Citations sur Les sorcières du clan du Nord, tome 2 : La Reine captive (6)
- Alors que cherchez-vous ? demanda-t-elle.
Devant l'expression de surprise de Charlock, elle expliqua :
- D'après mon expérience, les gens qui voyagent cherchent quelque chose ou sont perdus. Et vous n'avez pas l'air perdue.
Charlock n'aurait pas su dire pourquoi elle répondit, tout comme elle ne comprenait pas pourquoi elle avait révélé son prénom. Elle savait que c'était mal, que cela allait à l'encontre de tout ce qu'on lui avait appris, mais son intuition la poussait à répondre. Et en le faisant, cela lui parut étonnamment juste.
- Je cherche une amie... Je ne l'ai pas vue depuis longtemps. Près de seize ans, environ.
- Et vous avez des raisons de croire qu'elle habite toujours la région ?
- Je pense qu'elle est du côté du village de Bois-Joli. Mais elle est perdue...
Nous sommes en miettes, mais nous pouvons rassembler les morceaux, un à un, et retrouver tout notre être. Je le sais. Le pass ne doit pas définir notre présent.
Savait-elle que son absence prenait plus de place que sa présence, que son silence était plus tonitruant que sa voix ?
-Aujourd'hui, j'ai perdu ma mère, je refuse que tu perdes la tienne.
- Mais elle t'as tuée !
- Elle m'as délivrée.
- Dégage de mon terrain! Dégage de mon terrain! répétait-il.
Badiane promena son regard sur le champ rectangulaire, entouré de clôtures et de haies, avec une écurie à une extrémité et un abreuvoir à l'autre. Son terrain. Il lui semblait étrange que les ivraies croient pouvoir posséder la terre, l'eau, l'herbe, les cailloux, les arbres et les plantes. S'imaginaient-ils aussi posséder le ciel? Badiane leva la main et laissa l'air couler entre ses doigts.
Savait-elle que son absence prenait plus de place que sa présence, que son silence était plus tonitruant que sa voix?