Celui qui lit ne sait rien de la page
qu'il n'a pas encore tournée. Il a toujours
le coeur nu. Il est toujours au pied de l'échelle
voyageuse, entre l'infime et l'infini. Il veille
entre les mots. Le parfum de l'encre,
de la colle et du papier lui tenant lieu de lande,
de rivière, de chevaux, de clairière,
de caresses inoubliables.
Celui qui lit écarte les roseaux.
Il voit passer un oiseau superbe.
Lourd, incertain et léger
comme tous les oiseaux.
Celui qui lit avance dans la vie
la plus vraie avec la nonchalance du dormeur
et la sauvagerie du bûcheron.