Lorsqu'elle n'était pas là, Skype prenait le relais. C'est peut-être paradoxal, mais la distance peut rapprocher, vous savez. Quand l’autre n'est pas là physiquement, il ne nous reste que ça : sa parole, sa voix... On discute jusqu'à ne plus rien avoir à se dire, et c'est à ce moment que ça devient intéressant - car lorsqu'on n'a plus rien à raconter sur son quotidien, on est obligé d'aller plus loin. On gratte les couches, on les perce l'une après l'autre, on se dévoile...
Mais c'est quoi, le temps, au fond? Est-ce qu'on en profite plus quand on en a moins? Et pourquoi est-ce qu'on a l'impression que c'est un contenant vide, un truc qu'on doit absolument remplir pour qu'il prenne de la valeur? Est-ce qu'il n'est pas précieux par nature? Une heure à réfléchir, allongée dans son lit, ça vaudrait moins qu'une heure à boire des cocktails sur le pont d'un yacht?
Mais c'est quoi, le temps, au fond? Est-ce qu'on en profite plus quand on en a moins?
Quand on était petits, les gens l'appelaient Hirondelle, et c'est vrai que ça lui allait bien : elle était toujours à papillonner, à sourire, à éclater de rire, un pur oiseau de printemps.
Lorsqu'elle n'était pas là, Skype prenait le relais.
C'est peut-être paradoxal, mais la distance peut rapprocher, vous savez. Quand l'autre n'est pas là physiquement, il ne nous reste que ça: sa parole, sa voix... On discute jusqu'à ne plus rien avoir à se dire, et c'est à ce moment que ça devient intéressant
- car lorsqu'on a épuisé les sujets du quotidien, on est obligé d'aller plus loin. On gratte les couches, on les perce l'une après l'autre, on se dévoile...
Et plus j'en découvrais sur Elena, plus je l'aimais.
Mais au cas où tu te poserais la question, elle ne teste pas tes limites. Elle teste les siennes.
- Il paraît que tu as une passion pour les feux d'artifice ? je l'ai entendu demander.
Elle a hoché la tête. Puis, après un instant d'hésitation, elle a ajouté :
- J'ai l'impression d'en être un, parfois. Coloré mais éphémère.
Quant à moi, si je l'accompagnais, ce n'était pas spécialement pour les feux. C'était plutôt pour ceux qui se reflétaient dans ses yeux quand elle levait la tête vers le ciel, au moment où les fusées éclataient.
Ce soir-là, je retenais un sourire en songeant que Léo allait les découvrir à son tour. Et en même temps, je le plaignais : parce que, alors, ce serait dur de les oublier.
- Il paraît que tu as une passion pour les feux d'artifices ? Je l'ai entendu demander.
[...]
- J'ai l'impression d'en être un, parfois. Coloré mais éphémère.
Mais c'est quoi le temps au fond ? Est ce qu'on profite plus quand on en a moins ?