"- Et vous faites des expériences sur des hommes !
- Bien entendu. Le cerveau de l'homme comme toute son anatomie, est celui qui se rapproche le plus du nôtre. C'est une chance que la nature ait mis à notre disposition un animal sur lequel nous pouvons étudier notre propre corps. L'homme nous sert à bien d'autres recherches, que tu connaîtras peu à peu ... En ce moment même, nous exécutons une série extrêmement importantes.
- Et qui nécessite un matériel humain considérable.
- Considérable. Cela explique ces battues que nous faisons faire dans la jungle pour nous réapprovisionner. Ce sont malheureusement des gorilles qui les organisent et nous ne pouvons les empêcher de se livrer à leur divertissement favori, qui est le tir au fusil. Un grand nombre de sujets sont ainsi perdus pour la science."(p.110)
"Quel sort est plus pitoyable que la vie dans une cage?" (p.109)
Des hommes raisonnables? Des hommes détenteurs de la sagesse? Des hommes inspirés par l'esprit?... Non, ce n'est pas possible; là, le conteur a passé la mesure.
Pompeux, solennels, pédants, dépourvus d'originalité et de sens critique, acharnés à maintenir la tradition, aveugles et sourds à toute nouveauté, adorant les clichés et les formules toutes faites, [les orangs-outans] forment le substrat de toutes les académies. Doués d'une grande mémoire, ils apprennent énormément de matières par cœur, dans les livres. Ensuite, ils écrivent eux-mêmes d'autres livres où ils répètent ce qu'ils ont lu, ce qui leur attire de la considération de la part de leurs frères.
Je ne raconterai pas en détail les scènes qui se déroulèrent dans les cages pendant les semaines qui suivirent. Comme je l'avais deviné, les singes s'étaient mis en tête d'étudier le comportement amoureux des humains et ils apportaient à ce travail leur méthode habituelle, notant les moindres circonstances, s'ingéniant à provoquer les rapprochements, intervenant parfois avec leurs piques pour ramener à la raison un sujet récalcitrant.
- Quel sort est plus pitoyable que la vie dans une cage ?
Des hommes raisonnables ? Des hommes détenteurs de la sagesse ? Des hommes inspirés par l'esprit ? Non, ce n'est pas possible ; là, le conteur a passé la mesure.
Ce qui nous arrive était prévisible. Une paresse cérébrale s’est emparée de nous. Plus de livres ; les romans policiers sont même devenus une fatigue intellectuelle trop grande. Plus de jeux ; des réussites, à la rigueur. Même le cinéma enfantin ne nous tente plus. Pendant ce temps, les singes méditent en silence. Leur cerveau se développe dans la réflexion solitaire... et ils parlent.
Nous ne devons en aucun cas interpréter un acte comme la conséquence de l'exercice d'une haute faculté psychique, si cet acte peut être interprété comme dicté par une faculté située en dessous de celle-ci dans l'échelle psychologique ?
A présent prenez un homme, enlevez-lui ce qui le rend homme, ses vêtements, ses chaussures, sa montre, sa voiture et- pourquoi pas ? - la parole. Que lui reste-t'il, s'il n'est pas Tarzan, qui est d'ailleurs plus singe qu'homme ? rien.