Par Syros
Avec Claudine Aubrun, autrice ; Camille Brissot, autrice ; Elsa Valentin, autrice ; Florie Saint-Val, illustratrice ; Anna Stevanato, directrice de l'association Dulala
Modération : Stéphanie Hovos-Gomez, directrice éditoriale ; Sandrine Mini, directrice, Syros
Durée : 45mn
Zoom sur la nouvelle Collection de romans grand format « OZ », pour les 8-12 ans en compagnie de deux autrices Camille Brissot (Mystères à Minuit) et Claudine Aubrun (Matou Watson). Présentation de l'album plurilingue d'Elsa Valentin et Florie-Val, Chaprouchka mené en collaboration avec Dulala (D'une langue à l'autre).
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J’ai survécu à un tsunami, puis au choléra, au typhus, ainsi qu’à toutes les autres saloperies qui traînent ici. Et c’est finalement l’ennui qui me tue.
C'était une chose que d'imaginer ce que Sam devait endurer au quotidien. Cela en était une autre que de faire face à ces regards emplis de mépris. Pour Charlie, ce fut aussi violent qu'une claque en pleine figure.
Vous n'avez jamais assisté à de véritables funérailles, Daniel. La moitié des gens y pleurent le disparu, tandis que les autres pleurent la douleur des premiers.
Car, lorsqu’une journée est trop longue, il ne reste qu’une chose à faire: y mettre soi-même un terme.
Sérieusement ? Des limbes, des sangsues, et maintenant des chiens ? Quelle serait la prochaine surprise : des arbres carnivores ?
- Quel adorable petit coin de forêt ! ai-je soupiré.
L’amour ne nous est pas tombé dessus, Daniel. Nous l’avons laissé venir, puis se développer.
– Comme une plante ?
– Comme une plante, confirme-t-elle. Solide et fragile à la fois.
Lorsqu'elle n'était pas là, Skype prenait le relais. C'est peut-être paradoxal, mais la distance peut rapprocher, vous savez. Quand l’autre n'est pas là physiquement, il ne nous reste que ça : sa parole, sa voix... On discute jusqu'à ne plus rien avoir à se dire, et c'est à ce moment que ça devient intéressant - car lorsqu'on n'a plus rien à raconter sur son quotidien, on est obligé d'aller plus loin. On gratte les couches, on les perce l'une après l'autre, on se dévoile...
Face à un deuil, on est toujours seul, il me semble. C’est un gouffre qui se creuse en nous, et personne ne peut en imaginer la profondeur car il faudrait oser s’en approcher, se pencher au-dessus du vide, perdre soi-même une partie de son équilibre. Et tout ça pour quoi ? Pour découvrir l’épaisseur du chagrin qui se cache au fond et réaliser que la petite flamme que l’on a apporté s’y noiera aussitôt.
Le chagrin consume, et rien ne brûle sans combustible. Il emporte quelque chose de vous.
p201
Je détourne les yeux. Ce n'est pas la première fois que j'assiste à une cérémonie de la Dernière Nuit: mon père à toujours tenu à ce que je sois à ses côtés. Seulement, je ne parviens pas à m'y habituer. Toute cette souffrance inutile, cette fi imposée...
Comme chaque fois, je me surprends à croiser les doigts pour que ce soit la dernière.