A chaque film, je me dis toujours : non, cette fois tu n'y tournes pas. Et puis, je ne peux pas m'en empêcher. Les cafés, c'est comme Paris, c'est vraiment mon univers"
Claude avait peur des banalités, des redites, des mots galvaudés : euphorie, égarement, crise, compassion… Alors nous cherchions à contourner l’obstacle. « C’est comme l’écriture d’un scénario », me disait-il. Et, de fait, une histoire naissait, prenait son envol. La vie venait avec, sans se hausser du col. Les sentiments avec les images, le métier de vivre et le métier du cinéma.
Sautet et ses films-giboulée qui lui ressemblent, des films « sans graisse», portés et emportés par un mouvement musical, sur un air de bandonéon. Sautet ou la vie saisie dans le détail : éclats furtifs et désastres intimes de couples qui se trouvent et se perdent derrière les vitres des cafés, pendant que la pluie tombe sur Paris-banlieue. Sautet, le peseur d’âmes, Sautet le luthier et le lutteur qui n’aime rien tant montrer que les combats douteux et les destins incertains. Sautet dont les histoires sont « simples » comme « les choses de la vie » ; et chez qui l’euphorie d’un moment se paye au prix fort : sortie de route ou réveil douloureux.