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Critique de dourvach


Si une langue est belle et maîtrisée, elle n'en devient pas forcément "artificielle". La langue magnifique de "Nadja" assume de ne PAS vouloir à tout prix émouvoir son lecteur -- par exemple, avec la détresse psychique manifeste de la personne qui a visiblement servi de "modèle" à l'écrivain...

Cette langue est pudique (comme son auteur). J'aime -- pour ma part -- énormément cette pudeur-là, et me fatigue très vite de tout chantage à l'émotion (Cf. "Charlotte" de D. Foenkinos où l'auteur satellise -- certainement sans en être très conscient -- autour de ses affects personnels la destinée tragique d'une jeune peintre décédée à 28 ans dans les circonstances tragiques que l'on sait...).

La lecture de la "Nadja" d'André BRETON peut avoir sur son lecteur un effet hypnotique (j'en témoigne !).

Lire ce que l'on nomme -- encore aujourd"hui -- "La grande Littérature" (oposée à la paralittérature ou, pire, la NON-littérature dont la prolifération a été dénoncée par Gracq dès 1950 dans son court pamphlet "La littérature à l'estomac") n'est pas forcément le plus "facile", j'en conviens...

On pourra d'ailleurs lire avec profit (pour éclairer notre lanterne poétique) le petit essai amical de Julien GRACQ : "André Breton. Quelques aspects de l'écrivain", (José Corti, 1948).

Sur-travailler un manuscrit n'est pas -- ou pas forcément -- signe qu'on "se regarde écrire". Pour conforter mon propos, C.F. Ramuz a écrit 6 versions successives de son roman magnifique "Le Règne de l'esprit malin" entre 1914 et 1946... (une oeuvre formidable d'originalité et de poésie sombre, toujours méconnue des lecteurs francophones aujourd'hui !), mais plutôt d'une formidable exigence esthétique qui peut aussi "émouvoir"...

L'esthétique de Breton ignorait totalement celle des "faiseurs" de son temps... et se f...tait pas mal des tristes & sinistres "Pri-prix" littéraires, et autres concours à caniches savants qui "font" toujours l'actualité "littéraire" ici et là, hélas...

Et puis, l'aspect proprement "fantastique" des photographies et peintures intercalées dans le texte, comme dans l'onirique roman de Georges RODENBACH, "Bruges-la-Morte" (1892) où le rêve surnage et affleure, accessible au lecteur, à portée de chaque page...

Ceci pour dire que je me souviens encore de cette progressive modification de l'état de conscience de son lecteur (et sans usage de substances psycho-actives qui ait pu lui être concurrent) apportée par la lecture de l'étrange "Nadja" d'André BRETON...
Lien : http://www.regardsfeeriques...
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