Citations sur Standard (24)
... faire son deuil comme chacun le lui avait dit, à tour de rôle, au comptoir du bar-tabac après la cérémonie funèbre, clients, amis, parents noyant dans le pastis davantage leur gêne que leurs larmes, parce que c'était aussi cela la mort : un immense embarras ; on ne trouvait jamais les bons mots, les bons gestes, on avait peur de ne pas bien faire, ou pire, de faire encore plus mal, et parfois on se forçait à pleurer même si on n'en avait pas du tout envie, on pleurait sur son propre sort et non sur le cadavre dans sa boîte.
Finalement, maman, on n’est pas mieux que des chiens, et je vais te dire un truc, je crois que j’aurais préféré être un chien : ils ne pensent pas, eux. Ils courent, dorment, dévorent, lèchent, s’attachent même aux plus odieux, ils n’ont pas la conscience du mal, leur amour est infini, leur cœur se refait à chaque caresse, à chaque attention, alors oui, vraiment j’aurais préféré être un clébard
Donner la vie c’est la plus belle chose au monde, même si ça procure des emmerdements, les gamins, mais c’est du bonheur aussi, de la joie, de compter pour quelqu’un.
La liberté ne l’attirait pas parce qu’elle n’existait pas. C’était une idée la liberté, pas plus, pas moins. On restait prisonnier de quelqu’un, de son passé, de sa propre personne, de sa condition sociale.
Seuls les arbres, les vagues, les nuages, étaient libres et non les hommes.
... je crois que j'aurais préféré être un chien : ils ne pensent pas, eux. Ils courent, dorment, dévorent, lèchent, s'attachent même aux plus odieux, ils n'ont pas la conscience du mal, leur amour est infini, leur cœur se refait à chaque caresse, à chaque attention, alors oui, vraiment j'aurais préféré être un clébard.
Bruno Kerjen avait la certitude que rien d’important ne le précédait et que rien d’important ne lui succéderait. Que sa vie ne tenait pas entre deux segments, avec un début et une fin, comme la vie de chacun d’entre nous, mais qu’elle ressemblait à un cercle : le passé embrassait l’avenir. Il venait d’avoir trente-cinq ans et nourrissait le pressentiment d’une catastrophe sans en connaître la date ni l’organisation. Il n’avait jamais eu accès au monde tel qu’il l’avait rêvé enfant. Le monde réel était fait d’hommes et de femmes à son image, qui pouvaient être remplacés sans que personne remarque la différence de l’un, l’absence de l’autre.
Vivre n'était ni une chance ni une malchance, mais un état que l'on n'avait pas choisi.
la vie n'était pas un cadeau mais pas toujours un fardeau pour certains, mais ceux-là, il ne les connaissait pas; la vie manquait d'horizon, de promesse, elle était brutale comme toutes les pierres grises qui tenaient les maisons de la rue de son enfance que seuls les hortensias coloraient.
La vie était comme un trait de craie, elle s'effaçait d'un revers de manche, ne laissant que des objets, "les encombrant", comme il était écrit sur les papiers de la mairie municipale.
Les gens n'en étaient pas conscients mais leur petit train-train amoureux ressemblait à leur boulot, c'était juste une habitude de plus qui s'ajoutait à toutes leurs habitudes, ça n'avait rien d'exceptionnel l'amour, c'était comme boire ou manger, pas plus, pas moins.