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Critique de Ode


Ode
16 novembre 2014
Dans "Indulgences", Jean-Pierre Bours revisite le mythe de Faust et de Marguerite dans la Saxe du XVIe siècle. Dans cette société rude encore sous le joug des seigneurs et de l'Inquisition, mais qui voit peu à peu émerger la Réforme et la Renaissance, il bâtit deux portraits de femmes en lutte contre l'ordre établi.

Le narrateur n'est autre que Méphistophélès, incarné ici par un homme étrange aux yeux vairons, toujours flanqué d'un chien. Il nous conte le destin d'Eva Mathis, arrêtée et jugée pour sorcellerie en 1500, puis à 15 ans d'intervalle, celui de sa fille Margarete, qui part à la recherche de ses origines. Dans sa quête, elle ne croisera pas moins que le docteur Faust, Martin Luther ou le peintre Lucas Cranach...

A la lecture de ce roman, j'ai été impressionnée par la remarquable documentation de l'auteur sur le plan historique, médical, pictural ou religieux. Pour être tout à fait honnête, j'ai aussi noté un bon nombre d'imperfections, mais je ne voudrais pas que cela vous dissuade de le lire, bien au contraire.

Oui, il y a des anachronismes. Dans le vocabulaire, j'ai par exemple relevé les mots Allemagne ou pantalon... Les héroïnes, Margarete en tête, sont trop modernes pour leur époque, n'hésitant pas à tenir tête à leurs parents ou à l'Église pour affirmer leur indépendance, refusant le mariage et les convenances. Cet esprit frondeur m'a rappelé le roman "La scribe" d'Antonio Garrido.

Il y a des maladresses aussi. Certains dialogues sont peu adaptés aux personnages, tel un valet de ferme à peine dégrossi qui répond à celui qui lui propose de devenir soldat : « J'en serai particulièrement heureux ». Ou bien la vengeance sexuelle qui anime une partie des protagonistes masculins, les réduisant à des bêtes en rut ne rêvant que de viols et d'avilissement.

Et pourtant, malgré tout ce qui aurait dû m'en détourner, ce roman historique m'a offert un excellent divertissement. En cherchant pourquoi, j'ai trouvé à cela deux raisons principales. La première tient à la qualité de l'écriture et au dynamisme du récit, avec une narration sur deux époques différentes qui ménage du suspense et donne envie d'aller plus loin. La seconde vient de l'attrait sombre et mystérieux de l'intrigue, à la lisière du Moyen Âge et De La Renaissance, dans une société en pleine mutation encore pétrie d'anciennes croyances. Une façon de jouer à se faire peur à coups de peste, de lèpre, de guerres, de sorcellerie et de pactes avec le diable... A rapprocher de l'univers de Karen Maitland ou bien de la saga "La Dame sans terre" d'Andrea H. Japp.

Merci à Babelio et aux éditions HC pour cette incursion littéraire sur les pas du Malin.
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