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EAN : 9782253035701
320 pages
Le Livre de Poche (01/01/1985)
3.82/5   108 notes
Résumé :
L'expédition conduite par Erik Larson à l'intérieur du continent sud-africain se termine par un désastre : le guide se suicide, les porteurs s'enfuient, les deux Blancs qui l'avaient conçue meurent.
Elisabeth Larson reste seule survivante, au milieu de l'immense veld. Apparaît Adam, un esclave en fuite, qui a suivi le convoi de loin.
Cette femme blanche, cet homme noir que tout sépare vont cheminer ensemble des mois, vers ce qu'ils appellent encore la... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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L'auteur s'inspire d'un fait divers du 18e siècle pour construire son roman.
En avril 1749, l'expédition menée par un explorateur suédois Erik Larsson dans des terres sauvages sud-africaines connaît des revers. Suicide du guide, disparition des porteurs, vols de leurs équipements et enfin, décès de Larsson. Seule une personne survit : son épouse Elisabeth. En février 1751, elle revient au Cap en compagnie d'un esclave en fuite, Adam Mantoor. Aucune trace ne subsiste dans les archives sur ce qui s'est passé entre Elisabeth et Adam. Un trou que l'auteur va combler en restant fidèle aux conventions de l'époque et en entremêlant des thèmes qui lui sont chers : amour, liberté, place des femmes dans la société et regard sans complaisance sur l'esclavage.

Dès le début, nous connaissons les aboutissants de la survie d'Adam et Elisabeth. Dramatiques et si prévoyants. Connaître la fin n'empêche pas de découvrir avec plaisir et suspense l'intrigue imaginée par André Brink.
Elisabeth et Adam survivent donc pendant près de deux ans dans le veld avec comme objectif de rejoindre le Cap. Entre ces deux êtres que beaucoup séparent va naître une attirance, une passion sans cesse remise en question par l'un et par l'autre. Elle est blanche, il est noir. Elle est de la haute société, il est esclave. Elle est cultivée, il est ignorant. Elle est libre (croit-il), il est en fuite. Leur relation, malgré les élans passionnels, n'est jamais idéalisée. Ces deux années représentent une étrange expérience faite de douleurs et d'amour suspendue dans le temps et l'espace. C'est une parenthèse dans laquelle chacun se révèle à lui-même plus qu'à l'autre.

L'auteur s'est emparé de cette histoire avec brio. L'écriture nous emporte dans la nature sauvage africaine. On entend les cris des oiseaux, le rugissement du vent qui balaye tout sur son passage. J'ai été captivée par la relation entre les personnages, par leurs caractères et leurs difficultés à s'ouvrir à autre chose que ce à quoi ils étaient destinés. « Immobiles, ensemble, nous voyageons plus intensément que nous ne l'avons jamais fait. Qui es-tu ? Je n'ai jamais connu personne comme je te connais, toi. Tu m'es pourtant complètement étranger. » Un beau roman empli d'humanité et de soif de liberté.
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Un instant dans le vent c'est des instants de lecture magique … Des instants en Afrique où on se sent enveloppés dans une nature aride et généreuse à la fois. Un instant dans le vent, c'est des instants d'amour, des instants de calme, de sérénité, des moments d'angoisse, de peur et de solitude.
L'histoire part d'un fait divers, on connait la fin, donc. Mais ceci n'empêche absolument pas de savourer l'histoire. L'auteur a surtout imaginé le cheminement de deux individus que tout oppose, le cheminement que chacun accomplit en lui-même et envers l'autre. Un huit clos trépident, tourmenté, oppressant, sensuel. Des dialogues perçants et une réflexion qui nous plonge au fin fond de l'âme humaine. Qui sommes nous ? de quoi avons-nous besoin ? Quelle est notre place dans la civilisation ? Dans l'humanité ? Quelles sont nos forces et nos limites face à notre survie. le style est simple, sans artifices, poétique. En fermant la dernière page, j'avoue avoir eu les larmes aux yeux et la gorge nouée, ce qui est rare. Ravie d'avoir découvert cet auteur.
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Nous sommes au Cap, en Afrique du sud, l'apartheid règne encore. Erik Larsson est empailleur. Il conduit une expédition à l'intérieur du pays. Celle-ci se termine par un désastre: le guide se suicide, les porteurs s'enfuient attaqués par une bande de Hottentots, les deux Blancs de l'équipe meurent. de tous, seule Elisabeth Larsson survit. La voici, seule, au milieu de l'innocent veld. Apparaît alors Adam, un Noir. Peut-elle faire confiance à cet esclave en fuite? Malgré son sentiment de répulsion, son habitude de ségrégation raciale, il y a cet instinct de conservation, il y a la nécessité de survivre. Elisabeth choisit de survivre et par ce fait, accepte de cheminer pendant des mois avec Adam.
Un Instant dans le vent est le roman d'une époque mais aussi de toutes les époques. Au-delà de la question raciale, l'auteur soulève l'épineux problème des valeurs, de la civilisation. Peut-on faire confiance à un système autant aveugle que désespérément inapte à se contrôler? Dans un tel univers, une nécessaire redéfinition de l'homme et partant de l'humanité s'impose à tous. C'est la raison pour laquelle le roman est surtout la mise en lumière d'un cheminement s'accomplissant entre ces deux êtres que tout sépare. Un cheminement qui leur permet de faire l'expérience de la joie mais aussi et surtout de la douleur; une tentation de fusion avec le monde végétal. La nature serait alors le lieu de référence idéal pour une vie simple et réfléchie.
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Ma découverte d'André Brink se solde par une déception. L'auteur sud-africain s'inspire ici d'un fait divers survenu entre 1749 et 1751, fait dont on a retrouvé quelques traces écrites. L'expédition dirigée par un aventurier suédois Érik Alexis Larsson a tourné au désastre. Seule, sa jeune épouse a survécu dans ce qu'il reste du campement, perdue en plein bush sud-africain, quand apparaît Adam, un esclave en fuite. Dans le journal d'Élisabeth qui a été retrouvé, André Brink y a décelé qu'une histoire intime avait lié ces deux êtres que tout opposait, son imagination a fait le reste.
Si j'ai été séduite au début par la narration de leur rencontre, j'ai rapidement déchanté, gênée par le caractère imprévisible et manipulateur de la jeune femme, qui à mes yeux a du mal à faire abstraction de ses origines et de son intérêt. J'ai douté de sa sincérité.
D'autre part, je n'ai pas apprécié ce récit souvent écrit à la première personne où alternativement Adam et Elisabeth prennent la parole. Difficile de savoir qui parle...
Autre regret, rapidement l'histoire s'enlise et l'ennui gagne. Surtout que le prologue dévoile une grosse partie du dénouement.
Un récit sur le combat de deux êtres, celui d'une femme pour échapper aux carcans de son éducation et celui d'un homme pour survivre à sa condition, mais qui, au final tourne court. Si je comprends la révolte d'un écrivain contre la colonisation et l'apartheid dans son pays, je ne pense pas que cette histoire à laquelle j'accorde un 8/20, ne défende correctement cette cause.
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Nous sommes en l'an de grâce 1749. Une expédition menée à des fins scientifiques par Erik Larsson, afin d'établir une cartographie de l'intérieur du continent sud-africain, de ses richesses zoologiques et de sa flore, disparaît corps et biens : le guide s'est suicidé, les porteurs hottentots se sont égaillés dans la nature, un raid boschiman a tout emporté des marchandises et des animaux ou presque, Erik Larsson s'est volatilisé; seule son épouse Elisabeth a survécu. Elle réapparaît en février 1751, et fait sa rentrée au Cap accompagnée par un esclave en fuite, Adam Mantoor, dont la chronique nous apprend qu'il est flagellé et étranglé un mois plus tard par un exécuteur des basses oeuvres. C'est par ces quelques données factuelles et semble-t-il réelles que s'ouvre le récit; ainsi l'auteur entreprend de conter ce que l'on ignore de ces deux années d'errements dans le Veld, mais que les mémoires de la rescapée aurait laissé entrevoir et deviner.

L'auteur nous plonge donc dans l'Afrique du Sud des colons, à la moitié du XVIIIème siècle, alors que ces derniers étaient cantonnés à la région du Cap et dissuadés par les autorités d'explorer l'intérieur du pays. Il s'agit d'un évident jeux de miroir avec l'Apartheid qui sévissait toujours à la parution du roman (1976). Cet homme et cette femme que tout oppose - préjugés raciaux, traumatismes des blessures et des humiliations endurées, vont accomplir l'inconcevable rapprochement. Les éléments déchaînés, les dangers du Veld, la souffrance endurée ralentissent leur progression certes, mais en s'imposant à eux, ils dépouillent ces oripeaux que les conventions humaines ont tressés, et les ramènent à leur conditions premières, tel le couple originel (les prénoms des personnages sont suffisamment évocateurs) en une montée des sentiments d'amour et dans la fusion des corps. Leur passion impossible et condamnée dès le début est une des plus belles histoires d'amour qu'il m'ait été donné de lire. La maîtrise d'André Brink des ressorts de l'intrigue est magistrale ; la richesse des modes narratifs employés, l'entremêlement des flux de consciences des personnages, des réminiscences personnelles, tout est exposé sans véritable indication et nécessite la participation active du lecteur.

Hymne à la liberté, à la résistance face à l'oppression, un Instant dans le vent peut fort bien se lire comme un roman d'aventures tant les péripéties et les souffrances endurées dans cette terre sud africaine, chère au coeur de l'auteur - sorte de monde en résumé, tant par la diversité de son climat, la richesse de ses paysages et de sa faune, sont nombreuses et passionnantes. André Brink est un digne représentant de la littérature de son pays.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Je dois me battre pour ça, pense-t-elle. Pour le sauvegarder intact. C'est nôtre. Ca nous a appartenu, à nous seuls, jusqu'à aujourd'hui. Dans quelques jours, notre histoire sera exposée à tout venant. Mais je dois me battre pour ça. [...]
Pourquoi sinon aurions-nous fait toute cette route ? Tout ça n'est pas arrivé en vain. Nous survivrons. Ensemble. Nous n'avons été, pendant tout ce temps, qu'un homme et une femme. [...]
A partir de maintenant, les autres vont se démener pour nous séparer. Elle ferme les yeux. Cet homme assis près de moi et que j'aime. Cet étranger que je connais si bien.
Non : nous ne devons plus tout remettre en question, nous demander si les choses auraient pu tourner autrement. Ca n'en vaut pas la peine. Ce qui est arrivé est arrivé parce que tu es toi et que je suis moi. Si nous avions été différents, nous aurions agi différemment. Nous avons décidé de ce qui est arrivé et de ce qui arrivera à partir de maintenant.
Ce pays a rendu cette histoire possible. Nous n'avons pas le droit de regretter quoi que ce soit.
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Ce peut être la fin. Cette idée l'emplit de tristesse. On devrait pouvoir se laisser bercer, sans conscience du temps, au fil des jours, abandonné comme une algue devant la marée, mais on est toujours balayé, emmené au large.
Un aigle plane bien au-dessus des rochers et cherche une proie. Presque immobile, il reste suspendu dans les courants les plus forts, petite croix dans l'espace infini. Lui aussi, un de ces jours, tombera comme une pierre. Ce qui semble si lointain, devient tout à coup évident, immédiat. Demain devient aujourd'hui; aujourd'hui se mue en hier. Et la terre n'en est nullement troublée. Ce ne sont que graines de charbon emportées par le vent, soupirs insignifiants dans l'espace.
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- Ton père ne se sentait pas en sécurité ? Il avait quelques fils bâtards, pourtant.
- Raison de plus pour les craindre, peut-être, dit-elle avec calme.
- Et c'est sa propre fille qui a fini par se rebeller contre lui !
- Non. Je ne pense pas m'être vraiment rebellée contre lui. Je ne me suis peut-être rebellée que contre ce qu'ils tentaient de faire de moi. Tout aurait été différent si j'avais eu des frères, si ma mère ne m'avait pas continuellement reproché d'être une fille. Je me souviens très bien d'avoir souvent pensé : être un garçon, c'est être tout. Être une fille comme moi, c'est ce qu'il peut vous arriver de pire. Ne fais pas ci, ne fais pas ça. Fais attention à tes cheveux. Fais attention à ta robe sinon tu vas la salir. Fais attention à tes cheveux. Fais attention au soleil sinon il va te brûler le visage. Crois-tu qu'un homme regarde deux fois une fille qui fait de telles choses ? Tel était le but ultime : être séduisante aux yeux d'un homme. Peu importe ce que tu désires ; ta vie est déterminée par quelqu'un d'autre.
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J’étais peut être plus jeune à ce moment là. J'avais besoin de cette violence soudaine pour prendre conscience. Je suis moins exigeante aujourd'hui; mes besoins sont plus humbles. Dans la tranquille persistance de cette souffrance, je redécouvre cette connaissance désespérée de ce que je suis. Je continue simplement. L'horizon reste inaccessible. Je m'y suis résignée . Je continue cependant. Sans ce désespoir ce serait impossible. Sans lui, je ne saurais même pas que je suis vivante. Je t'aime à cause de ce désespoir.
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Cela ne peut - il durer au-delà du moment? se demande - elle en sentant un accès de toux naitre dans sa poitrine. Il s'efface, ce moment qu'on regarde avec tant de confiance et dont on croit qu'il va réparer une vie de souffrance. Tout ce qu'il en reste est cette nuit dans les montagnes- et le souvenir est vague et incertain. Ce moment était si autonome. Ils n'ont plus à présent qu'à savoir et croire que ce moment a bien eu lieu. Et demain?
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Vidéo de André Brink
Vendredi 18 septembre 2020 / 9 h 45
Jean Guiloineau part sur les traces des petits cailloux semés par Geneviève Brisac et qui font écho ou référence à l'oeuvre de Virginia Woolf. Lectures par Anne Mulpas, poète, performeuse et artiste multimédia.
Directeur de la revue Siècle 21, Littérature & société. Jean Guiloineau est aussi traducteur : Nelson Mandela, Toni Morrison, Nadine Gordimer, André Brink, etc.
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