"Vient de paraître" est une comédie de moeurs d' Edouard Bourdet. Il fut, en son temps, un dramaturge toujours très attendu et ses pièces n'ont jamais été faîtes d'improvisation trop hâtive.
Il choisit d'abord un sujet, toujours original. Puis le traite avec rigueur et talent.
Tantôt sur un ton grave, avec une vigueur dramatique remarquable, tantôt sur un ton plus léger, porté vers le comique, il aime à se moquer de certaines des moeurs de son époque.
Il demande à la réalité de lui fournir la matière de ses pièces de théâtre.
Cette fois, il s'en prend aux gens de lettres et il n'est pas tendre : arrivisme féroce, égoïsme, rivalités sournoises, souci de la publicité plus que de l'art, snobisme....le portrait n'est pas flatteur.
Son personnage principal est un garçon qui n'est pas plus doué pour la littérature que pour autre chose et qui, faute d'imagination, ne peut écrire que pour raconter les histoires qui se passent dans son ménage...Peu à peu, son esprit puis son coeur subissent une déformation professionnelle cynique, il n'est plus qu'homme de lettres.
Avec une verve et une ironie impitoyable, Edouard Bourdet analyse les travers de ces romanciers qui ne croient qu'à la "littérature vécue" et qui éprouvent pour écrire le besoin de souffrir et de faire souffrir.
Le tableau esquissé est cruel : auteurs vaniteux et jaloux,préoccupés de faire valoir leurs oeuvres plutôt que de les écrire, éditeurs qui ne songent qu'à la valeur commerciale d'un livre et en organisent la publicité comme d'un produit pharmaceutique, lauriers littéraires et académiques distribués, à la chance, à l'intérêt et à l'intrigue, par des jurés qui se gardent bien de lire les ouvrages qu'ils vont couronner...
Edouard Bourdet nous offre une pièce qui reste aujourd'hui, plus que jamais, incisive et étincelante.
Commenter  J’apprécie         70
La maison d'édition de Julien Moscat. La scène est divisée en deux parties.
La partie de droite, la moins profonde, c'est le bureau de Moscat : grande table, sièges de bureau, téléphone ; deux portes, une à gauche, l'autre au fond.
La partie de gauche est à la fois le hall d'entrée des visiteurs et la salle d'expédition des livres. Elle a toute la profondeur du plateau et se prolonge derrière le bureau qu'elle entoure ainsi de deux côtés. Les murs sont garnis d'étagères à casiers remplis de livres en piles. Long comptoir du côté gauche. Téléphone. Porte d'entrée au fond en pan coupé.
Au lever de rideau, le bureau (partie droite) est vide.
Dans le hall (partie gauche), Amédée, vieil employé, et Henri, jeune employé, sont occupés à la pesée des envois postaux. Amédée prend sur le comptoir des paquets de volumes tout prêts à être expédiés et les jette dans un grand panier à roulettes, après avoir annoncé le poids du paquet et le nom du destinataire à Henri, qui inscrit ces renseignements dans un cahier.....
(lever de rideau de la pièce extraite de la "Petite Illustration" n° 209 parue en juin 1928)