"Il déroula plusieurs mètres d'intestins aussi moelleux que du boudin créole, tint au creux de ses mains la poche flétrie de l'estomac, des reins petits et compacts, un foie tentateur, aussi lourd et bariolé qu'une flamboyante fleur tropicale."
"il commença par trancher la tête. La viande du cou, fort tendre, se sépara sous sa lame en couches charnues. Lorsqu'il atteignit les cervicales, il inséra la pointe du couteau entre deux d'entre elles et fit levier; en même temps, il empoigna les cheveux et imprima à la tête une violente torsion. La colonne vertébrale se brisa avec un bruit humide. Jay acheva de découper les chairs, et la tête se sépara du tronc."
Ça ne me dérange pas de regretter ce que j'ai fait. Mais je ne supporte pas de regretter ce que je n'ai pas fait.
J'ai su alors que cet homme était infiniment dangereux. J'ai su aussi que je devais absolument plonger en lui, aussi loin qu'il me laisserait aller.
Il aurait fait n'importe quoi pour Tran, y compris attendre.
Quand on a peur de tomber sur quelqu'un qu'on n'a pas envie de voir, on préfère rester chez soi à bouquiner, à noircir son journal intime, à écouter de la musique ou à relire de vieilles lettres d'amour déprimantes.
La réputation de stupidité des yankees était bien compréhensible. Mais j'en avais rencontré mon content alors que je travaillais à l'Office du tourisme, et ils ne m'avaient pas paru stupides du tout. On ne leur avait jamais appris à articuler, tout simplement. Soit ils étaient si intimidés par nos divers accents (qui leur paraissaient tous un peu snobs) qu'ils ne trouvaient rien à nous répliquer, soit ils s'entêtaient à dire la même chose de quatre ou cinq façon différentes. Ils sont trop enthousiastes, d'accord. Il est difficile d'avoir avec eux une conversation suivie, encore d'accord. Mais ils ne sont pas nécessairement stupides.
S'il continuait à se battre pour gagner un jour, une semaine, un mois de vie, il risquait de se retrouver trop malade pour partir dans la dignité. La mort qu'il aurait à affronter serait lente et dégradante. Il risquait de voir ses poumons le trahir, et il se noierait dans ses humeurs. Il risquait de devenir aveugle, et il ne verrait même pas venir la mort. Il risquait de perdre le contrôle de son corps, et il crèverait dans une flaque de merde (non sans avoir gribouillé une ou deux phrases scatologiques sur le mur).
Mais il avait fini par comprendre que, durant la quasi-totalité de son existence, le mot destin avait désigné son envie du moment, rien de plus.
Il envoya "Something I Can Never Have" de Nine Inch Nails. La voix de Trent Reznor, acérée et insidieuse, empreinte d'une souffrance assassine, lui brûlait le crâne au fer rouge.