Mort un soir de février 1941, digéré par la boue du printemps, Kowalski se décompose et s'enfonce tête la première vers il ne sait quoi. Mais sa conscience se rebelle et elle est incapable de quitter le cadavre. Elle parvient même à déplacer le corps car elle se sent à l'étroit et étouffe sous tant de terre. À force de pousser la terre de la compresser la conscience réussit à creuser un trou.
"Et je continuais à agiter le corps avec de plus en plus de vigueur, d'énergie, d'enthousiasme. Ce n'était peut-être pas beau à voir ni à entendre, mais une chose est certaine, chanter et danser, ça rendait le cadavre... comment dire? ... joyeux. Il était temps de sortir du trou"
Alors, la conscience pousse le cadavre à creuser un tunnel. Il a tout son temps. Et il finit par déboucher dans une mine désaffectée où il trouvera le cadavre d'une petite fille. Mais, qui a tué cette petite fille?
Loin d'être une histoire de zombie,
le cadavre de Kowalski nous présente la mort "vivante" sous un jour décalé, d'une insouciance presque grotesque et certainement... détachée.
J'ai apprécié l'approche philopoétique (pour reprendre un mot de David Bouchet) du sujet. Les philosophes s'étant de tout temps intéressés de près à la mort, celle-ci n'étant qu'un sujet de spéculations. Car le problème est que nous ne pouvons penser à la mort qu'en tant que vivant. Là,
Vincent Brault, donne au mort une conscience. Une conscience qui s'accroche et veut encore jouir des privilèges des vivants même si son corps est plus que décrépi. Elle fera avec. Pas le choix.
Mais ce livre est incomplet. Brusquement, alors que le cadavre sort de son trou, on le retrouve dialoguant avec Myriam, une infirmière. On suppose que le cadavre a été retrouvé par les hommes chargés de fermer la mine mais rien ne nous prépare au fait qu'il peut parler et interagir avec la tante de la petite fille morte. J'aurais aimé qu'en parallèle du voyage sous terre du cadavre de Kowalski, on nous raconte l'histoire de la mine et de la petite fille et que par un suspense monté en crescendo on arrive à la collision des deux mondes et au dénouement.
Un autre irritant: les dialogues en joual. On aurait pu sen passer.
À lire, certainement. Pour son originalité et son étrangeté.