Olga, intégrale : Le grand livre d'Olga

On reconnaît un véritable adulte à ce qu'il fait tout le temps semblant d'être sourd. Et qu'il finit par le devenir.

Et puis, si tu veux, je peux te faire un cahier de phrases célèbres. Qu'est-ce que tu penses de celle-ci : "Il faut laisser la porte ouverte à l'erreur, sinon par où entrerait la vérité?"

Selon maman, un enfant ne doit jamais obéir à un adulte qui le culpabilise. Il doit même lui dire: je ne t'obéis pas parce qu'il est interdit d'obéir à une phrase culpabilisante.

La vie c'est pas la vie, voilà ce que j'ai! dit-elle avec tristesse, en regardant la grande porte en bois bleu de l'école Andersen. Quand est-ce que je vais vivre vraiment, tu comprends? Je m'ennuie, je m'ennuie tout le temps! Est-ce que ça changera un jour? Vous, ça ne vous gêne pas de ne pas vivre vraiment, mais moi, je ne le supporte pas!

Mais pourquoi les parents ont toujours peur ? La peur d’Olga, c’est qu’il ne se passe rien. Si ça continue, elle n’aura rien à raconter quand elle sera grande. Déjà qu’elle oublie tout.

Ouf. C'est tuant d'écrire; les idées s'en vont pendant qu'on dessine les lettres. Olga a essayé de dicter à son papa, mais il n'est pas patient. Il est beau, mais pas patient. Et puis il écrit trop mal, pas du tout comme la maîtresse. On ne peut pas lire après.
"Je me demande comment ils font à son bureau. Ils n'osent pas lui dire."

Le ciel s'est couvert d'un coup. il fait froid sur la terrasse.
La mer doit être noire, pense Olga non sans satisfaction. Elle adore penser à la symétrie entre ciel et terre. Ils reflètent, ils se font miroir l'un de l'autre. C'est ce qu'il y a de mieux dans la nature.

Pour son père, de toute manière, il ne pouvait se passer qu'une seule chose dans la vie des filles : tomber amoureuse. Parce qu'il le souhaitait, ou parce que ça lui faisait peur : mystère! Mais en toute circonstance, maladie, retard, avance, mauvaise note, bonne note, chagrin ou joie, sa phrase rituelle était : "Qu'est-ce qui t'arrive, tu es amoureuse?"
Et jamais les filles ne répondaient à cette question exaspérante. Comme s'il ne pouvait rien arriver d'autre dans la vie.

Quand on est grand, on peut faire tout ce qu'on veut, et tout ce qu'on trouve à faire, c'est dormir tout le temps et embêter ses enfants. (p. 22).

Esther et Olga débarrassent la table, c'est délicieux d'être des petites filles modèles, de temps à autre. (p.54)