Un an après les événements du tome 1, Santa Mondega s'apprête à fêter Halloween. A priori, personne n'envisage qu'il soit aussi mortel et sanglant qu'il y a un an. Pourtant, tous les ingrédients sont là. Des vampires, des loups-garous, des flics ripous (et vampires) qui veulent prendre lia succession de leur boss parti en cendres, Sanchez le patron du Tapioca (remis à neuf depuis l'an dernier), Peto le dernier moine d'Hubal... mais il manque un ingrédient, et de taille, le
Bourbon Kid. Après avoir décimé le temple d'Hubal, et tué son père, le
Bourbon Kid s'est fait discret. Qu'est-ce qui peut le faire sortir de sa retraite?
Le tome démarre sur un incident au musée archéologique de Santa Mondega... Une momie sort de son sarcophage et massacre les deux gardiens. Ramsès Gaius est de retour parmi les (morts-)vivants. Et il n'est pas content. Il est le propriétaire de l'Oeil de la Lune, pierre bleue aux propriétés incommensurables, et possédée par Peto Solomon, dernier moine d'Hubal. Celui-ci envisage ni plus ni moins que d'extirper la part de monstre du
Bourbon Kid, grâce à l'Oeil de la Lune. Ramsès Gaius entend bien récupérer son bien, et sa fille... Jessica, explosée par le
Bourbon Kid et Dante Vittori, en fin de tome 1, mais récupérée par Sanchez et qui se remet lentement de ses blessures. Elle n'est pas la fille de Ramsès Gaius pour rien. Et vu que
Dante et Kacy ont la "bonne" idée de revenir à Santa Mondega pour se marier, tout se met lentement en ordre pour un Halloween mémorable.
L'auteur anonyme ajoute quelques éléments du passé. Notamment une romance entre JD et Beth... Au départ, le lecteur peut légitimement se demander ce que viennent foutre deux ados dans le récit, avec leur romance guimauvesque à gerber... nous, ce qu'on veut, c'est du sang, des boyaux, des tripailles et du cerveau, mais peu à peu les choses se décantent. Beth est attaquée par un vampire. JD la sauve. le vampire se venge en allant massacrer la mère de JD, qui découvre tout en rentrant à la maison avec Casper, son frère handicapé mental. JD doit alors tuer sa propre mère qui se transforme en vampire. Pour y arriver, il affonne une bouteille de bourbon... a star is born. JD envoie Casper chez son père biologique, une grosse tache qui s'en tape comme de son premier slibard, tout comme Bull, son autre fils. Entretemps, la mère de Beth envisage de la sacrifier dans une messe noire, mais tout ne sa passe pas comme prévu.
Retour au présent... Beth est une employée du musée de Santa Mondega (celui-là même qui abrite la momie qui d'échappe au début du livre et part à la recherche de l'Oeil de Lune). Sortie de prison depuis 8 ans, où elle a purgé une peine de 10 ans pour le meurtre de sa mère, elle se rend à chaque Halloween sur le ponton où elle avait rendez-vous avec JD. Peut-être que cette année, il viendra. C'est tellement mimi que j'en ai profité pour finir la boîte de Kleenex commencée lors du visionnage de Titanic...
Dante est recruté par un étrange Mister E pour débusquer le
Bourbon Kid et l'Oeil de la Lune. Kacy est gardée par un violeur en série. Trois flics vampires mandatent deux loups-garous pour kidnapper un individu sans nom dans un hôpital psychiatrique. Ils sont convaincus qu'il s'agit du
Bourbon Kid.
Les éléments sont disposés. On secoue le tout au shaker. On the rocks. Un trait d'angostura, une rondelle de citron vert, 1/3 tequila (ou l'urine de Sanchez qu'il sert régulièrement aux nouveaux clients), du bourbon, une pinte de sang frais, quelques morceaux de cervelle, une olive verte (pour la couleur et le green washing), un peu de pop-corn au tabasco. Et... action !
Les rouages du tome 1 sont bien présents dans le tome 2, l'auteur en joue et s'en amuse. Il n'hésite pas à revenir sur les similitudes entre les deux fêtes d'Halloween. Mais il en remet des couches et des couches. Au niveau des effets, on renchérit clairement par rapport au tome 1. C'est nauséeux, hémoglobinesque, c'est la fête de la tronçonneuse et du slip en même temps. Il y a des scènes d'un cynisme et d'une violence incroyable, mais elles passent grâce à cet humour typique des aventures du
Bourbon Kid. Je me suis ré-ga-lé. J'ai kiffé chaque instant. Peinard dans mon fauteuil. Les 550 pages ont été avalées en quelques séances de lecture. On tremble, frémit, on grince des dents (surtout des canines), on a peur, on souffle un peu avec le
Bourbon Kid. Et l'auteur a cette intelligence rare de sacrifier des personnages centraux dans une gerbe d'excréments, de viscères et de vomissures. Cela renforce la dramaturgie et montre que -finalement- tout est possible à Santa Mondega.
On a même droit à quelques révélations sur la nature du
Bourbon Kid. Il se murmurerait qu'en fait il serait un v... aaaargh. J'utiliserai mon propre sang, suintant de deux trous non loin de ma jugulaire, pour terminer cette chronique...
Blague à part, effectivement, le Bourbon Kid est un vampire, car il fut mordu dans le tome 1 et ce fait sera remarqué par ses ennemis qui utiliseront cette faiblesse pour le coincer, du moins pour essayer de le coincer.
Au passage, on peut réellement louer l'auteur pour avoir joué sur toute la gamme des sentiments dans ce 2è tome. C'est parfois émouvant quand il évoque l'amour du
Bourbon Kid pour son frère handicapé. C'est à gerber quand il décrit les sévices corporels. A mourir de rire quand il décrit avec un art consommé certaines scènes de quiproquo. Et tour à tour grinçant, caustique, critique vis-à-vis de l'American Way of Life... Et pour la première fois (ayant lu d'autres tomes du
Bourbon Kid dans le désordre), il y a des passages tendres quand l'auteur évoque des amours adolescentes entre celui qui deviendra la
Bourbon Kid et sa gentille fiancée teenager.
Je dirai qu'il ne faut pas spécialement être fan de films gore pour apprécier le
Bourbon Kid. Il suffit d'aimer se divertir, d'apprécier le Grand Guignol, les bouffonneries et la déconne. Evidemment, cela aide d'apprécier l'outrance tarantinesque, les clichés gore et l'humour gras. Car de Braindead à
Ed Wood, en passant par
Jean Rollin,
Rob Zombie ou une Nuit en Enfer, l'auteur du
Bourbon Kid connaît ses classiques. Mais en plus de citer les classiques, il les réinvente et ce faisant il recrée un classique. A ce jour, il y a 10 livres classés "
Bourbon Kid". Cette saga peut déjà être considérée comme un classique.
Et tant qu'à faire preuve de classicisme, je ne peux m'empêcher de citer
Victor Hugo, "Le
Bourbon Kid est à la tragédie dramatique, ce que
Ruy Blas est au comique troupier", et il en connaissait un rayon sur le sujet. Sacré Victor!