AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Printemps éternel (10)

Je suis évidemment un miraculé : un condamné jeté comme des milliers d'autres dans la fosse puante de l'Histoire, un condamné agonisant qui a finalement survécu. À sa grande surprise, il revient d'entre les morts, il reprend peu à peu ses esprits, on l'autorise même à relever la tête, à sortir au grand jour. De retour parmi les vivants, il s'est remis à exister comme tout le monde — presque comme tout le monde —, il revoit la ville, le ciel, le soleil, il recommence à se soucier de la nourriture, des vêtements, du gîte, il songe à ce qu'il va faire aujourd'hui, à ce qu'il va devenir. Mais, mon ami, la mort — fût-elle temporaire — passe-t-elle sans laisser de trace ? Pendant que nous, les morts vivants, gisions au fond de la fosse, le monde a changé de face. Dis-toi bien qu'en cinq ans tout a été balayé, chamboulé par une tragédie sans précédent, unique dans l'Histoire.
Commenter  J’apprécie          230
Ici ou là, je tombais en arrêt devant certains objets : un lit en bois sombre couronné d'un dais en satin rouge, un coffret vénitien qui égrenait quand on l'ouvrait une petite musique douce et mystérieuse, une pendule à carillon occupant toute une console, un orgue médiéval. Partout me fixaient des bustes, des statues, des portraits, des portraits… Mon Dieu, que les femmes ont belle allure sur ces tableaux ! […] Je suis descendu dans l'obscurité profonde de la crypte. […] Un froid d'outre-tombe suintait de ces lieux. Étaient-ce bien là, gisant à quelques pas sous terre, ces beautés triomphantes aux yeux d'azur que j'avais tant admirées dans les salles du palais ?
Commenter  J’apprécie          221
Le crépuscule ici se réduit à quelques lambeaux de lumière rouge qui s'allument derrière les cimes et s'éteignent lentement. […] Les oiseaux se taisent, un silence de mort s'installe. […] Quand la nuit vient avec sa traîne d'étoiles au-dessus des pins, alors jaillit de tous les coins de la forêt le cri rauque des grands ducs qui s'étrangle en spasmes d'une douloureuse volupté ; il y a dans ce cri des accents d'une sauvagerie intemporelle où la transe amoureuse, l'atmosphère poignante du coït éclatent comme un rire et comme un sanglot face au vertige du néant.
Commenter  J’apprécie          200
Cette bâtisse, oubliée et à jamais déserte, exilée dans un silence funèbre, rayonnait douloureusement sous la caresse de la brise d'été qui l'enveloppait de son chant, comme il y a cent ans, comme il y a deux cents ans. Et moi, seul fidèle dans ce sanctuaire lumineux et mort, j'avais l'impression d'être orphelin d'un monde perdu. Qui aurait pu être là avec moi ? Ne suis-je pas moi-même un miraculé, un rescapé de l'effroyable cataclysme qui a brutalement englouti l'Empire russe et avec lui des milliers de vies humaines ? A-t-on jamais vu pareil naufrage !
Commenter  J’apprécie          160
L'endroit est paradisiaque : Imagine une charmante localité, cossue et paisible, en marge de l'Histoire, comme si rien d'important ne s'y était jamais passé, […] tout autour, des bois à perte de vue, solitaires et dormants, un calme impressionnant. Les forêts de conifères dominent, sombres et sonores. En m'enfonçant le soir dans leurs futaies, il me semblait percevoir, au-delà des temps passés, au-delà des temps les plus anciens, le souffle de l'éternité.
Commenter  J’apprécie          150
Les places devant les gares ne sont plus qu'un immense bazar où l'on est toujours en train de vendre ou d'acheter quelque chose ; elles attirent une population marginale de spéculateurs, de voleurs, de prostituées, de gargotiers ambulants qui vendent toutes sortes de cochonneries.
Commenter  J’apprécie          130
Les forêts de conifères dominent, sombres et sonores.(..) les aiguilles chauffées à blanc durant le jour mêlent leurs essences balsamiques aux moiteurs épicées qui montent des bas-fonds marécageux et de la rivière encaissée dont les méandres secrets se recouvrent le soir de vapeur froide
Commenter  J’apprécie          40
au loin dans le ciel, le croissant voilé de la lune. commençait à descendre derrière les contours noirs de la forêt. Il finit par disparaître, et à l’endroit qu’il venait de quitter tressaillit la fulgurance d’un éclair chaleur
Commenter  J’apprécie          30
_ Qui ose maintenant s'aventurer sur les routes! Il n'y a plus de chevaux, plus d'équipages.. Rien que les roues, ça coûte une fortune, c'est affreux..
Je lui ai demandé:
- Et si j'y allais à pied?
- Vous allez loin?
Je lui donnai le nom de la localité.
- D'icin reprit-il, il faut compter une vingtaine de verstes, pas plus. C'est faisable.

несрочная весна
- кто теперь поедет! лошадь редкость, всяя снасть сбита.. стан колес
-два миллиарда, выговорить страшно " Я спросил:
" - А если пешком?"
" - А вам далеко?"
- " Туда-то."
- ну, это верст двадцать, не более. Дойдете."
Commenter  J’apprécie          20
Je suis un véritable revenant, j'ai échappé au sort de milliers d'autres qui ont été torturés, massacrés, portés disparus, qui se sont tiré une balle dans la tête ou bien se sont pendus; je recommence à vivre et même vois-tu, je voyage. Mais que puis-je avoir en commun avec cette vie nouvelle qui a saccagé mon univers!

да, я чудом уцелел, не погиб, как тысячи прочих, убиенных, замученных, пропавших без вести, застрелившихся, повесившихся, я опять живу и даже вот путешествую. но что может быть у меня общего с этой новой жизнью, опустошивщей для меня всю вселенную!
Commenter  J’apprécie          20


    Acheter ce livre sur
    Fnac
    Amazon
    Decitre
    Cultura
    Rakuten


    Lecteurs (15) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Ivan BOUNINE

    Ivan Bounine (1870-1953) fut le premier russe à obtenir le prix Nobel de littérature en :

    1930
    1933
    1936
    1939

    10 questions
    6 lecteurs ont répondu
    Thème : Ivan BounineCréer un quiz sur ce livre

    {* *}