des parents qui promettent d'être attentifs et de répondre à son appel. Ajoutez à cela une ambiance angoissante, digne des meilleurs romans fantastiques : des bruits inexplicables dans le château, des bruits inexplicables en dehors du château, des pas entendus dans le couloir, des silhouettes furtives dans le parc – et un plan du château qui laisse à penser que ses constructeurs ont fait un peu n'importe quoi !
Las ! Judith, à son tour, est poignardée comme sa soeur. le meurtrier a pourtant raté son coup, Judith est vivante, épuisée et choquée, mais vivante. Son fiancé Raymond Dauriac arrive illico.
Il m'a été tout de suite sympathique, peut-être aussi parce qu'il trainait dans ses bagages son ami, le jeune détective Gaston Lautrec. Contrairement à d'autres enquêteurs que j'ai croisés, Lautrec n'a pas envie d'enquêter mais il a encore moins envie qu'une personne soit tuée. Il est rationnel : les légendes, très peu pour lui. Chercher des causes matérielles à des faits réels, oui. Lui et Dauriac ne sont pas au bout de leurs surprises. Il faut dire qu'ils ne ménagent leur peine ni l'un ni l'autre. Ce n'est pas qu'ils n'ont peur de rien, ce serait un cliché, c'est qu'ils prennent le plus de précautions possibles pour se prémunir du danger, et pour protéger Judith. Même ainsi, ils ne sont pas à l'abri – parce que leurs adversaires sont déterminés et disposent d'atouts que les deux jeunes hommes ne soupçonnent pas.
Mais Dauriac et Lautrec osent. Un adversaire, cela s'affronte, cela se découvre, et je dois dire que Lautrec manifestera même une certaine forme respect pour l'un d'entre eux – comme lui sera capable de lui en manifester, à sa manière. Il saura aussi s'aventurer là où personne n'est véritablement allé. Ecouter les légendes, c'est bien. Traquer la vérité qui se cache derrière, c'est mieux.
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