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4,3

sur 376 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
«Water Music», la musique de l'eau, c'est le chant des sirènes qui appelle sans relâche Mungo Park, cet Écossais de bonne famille de 26 ans qui en 1805 «découvrit» le fleuve Niger en Afrique, dont le cours en forme de U inversé fut en son temps, une grande énigme pour les Européens et valut qu'on y consacre des expéditions coûteuses et périlleuses. Il s'agit du tout premier roman de T.C. Boyles et quel roman ! L'auteur a imaginé Mungo Park en un jeune homme aussi naïf que têtu et ambitieux, qui à deux reprises quitta son amoureuse (qui devint entre les deux voyages la mère de ses enfants), pour se lancer en expédition en Afrique, affrontant un climat épouvantable, des maladies dévastatrices et des tribus hostiles, Maures redoutables (dont il fut fait prisonnier pendant quatre mois et réussit à s'échapper en mourant presque de faim de soif dans le désert, c'est authentique), Touaregs et autres indigènes, parfois même cannibales !!! tout cela avec un courage inouï et une bonne dose d'inconscience, pour l'aventure et surtout la gloire qui attendrait celui qui reviendrait avec la cartographie de ce grand fleuve mystérieux.
L'auteur met en parallèle une autre vie, ordinaire mais aussi à sa façon, extraordinaire, celle de Ned Rise, un voyou Londonien né sous une mauvaise étoile et doté lui aussi d'une capacité de survie stupéfiante. Intelligent, débrouillard, Ned réussit à subsister grâce aux combines qu'il élabore et qui fonctionnent.... mais pas longtemps. de producteur de spectacle pornographique ethnique, à vendeur de faux caviar, il survit à une condamnation à mort (je ne peux pas vous en dévoiler plus), puis devient voleur de cadavres fraîchement enterrés, finit en taule et se porte volontaire pour l'Afrique où il rejoindra notre aventurier.
Ce personnage permet à l'auteur de mettre en valeur les contrastes entre la bonne société et la noblesse qui financent les voyages de Mungo Park en cette Londres du début du 19e siècle, et la vie menée par les citoyens en bas de l'échelle qui vivent dans la saleté, la puanteur, l'asservissement et la précarité. Quelles descriptions ! Tout aussi riches sont ses descriptions de l'Afrique, sa géographie, sa flore, son climat, ses bestioles grandes et petites, on s'y croirait et ça ne donne pas le goût !
Ce roman est foisonnant, magnifique, plein d'humour, tragique, émouvant, un véritable régal, un chef d'oeuvre.
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Lu une seule fois il y a de nombreuses années, voici que j'y repense, comme ça, il me faudra trouver le temps pour remettre cela, j'en garde un souvenir grandiose et délicieux. Rien que la recette du chameau farci me remet le sourire aux lèvres et l'eau à la bouche
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WATER MUSIC de T C BOYLE
Fin du 18 ème siècle, Mango Park, écossais, rêve d'exploration africaine et a l'opportunité de partir à la recherche du fleuve Niger pour comprendre s'il coule vers l'est ou vers l'ouest, débat en cours dans les sociétés savantes. Il sera assisté de Johnson un interprète trouvé localement. Ils se font faire prisonniers par les Maures et échapperont de justesse à la mort au grand dam de Dassoud, un puissant guerrier qui veut les éliminer. Pendant ce temps, Ailie au pays, l'amie de Park attend son retour pour leur mariage comme elle l'a promis. D'un autre côté, dans les bas fonds, Ned Rise né d'une mère alcoolique qui décèdera quand il aura 6 ans, tente de survivre avec son père qui lui coupera quelques phalanges pour qu'il puisse mendier de façon crédible. A 12 ans il rencontrera un musicien qui lui donnera une certaine éducation mais mourra rapidement, dès lors il sombrera dans le vol et l'escroquerie. Les hasards du destin vont mettre en présence Park et Rise lors du second voyage aux sources du fleuve Niger, expédition financée par la Royal Society de Londres suite au succès retentissant de la première exploration et qui verra ces hommes être de nouveau confrontés aux Maures, traverser Bamako, Segou, Tombouctou et s'enfoncer toujours plus profond dans cette Afrique inconnue. Et pendant ce temps, Ailie attend Park et Fanny attend Rise…
T C Boyle a concocté un roman foisonnant, picaresque, une épopée riche en rebondissements, en aventures cruelles et extravagantes. Entre un Mango Park qui veut se faire un nom et Ned Rise qui veut juste sauver sa peau, on est emporté par le récit qui même s'il souffre de quelques longueurs, est pour l'instant le meilleur de mes lectures de Boyle.
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Les destins de deux personnages principaux s'entrecroisent dans Water music. L'explorateur écossais Mungo Park -personnage réel (1771-1806), premier Européen à repérer le fleuve Niger et à en tenter la descente et Ned Rise, enfant des rues grandi en petit délinquant et escroc.

"Ned se tient à la porte de la chambre de l'Aléseur. Il s'est habillé en jeune lord. de loin, et dans l'obscurité du couloir, il pourrait presque passer pour un honnête citoyen. de près l'illusion s'envole. Et d'abord, il y a cette tête. de quelque manière qu'on la regarde, oui, sous quelque angle, sous quelque lumière, dans quelque pénombre, de quelque endroit ou position que ce soit, ce n'est jamais qu'une gueule de petit dessalé. Celle du jeune voyou qui, les bottes sur son pupitre, flemmarde en classe, celle du vaurien qui fiche le feu aux robes des vieilles dames et sirote l'encre de l'école. Celle de l'adolescent qui traînaille, se vautre et terrorise le marchands de fruits, celle du mécréant qui fume de l'opium, qui se baigne dans le gin et qui du monde entier fait son pot de chambre. Celle du jeune maquereau qui, pour finir, est en train de manigancer du vilain, voire de l'outrageant, là, à la porte de la chambre de l'Aléseur, à l'auberge de la Tête de Campagnol, dans le Strand."

Alors que Mungo risque sa vie en Afrique, Ned joue la sienne dans les bas-fonds de Londres et côtoie des personnages au moins aussi féroces que les Maures du Sahara. L'histoire finira par réunir nos deux héros.

C'est une relecture. Water music m'avait enchantée il y a une dizaine d'années et je n'ai pas été déçue. J'ai retrouvé le même plaisir mis à part le fait que je connaissais déjà la fin. Alors, pourquoi faut-il lire Water music ?

Pour les aventures pleines de péripéties, de rebondissements et d'imagination.

Pour la galerie de personnages fouillés, même les rôles secondaires. J'apprécie particulièrement Ailie Anderson, la fiancée puis femme délaissée de Mungo qui essaie néanmoins de vivre sa vie en autonomie mais fini par renoncer et Johnson, l'ancien esclave devenu guide et interprète de Mungo, grand amateur de littérature britannique.

Pour l'humour et l'ironie dont fait preuve l'auteur tout du long mais il y a aussi des passages poignants quand sont décrites les conditions d'existence d'un misérable ou d'un enfant des rues.

Pour se régaler d'un livre excellemment écrit et, je crois aussi, très bien traduit.

Bref, c'est un ouvrage foisonnant et complet dont je ne peux que conseiller la lecture.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Partez en voyage avec ce roman-fleuve somptueux, de l'Écosse à l'Afrique de l'Ouest, aux côtés de l'explorateur Mungo Park à la fin du 18ème siècle. Vous y découvrirez en vrac: des paysages mystérieux, déserts, savanes et forêts, une galerie de personnages truculents et/ou inquiétants... et la recette détaillée du chameau farci (pour 400 personnes).
Voici un livre dont vous pourrez lire et relire les 800 pages sans vous lasser. Vous pourrez peut-être même le choisir pour l'emporter sur une île déserte ?
La traduction de Robert Pépin est magnifique.
LC thématique de juillet 2021 : ''En voyage''
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Tout à la fin du XVIIIème siècle, alors que la Révolution française bouleverse le champ de pensée européen, le jeune écossais Mungo Park est missionné pour trouver la source du fleuve Niger. L'expédition est modeste mais fonde de grands espoirs sur son efficacité. Mungo est accompagné de Johnson, un guide noir à l'éducation occidentale raffinée. Mais Mungo est jeune et naïf et il devra rapidement abdiquer devant les forces énormes qui lui font face : force brutale et impitoyable des autochtones et pression immense d'un continent sauvage qui n'épargne pas les organismes.
Malgré tout, échappant maintes fois à la mort, Mungo Park rentre en Angleterre où il est acclamé comme un héros. Tardant à rejoindre sa femme en Ecosse, il reste à Londres où il écrit, un peu contraint, le récit de son voyage périlleux en enjolivant quelque peu son périple à son avantage. La découverte de la célébrité sera le mal qui va doucement le mener à sa fin.
De retour auprès des siens, il n'aura d'autre projet que repartir découvrir la totalité du cours du fleuve Niger dont on ne connait, à l'époque, pas la destination finale ! A force d'intrigue, il se retrouve chef d'un corps expéditionnaire complet avec force soldats empruntés au bagne de l'île de Gorée moyennant de copieuses remises de peine et quelques porteurs du cru et bêtes de somme pour porter l'ensemble du matériel.
C'est à Gorée qu'il rencontre Ned Rise, filou anglais poursuivi par la malchance. de petits trafics à grandes malversations (il a vendu du caviar frelaté à toute la noblesse londonienne…), il a rejoint le bagne où l'attend une mort certaine après maintes péripéties hautes en couleur. Ned Rise est embauché par Mungo et ce duo escorté de belles crapules et part à la conquête du Niger.
Ce qui semblait parfaitement organisé va devenir une terrible débandade au fil des mois. Poursuivis par des Maures cruels et bien décidés à les décimer et mis à mal par une nature hostile où la saison des pluies est aussi dangereuse que la saison sèche, Mungo Park et les siens sombreront au fil des jours sans avoir atteint le but de leur mission.
Voici retracé le fil conducteur de cet énorme roman de 830 pages, dense à souhait et librement inspiré de faits historiques. Si j'ai pris le parti d'exposer une forme de résumé, c'est parce que l'intérêt du roman dépasse largement le simple exposé des éléments chronologiques. Ce que je dévoile n'est que le squelette de l'ouvrage sur lequel l'artiste a construit son oeuvre.
Boyle est un très grand écrivain. Les destins croisés qu'il propose au lecteur ne servent pas uniquement la trame narrative, mais exposent des personnages complexes à la personnalité fouillée. Chacun est disséqué, analysé et interagit dans l'histoire avec justesse, héros en tête de file et seconds rôles compris.
Boyle prend le temps de peaufiner tous les instigateurs de l'aventure, même les plus modestes et donne ainsi un volume et une force incomparables à son récit.
La finesse de la relation intime entre Mungo et sa femme est un modèle du genre, digne d'un Flaubert ou d'un Henry James.
Et que dire de cette analyse fine et complète d'un univers où la nature et les cultures sont détaillées avec une extrême minutie au bénéfice d'un lecteur émerveillé par les découvertes que recèle chaque page… La faune, le climat, la végétation, les transformations au fil des saisons, les maladies tropicales, tout est scrupuleusement inventorié de manière presque scientifique.
D'autre part, la beauté de la langue, teintée de poésie parfois, d'humour souvent, de figures de style chatoyantes et de richesse dans le vocabulaire, et qui rendent la lecture envoûtante. Personnellement, il m'aura fallu une bonne centaine de pages pour entrer dans cet univers si particulier et complexe. On est désorienté dès les premières pages. Plusieurs fois j'ai dû faire appel au dictionnaire pour comprendre le sens de certains mots rares ou scientifiques, ou pour situer des lieux géographiques qui m'étaient inconnus…
Il est vrai qu'un effort important est nécessaire pour apprécier toutes les subtilités d'écriture de ce grand écrivain américain, mais cet effort est vite récompensé par un plaisir incomparable et rare.
Water Music est certainement un chef d'oeuvre pour qui saura embrasser la richesse et la diversité du roman, roman au niveau des ouvrages de Dickens, auteur de référence pour Boyle. Ce fut son premier succès et il me tarde de découvrir ceux qui l'ont rendu célèbre en France : America et Au bout du Monde, récompensés par de nombreux prix prestigieux.

Michelangelo 2/02/2021

Lien : http://jaimelireetecrire.ove..
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Avec brio et drôlerie, T C Boyle tricote l'histoire de Mungo Park, un écossais de 24 ans, et celle de Ned Rise, dont chaque tentative pour se sortir de la misère est contrecarrée comme une loi inévitable du destin. Mungo Park, lui, est choisi par l'African Association de Londres, pour chercher les tenants et aboutissants du fleuve Niger ;
Se jette t il dans le Nil, se perd t il dans le désert , bifurque- t-il vers le Sud, ce Djoliba, nom mandingue du Niger ?

Les sociétés géographiques anglaises, et derrière eux, les puissances européennes, connaissent l'Afrique au dessus du Sahel, connaissent les côtes où elles ont établi des comptoirs, mais ne connaissent pas encore l'intérieur de ce continent, et veulent comprendre où coule le Niger (bien sûr, avec la certitude d'un pays rengorgeant d'or et de richesses diverses et l'espoir d'un commerce juteux). « Les nations primitives de l'endroit mouraient d'envie d'échanger d'énormes quantités d'or contre des perles, des miroirs ou des saucières en étain »

de plus, l'Angleterre veut coiffer la France au poteau, on est les meilleurs et les plus rapides.
Qui pourrait s'aventurer dans une terre inconnue, sans cartes, sans guides, avec quelques prédécesseurs européens, qui n'en sont pas revenus ? Qui sera assez inconscient pour explorer les rives et le cours du fleuve Niger, en 1795 ? Ce sera Mungo l'ingénu.


Dans le film de Weber « la chèvre » François Perrin passe avec ingénuité à travers tous les tracas de la vie quotidienne, la salière qui se renverse sur ses oeufs, la porte vitrée dans laquelle il s'empaffe, les sables mouvants, les guêpes, car son bonheur ne peut pas être atténué pour si peu.
Mungo Park , de même, découvre avec candeur, préférant partir seul avec un interprète et un serviteur, au lieu de suivre les caravanes d'esclaves ( allant de la côte jusqu'à l'intérieur des terres, Je me pose la question ?)visiter les terres qui le conduiront au fleuve Niger : il connaît tous les pires affronts à cause de sa peau trop blanche- c'est un revenant, il a la peau et l'âme délavée, voilà l'esprit des morts -et de ses yeux de chat, horreur, puis est mis en prison par le calife Ali, détroussé de tous les cadeaux qu'il apportait de bonne foi aux différents puissants de cette terre , mis en pièces, mourant de faim et de soif , en proie aux fièvres dont la redoutable malaria, allant de malheur en malheur. Peu lui importe, il n'a à défendre aucun honneur, il n'a aucun bénéfice autre que la découverte du Niger, et ce qui lui arrive représente un prix bien maigre à payer.

Un François Perrin qui accueille tout ce qui lui advient comme une expérience et qui continue son petit chemin.

Ned de son côté connait les désastres de la prison, la faim, les mauvais traitements, et TC Boyle ne lésine pas sur les détails de la barbarie londonienne de cette fin de siècle : pour mendier, des doigts en moins, pour manger, récupérer des cadavres en vue des premières autopsies, vive la science, pour survivre, jouer de la flute avec « Barrenboyne » et organiser des sortes de bacchanales ou vendre des oeufs de maquereau noircis au cirage comme du vrai caviar russe.
D'ailleurs, le sort des paysans pauvres de l'Ecosse de la fin du XVIII siècle est très similaire à un servage/ esclavage. Ils n'ont rien et sont attachés à la demeure du maitre jusqu'à ce que mort s'ensuive. Les pauvres, même pas paysans, oublions, ils crèvent de faim, point.

La différence entre les deux personnages, Mungo et Ned, c'est l'inconscience du premier et le cynisme de l'autre.
L'intérêt du livre, en plus de cette psychologie des deux personnages et de leur attitude devant le malheur – acceptation pour Mungo, révolte pour Ned- ce sont les références historiques, en plus de l'humour toujours.

Livre foisonnant, ultra bien documenté, mélangeant il est vrai histoire et inventions crédibles, évoquant longuement aussi les sentiments d'Allison, la femme abandonnée pour un fleuve, décrivant ce qui lui semble être la vérité, et la rapprochant, en se moquant bien sûr, du livre « feel good » écrit à son retour par Mungo Park.

Car ce petit ingénu , qui sourit alors qu'on l'on s'apprête à lui crever les yeux, qui ne connaît rien des coutumes des différents royaumes qu'il visite, qui découvre avec candeur les codes, les péages à payer, les interdictions , par exemple de boire l'eau d'un puits si l'on est un « infidèle », finit par s'en sortir , par rentrer en Ecosse, par se marier, par faire des enfants.
De plus il écrira, car il est le premier européen à visiter et à avoir vu ce que personne plus ne verra.
Le second voyage est plus difficile, et plus violent, car malgré la volonté de Park, il est entouré de soldats, dont le travail est de tirer sur tout ce qui bouge, et se font bien entendu décimer par les fièvres, la faim, l'humidité qui entre dans les os, et la riposte de ceux qui sont agressés.
L'histoire garde la mémoire de ce voyageur, qui meurt cependant avant d'avoir vu l'embouchure du Niger, car son bateau sombre dans les chutes de Boussa. Et avant d'avoir livré ses mémoires du second voyage interrompu par la mort.

Est ce sa candeur preuve de sa probité, qui émeut ? Est ce le fait qu'il soit le premier, plus innocent qu'intrépide, et que grâce à lui nous connaissons ces royaumes gorgés de richesses, policés, différents les uns des autres, souvent ralliés à l'islam, prospérant grâce à leurs échanges commerciaux. ? le fait est que Mungo Park est inoubliable, et le livre Water Music racontant en détail sa vie inoubliable lui aussi. Je l'avais lu lors d'une hospitalisation due à une forte crise de malaria, et je viens de le relire avec encore plus de bonheur.
Sans malaria, c'est mieux.
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Ce roman fleuve ( elle est facile celle-là) est une performance d'écriture : T.C.Boyle se saisit du récit de voyage plutôt factuel de l'explorateur Mungo Park et lui donne un corps de sensations, sentiments , perceptions et dialogue d'un réalisme saisissant . Il nous plonge en respectant le texte original ( j'ai relu le texte de Park) dans les épreuves physiques et morales affrontées dans cette aventure incroyable . Mais il nous propose aussi de vivre les espérances et les tourments de l'épouse de l'explorateur et de son entourage. Enfin il ajoute un personnage extraordinaire , Ned Rise , escroc , voleur , à l'affut de toutes les occasions pour s'extraire des bas-fonds de Londres auxquels il semble voué. Cet arc narratif forme un savant contrepoint à l'aventure africaine , relativisant les notions de sauvagerie et de civilisation. Ce remarquable ouvrage joue sur toute la gamme des tons du comique rabelaisien au drame shakespearien ,avec un vrai raffinement poétique dans les descriptions , une verve réjouissante dans les dialogues et un regard caustique sur l'humanité.
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Il est des existences qui ressemblent à des romans, des vies traversées d'un souffle romanesque. Le destin de Mungo Park, explorateur écossais en est un magnifique exemple.
En écrivant ce premier roman, Water Music, T.C. Boyle pourrait présenter une certaine facilité à se pencher sur la vie de ce jeune explorateur écossais dont il entreprend de retracer quelques épisodes magnifiques dans sa mission à la recherche de la source du fleuve Niger. Se pencher, observer, recueillir, poser les faits sur des pages d'écriture, et hop ! Voilà l'affaire conclue !
À quel moment, la biographie s'éloigne-t-elle vers la fiction comme une barque glissant justement sur un fleuve, au hasard appelons-le Niger ? Et de cette barque qui dérive, l'auteur sur la rive tente de continuer à en décrire les contours, la forme, les occupants, il court sur la berge, l'observation devient moins fine, il la devine peut-être à travers la brume qui remonte de l'eau du fleuve, entend les chants sur l'autre rive, bientôt il ne voit plus la barque, alors il lui faut imaginer ce qu'elle est advenue, le chemin qu'elle a peut-être parcouru, plus loin...
Nous sommes à la fin du XVIIIème siècle. L'Europe bouge. L'Afrique est inexplorée. Une nouvelle période s'ouvre, la volonté de conquérir le monde, dans ses contrées les plus éloignées et mystérieuses. Elle se fait par les terres, par les océans, mais aussi en remontant aux sources les plus cachées des grands fleuves. C'est ce leitmotiv qui nourrit le rêve et le destin de Mungo Park, conquérir le fleuve Niger.
Rien n'était gagné justement dans le destin initial de Mungo Park, c'est ce qui rend géniale l'aventure qui est retranscrite dans ce récit.
Mungo Park est au départ un être insignifiant, noyé parmi d'autres hommes, noyés dans une famille où tout semblait prévu pour qu'il s'efface devant les ambitions.
Dans ce roman grandiose, pas loin de 800 pages, j'ai été emporté par le souffle épique, un côté picaresque dans la narration, une manière de nous entraîner dans le sillage de chacun des personnages, chaque lieu que visite le récit nous offre l'occasion de plonger dans son odeur, son bruit, sa misère, sa révolte, son étonnement, ses atrocités, son espérance.
Ici déjà, et c'est selon moi la première pierre posée au talent de T.C. Boyle, montrer comment Mungo Park, issu d'une famille plutôt de très bonnes conditions, où chaque membre grenouille d'ambitions, va chercher à s'extirper de ce marigot.
La deuxième pierre contribuant à ce talent sera de permettre la rencontre de Mungo Park avec un certain Ned Rise, issu des bas-fonds sordides londoniens, autant dire le mariage du lièvre et de la carpe.
Cette relation improbable sera un des fils conducteurs de la narration, apportant toute la verve et les différents rebondissements. Autant dire qu'ici T.C. Boyle est venu se mêler de ce qui ne le regardait pas en venant côtoyer les deux aventuriers au plus près d'eux-mêmes, posant son regard acéré et éperdu, contredisant par ce geste inspiré que les écrivains ne servent à rien.
Enfin, je dirai, la richesse des détails, effectivement 800 pages pour remonter un fleuve, ne serait-ce que le Niger, c'est un peu long, on pourrait se poser des questions avant d'aborder le roman, même si je vous dis que Mungo Park s'y est repris à deux fois.
Mais voilà, l'exploration est presque un prétexte. Sur tous les fleuves, il y a des rives et des berges où accoster est parfois plus dangereux que le tumulte des flots. Tout comme chaque page qui tient par ses marges. Ici la richesse tient aussi à ce qui tient la page : la marge, la rive, la berge et la vie qui grouille aux abords, la vie belle et cruelle...
J'ai aimé ce livre envoûtant ou chaque page oscille d'une rive à l'autre, me laissant dériver comme sur une barque du Niger, plus sereinement sans doute que les personnages de ce récit grandiose.
Pour moi ce roman est un chef d'oeuvre.
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Un roman exceptionnel ! On quitte l'Europe aux côtés de Mungo Park avant de s'enfoncer progressivement au coeur de l'Afrique et de parcourir le fleuve Niger.
Un roman envoûtant que vous ne pourrez pas abandonner.
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