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Citations sur Au-delà du silence (17)

C'est en passant devant la glace monumentale et piquetée du deuxième palier qu'elle surprend son reflet. Elle va chercher une bougie dans sa chambre, revient scruter son image, pour la première fois depuis trois ans, sept mois et treize jours. Scruter son visage ! Puis son corps, de la tête aux pieds.Tout ce que les autres voient et qu'elle doit désormais oser regarder. Ce qui est arrivé l'a enfin libérée : elle peut se regarder en face.
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Mais Hanna n'a rien à craindre. Lorsque trois, quatre, cinq soldats font irruption dans sa chambre installée à un guéridon rudimentaire, elle leur lance un simple regard et, quand ils voient son visage, ils s'immobilisent, bouche bée et, l'air grave, battent en retraite, fermant la porte derrière eux. Confirmation éclatante qu'en effet elle n'a plus rien à craindre. Confirmation douloureuse, également, d'un rejet définitif et total. Même ces charognards n'ont pas voulu d'elle. Elle est descendue plus bas que la femme, plus bas que les animaux et les melons sauvages dont ces hommes se servent pour copuler lorsqu'ils n'ont rien d'autre sous la main.
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Quand Hanna lève les mains pour demander ce que toutes ces histoires signifient, la vieille Taras sourit et répond par une question : "Tu souffres toujours autant ?" Hanna hoche la tête en dénégation : elle se sent mieux. Et Taras de dire : " Ca sert à ça les histoires."
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A vrai dire, elle a toujours supporté tout ce qu'on choisissait de lui infliger mais elle a toujours refusé son assentiment. Quelque soumise qu'elle ait pu paraître, cette résistance obstinée et bien ancrée a toujours été là. Quand on dépassait les bornes; il arrivait que la seule protestation possible fût la fuite ; en d'autres occasions, elle s'opposait à Frau Agathe, au pasteur Ulrich, à Frau Hildegard, ou elle mettait le holà aux fredaines de Herr Dieter et de ses successeurs ; toujours au tréfonds d'elle-même, elle leur adressait un "non" discret, en sourdine, à eux et à leur monde. Désormais, sa réponse ne sera plus muette. Enfin, elle a reconnu son droit à la haine. Elle donne un but au grand chambardement d'elle-même.
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On peut trouver du réconfort dans l'invariabilité de la routine, qui laisse peu de place aux émois privés, au loisir de réfléchir à un passé défunt ou à un impossible avenir. Tout est ici, maintenant, à jamais. Hanna doit éliminer les sentiments , et jusqu'à la notion qu'une telle chose existe : trop sombre, trop dangereuse, trop imprévisible, désert dans lequel elle n'ose s'aventurer. La nuit seulement, la traîtrise des rêves. La plupart sont des cauchemars terrifiants.
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Est-il possible de détruire autrui sans détruire au moins une partie de soi?
(p. 300)
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Mais bientôt, l'honneur ne fut plus de mise; et, au fil du temps, surtout après que le Generalleutnant von Trotha eut pris le commandement, la guerre se fit aussi bestiale que toutes les autres, embrasant de grandes étendues de la colonie au fur et à mesure que le général étendait sa tactique de la table rase. Parfois, la guerre se résumait à des anicroches, des attaques isolées, de type guérilla, sur des fermes, des avant-postes, des camps militaires, mais deux ans auparavant, en 1904, brutalement, on était passé à la guerre totale.
N'ayant plus rien à perdre, après avoir décimé leurs troupeaux, les Herero déclenchaient des vagues successives d'attaques désespérées pour refouler l'envahisseur...
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Derrière le musée de Brême où je m'attardai toute cette matinée, la mélancolie de Modersohn-Becker passée sur les épaules comme un plaid élimé, se trouve la place de l'hôtel de ville, avec sa statuaire d'après-guerre représentant les Musiciens de Brême : la rossinante décrépite, le chien galeux, le chat décharné, le coq dépenaillé du conte de Grimm, leur cacophonie pétrifiée pour l'éternité. Toutefois, en s'éloignant de la place, on pouvait aisément imaginer l'abandon infernal avec lequel, si par une nuit d'hiver on leur en donnait la moindre occasion, ils se mettraient à braire, aboyer, miauler et faire cocorico, déterminés qu'ils seraient à infliger la crainte de la damnation éternelle aux voleurs et aux honnêtes gens sans discrimination.
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A l’arrivée de la cargaison de femmes dans la baie de Swakopmund, après un voyage de trente jours le long de la côte ouest de l’Afrique, des centaines d’hommes, consommés par les feux de la concupiscence non étanchée par les autochtones ou les bêtes, vociféraient sur le quai. Certains avaient consigné leur requêtes et exigences des semaines ou des mois à l’avance ; beaucoup d’autres venaient tout bonnement tenter leur chance, voire se rincer l’oeil et lancer des hourras avant de s’enivrer dans les tavernes de la ville grouillante.
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Page 306
Si nous levons une armée contre eux, ils nous détruiront. Mais il n'est pas nécessaire de leur livrer une guerre ordinaire. Nous agirons lentement, pas à pas. Et nous finirons par vaincre. Parce que je ne suis pas seule. N'oublier jamais ça. Nous ne sommes pas seules.
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