Avant toute initiative, il nous parut urgent de donner un nom à la planète. Nous la baptisâmes Soror, en raison de sa ressemblance avec notre Terre.
Les singes nous traitent bien et nous donnent à manger en abondance. Ils changent la paille de notre litière quand elle est trop sale. Ils ne sont pas méchants; ils corrigent seulement ceux, parmi nous, qui font preuve de mauvaise volonté et refusent d'exécuter les tours qu'ils se sont mis en tête de nous apprendre. Ceux-là sont bien avancés! Moi, je me plie à leurs fantaisies sans discuter. Je marche à quatre pat-tes; je fais des cabrioles. Aussi sont-ils très gentils avec moi. Je ne suis pas malheureuse. Je n'ai plus ni soucis ni responsabilités. La plupart d'entre nous s'accommodent de ce régime.
Le premier usage qu’ils font de la parole, c’est pour protester quand on veut les faire obéir.
Quel sort est plus pitoyable que la vie dans une cage ?
Alors que je reste interdit, ne sachant quelle contenance prendre, elle enfouit son museau dans ses longues pattes velues, et cette hideuse guenon me déclare avec désespoir, en éclatant en sanglots :
"Mon chéri, c'est impossible. C'est dommage, mais je ne peux pas, je ne peux pas. Tu es vraiment trop affreux !"
Vous voyez bien que l'esprit peut se perdre, comme il peut s'acquérir », murmure quelqu'un derrière moi.
Elle sortit un morceau de sucre de sa poche et me le tendit. J'étais désespéré. Elle aussi me considérait donc comme un animal, un peu plus intelligent que les autres, peut-être. Je secouai la tête d'un air rageur.
Quand je vis la femme que la science m’avait assignes comme compagne.
C’était Nova,je fus presque enclin a pardonner sa sottise et son aveuglement au vieil olibrius et je ne
protestai d’aucune manière quand Zoram et Zanam,m’ayant empoignée a bras le corps,me jetèrent aux pieds de la nymphe du torrent . P 92/93
« Quand je vis la femme que la science m’avait assignes comme compagne.
C’était Nova,je fus presque enclin a pardonner sa sottise et son aveuglement au vieil olibrius et je ne
protestai d’aucune manière quand Zoram et Zanam,m’ayant empoignée a bras le corps,me jetèrent aux pieds de la nymphe du torrent . » P 92/93
Je m'ingéniais à chercher un sens aux évènements dont j'avais été le témoin. J'avais besoin de ce travail intellectuel pour échapper au désespoir qui me guettait, pour me prouver que j'étais un homme, je veux dire un homme de la Terre, une créature raisonnable, habituée à découvrir une explication logique aux caprices en apparence miraculeux de la nature, et non une bête traquée par des singes évolués.