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Leticia Anyways...

Je suis dans la cafétéria du collège E.O. Green Junior High School à Oxnard, en Californie ; and the sky is grey. A la différence que ça sacre comme un québecois élevé au sirop d'érable. Larry King, seul à sa table, la Saint Valentin approche. Des coeurs dessinés sur les murs, sur les vitres, la fête s'annonce rose, un parfum d'insouciance flotte entre les odeurs de sueur de l'équipe de basket venue s'assoir à la table voisine. Larry en pince grave pour Brandon. Un amour qui ne se mesure plus, inconditionnel, une évidence bercée sous la lune bleue. Une histoire d'amour, à sens unique.

Larry, puis Leticia. A la façon d'un journal intime, il se raconte, son enfance, sa maltraitance, son foyer qui n'en fut pas vraiment eux. Il aime chanter, elle a une voix qui perce les étoiles, Céline Dion la relève est assurée. Elle écrit des poèmes, des acrostiches, des trucs qui parlent d'amour. Et ces derniers jours, jusqu'à cette Saint Valentin qu'elle ne connaîtra pas, la nuque en sang, verse dans le témoignage, un discours surtout pour la tolérance.

« Je ne suis pas gai. Je suis une femme dans le mauvais corps. Je suis captif à l'intérieur. On s'est trompé en me fabriquant. Quand je serai réparé, que j'aurai le corps que je désire, que je mérite, tout rentrera dans l'ordre. »

Comprendre cette différence. Sentir qu'il n'est pas dans le bon corps. Croire en elle et assumer au fond ce qu'il est, juste une adolescente, un peu trop grosse, qui met du fond de teint, et du mascara, des touches discrètes de sa féminité. Mais difficile d'aller à l'encontre des préjugés, des rires et des moqueries. Encore plus à l'adolescence. Avec le peu de soutien que l'on imagine. Parce que tout est vrai dans ce roman, à part les crisse, les chars et les bécosses en porcelaine... Une parlure québécoise, l'originalité dans ce campus californien.

Une belle découverte, un monde en dehors de mes prairies poussiéreuses, un roman jeunesse, avec de l'amour et du mascara, cet univers à la Laurence Anyways, mon film fétiche de mon réalisateur fétiche.
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L'enfant mascara est un roman pour adolescents qui est assez bouleversant et troublant, à plusieurs niveaux. Il traite d'un fait réel : la fusillade du collège E. O. Green Junior High School à Oxnard, en Californie. Là, le 12 février 2008, Brandon McInerney tire à bout protant deux balles dans la tête de Larry/Laeticia King. Il s'agit d'un crime homophobe qui a eu beaucoup de retentissement à l'époque.

Évidemment, Simon Boulerice l'a adapté librement, en utilisant une narration à la première personne. Et ça fonctionne. On arrive à se mettre dans la peau de son protagoniste. En même temps, on reconnaît le style de l'auteur, mettant en vedette un adolescent homosexuel (ou plutôt transgenre, dans ce cas-ci) avec des goûts bien précis qu'il partage avec les protagonistes d'autres de ses romans. Aussi, l'inclusion de poèmes.

Pourtant, cette fusillade n'occupe qu'une petite place dans le récit. Je veux dire, elle est annoncée dès le début, quelques verbatims de témoins ont été insérés ça et là, mais l'événement lui-même n'a lieu qu'à la fin. le reste de l'intrigue, c'est l'évolution de Larry en Laeticia, de quelques mois avant le drame jusqu'au moment fatidique.

Malgré cela, un sentiment de malaise persiste tout au long du bref roman. Est-ce à cause du drame qu'on devine arriver ? Pas tant, non. C'est qu'on ressent une violence sous-jacente tout au long de la lecture.

D'abord, il y a ce climat familial tendu chez les King. le jeune Larry et son frère Rocky ont été adoptés mais on ne sent pas l'amour dans cette maison. Leur père se montre incompréhensif, toujours de mauvaise humeur, quelque peu violent, alors que leur mère essaie de faire la part des choses mais sans succès.

Ensuite, l'évolution de Larry vers l'homoseuxalité et le transgenre provoque beaucoup de réactions dans son milieu scolaire. Il applique un maquillage discret, puis un peu plus, il commence à porter des vêtements féminins, puis il demande à ce qu'on l'appelle Laeticia. Cela dérange, autant d'autres élèves que des enseignants. On comprend le désir ou le besoin du protagoniste de vouloir s'affirmer, en même temps on sent que le malaise chez les autres. Et cette tension devient parfois un peu lourde à chaque page qu'on tourne.

On peut juger le comportement de Larry/Laeticia maladroit ou provocateur, mais c'est incroyable comment il/elle, malgré les rebuffades, continue ce que d'autres pourraient considérer comme un combat.

En ce sens, L'enfant mascara peut être considéré comme un roman qui peut choquer mais c'est une bonne chose. En fait, tant qu'il y a des gens qui sont choqués par l'attitude de Larry/Laeticia et qui voudraient interdire qu'on présente ce genre de bouquin aux adolescents, cela signifie qu'il est d'autant plus utile, voire nécessaire.
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Dans la nature, la chrysalide devient papillon. Dans le roman de Simon Boulerice, le jeune Larry King devient Leticia : la « Queen » du lycée. A l'adolescence, le corps de Leticia ne se transforme pas comme elle l'avait imaginé. Alors, elle force sur les régimes, sur le maquillage et les tenues provocantes. Fougueuse, elle jette son dévolu sur Brandon : un mauvais garçon de sa classe. Alors que Leticia nourrit un amour sans borne pour Brandon, Brandon n'a que dégout et haine envers Leticia. Il ne comprend pas ce garçon qui ne joue pas au foot et met du mascara, des jupes et des talons.

Une fiction aussi belle qu'elle est effrayante sur les personnes transgenres et la peur qu'elles suscitent dans nos sociétés patriarcales. D'autant qu'elle est basée sur une histoire vraie…
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Je ne sais que penser de ce livre. Autant les événements réels sont bouleversants et absolument impardonnables, autant ce livre m'a mise mal à l'aise...suis-je homophobe sans le savoir? Transphobe? Je ne croyais pas. Ce livre remet mes convictions en doute. Je suis mal à l'aise que l'auteur ait pris cette liberté face à la façon de raconter les derniers mois de Larry/Leatitia...je n'aime pas cette façon de décrire ce qu'elle ressentait...je ne sais pas comment l'expliquer. Je suis très perplexe à la fin de la lecture de ce roman.
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Ce roman jeunesse, destiné aux adolescents, est sensationnel. L'enfant mascara raconte l'histoire de Lawrence King, dit Larry, qui découvre son premier amour et surtout, la vérité sur lui même: il est une fille dans le mauvais corps. Son amour pour Brandon et l'enthousiame devant sa véritable identité sont tellement fort qu'il ne se rend pas compte que les adolescents autour de lui ne l'accepte pas. Lorsqu'il demande à Brandon d'être son valentin, c'est la claque au visage. le lendemain, Brandon abats Larry de deux balles dans la tête.
Bouleversé par cette histoire qui est réellement arrivé, Simon Boulerice s'est mis à l'écriture de ce qui aurait pu être les derniers jours de ces adolescents pour qui l'identité sexuelle et les pseudo certitudes sont si importantes.
Le roman est séparé en deux parties, celle de Larry, enfant de la DPJ, torturé par ses pairs, ses parents adoptifs. Puis celle de Leticia, la réelle personne qui se cache derrière les attributs masculins de Larry.
La partie de Leticia est de loin celle qui est le plus radieuse, la plus bouleversante également. Cette adolescente confiante, qui n'a peur de rien et surtout pas du jugement des autres est si rayonnante, que de voir ce jeune homme (et tout les autres adolescent du High School) haineux et n'acceptant pas d'être aimée par un homme à l'allure féminine est d'autant plus contrastant. Un roman vraiment bouleversant qui devrait vraiment être mis entre les mains d'adolescents pour qu'ils prennent conscience de la différence et l'accepte.
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Ce matin encore au chaud sous mes couvertures, je me suis allongée le bras pour piger dans le sac de livres que je garde sous mon lit. Je me suis installée deux oreillers sous la tête, placé mes lunettes sur mon nez pour que le double foyer soit bien en place prête à débuter cette nouvelle aventure.

Dès les premières pages j'ai senti la dualité amour/haine dans laquelle j'allais plonger. Mais quelle fut ma surprise : plus je m'enfonçais dans le livre (tout comme dans mon lit) plus je découvrais une histoire d'amour incroyablement puissante où l'Être aimé hante chaque instant de la vie d'un Larry magnifiquement beau.


“Je vis par procuration” (p.57)


Voilà son secret : le rêve, le fantasme lui donne espoir. Même les baleines sont prétexte au ravissement amoureux et le fond fabuler.


“[...] m'imaginer ton souffle chaud sur ma nuque, comme si tu cherchais à me réchauffer. [...] je me retourne sur ta chaise vide.” (p.65)


Est-il un enfant lumière ou simplet, peut-être les deux? Mais chose certaine l'amour rend aveugle. Il aime et son coeur toujours vivant après la mort, poursuit son “a-mour-gresseur”


“Dis-toi qu'une partie de ce coeur se faufile aussi jusqu'à toi” (p.168)


Une Leticia sensible et à la fois d'une dureté impitoyable envers elle-même. La détresse et les blessures lui auront permis de s'assumer pleinement en se détachant du regard improbateur.


Chanter, voilà son talent, sa passion à travers laquelle ses émotions passent.  Elle rêve de se faire entendre. La fatalité l'aura reconnue et sa voix au final aura résonné dans le monde entier.


Je peux maintenant sortir de mon lit et y laisser tout l'émoi et la tristesse qui m'ont littéralement envahi. Mais je garderai en moi toute la beauté lumineuse de cette enfant.

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Latisha King(Leticia), d'abord prénommée Larry King, est assassiné par Brandon McInerney, après lui avoir demandé d'être son valentin. Un roman sur la transphobie mais tout d'abord, sur l'amour.
Un mélange de récit, de poésie, et légèrement biographique.
Le mélange est bizarre entre les éléments liés au Québec, comme le V8 et les sacres, et tout le reste de l'histoire se déroulant au États-Unis, où on mange de la pizza chez Papa Johns et qu'on magasine chez Dollar Tree. Une dualité qui a été pour moi un frein dans l'appréciation de ma lecture.
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C'est l'histoire d'une “elle” née “il” qui s'est choisie malgré les autres.
C'est l'histoire d'une étoile filante, qui captive et disparaît trop vite.
C'est l'écho d'une chanson triste, un autre refrain d'intolérance et d'homophobie.
Ce livre m'a fait rire et pleurer. le style littéraire brille par son rythme et son originalité et l'intelligence émotionnelle y est exceptionnelle.
Selon moi ce roman mérite une cote de 6 sur 5.
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Étrange mais il est agréable à lire. Basée de faits vécus.
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Lu en 2021. Une fiction inspirée d'un fait divers réel (l'assassinat de Lawrence/Laeticia King, en 2008 à Oxnard aux États-Unis). C'est une adaptation libre des évènements qui ont eu lieu ; la narration prend la forme de pseudo-mémoires (mémoires imaginaires).
Un roman scindé en deux parties, dans lesquelles résonnent successivement la voix de "Larry" puis celle de "Laeticia". Un récit fortement incarné et particulièrement lumineux, qui présage le drame final mais semble vouloir épargner le lecteur. Une lecture nécessaire, à transmettre (dès 15 ans), pour ne jamais oublier !...
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