Il y a tellement de choses que je voudrais lui dire, à propos de ce qui s’est passé il y a quelques instants et il y a plus de dix ans, et en même temps je pense que j’en ai déjà assez dit.
Il appuie ses avant-bras sur le toit de sa voiture, les yeux toujours rivés sur ses clefs qu’il tripote entre ses doigts.
– Tu as toujours été soupe au lait, Saylor. Cela t’a causé pas mal de problèmes, dans le temps. On dirait que ça continue.
Il lève la tête, mais avec ses lunettes de soleil je ne vois pas ses yeux.
– Merci pour les cupcakes. À un de ces quatre.
Sans ajouter un mot, il monte dans sa voiture. Le moteur démarre en ronronnant, résonnant dans ma poitrine, et il sort du parking en me laissant plantée là, à le regarder partir.
La différence, cette fois, c’est que je sais qu’il part.
Et qu’au moins je sais pourquoi
« Parce que l’amour, c’est comme la magie. On peut s’interroger – comment il arrive, quand il arrive, pourquoi il vous bouleverse quand il arrive, et comment vous avez pu exister avant qu’il n’arrive –, mais il est possible de n’avoir jamais les réponses. »
Et donc, dans la lumière de la lune qui se lève, à l'endroit où nous avons échangé notre premier baiser, nous échangerons beaucoup plus avec rien moins que l'amour et l'avenir devant nous.
- Ce que je trouve avec toi, Saylor, je ne le veux avec personne d'autre. Tu as gravé ta marque sur moi. Pas seulement mon coeur par ton amour ou mon esprit par tes paroles, mais encore davantage mon âme par tout ce que tu es. Tout ce que tu assures à devenir. Et tout ce que tu crois que nous pouvons être ensemble.
Il est mon âme soeur.
Il n'y a qu'un amour qui compte plus que votre premier amour et c'est votre dernier amour. Quelle chance j ai que pour moi ce soit la seule et même personne!
J’épouse mon meilleur ami.
Le garçon qui me volait les cookies aux pépites de chocolat.
Mes baisers.
Mon temps.
Mon Amour.
Il est celui qui arrive une fois dans la vie.
L'homme qui possède mon coeur à jamais.
Les racontars mènent aux tabloïds. Les tabloïds à l'espionnage. et dans ma situation actuelle, l'espionnage mène au désastre.
Il retrousse les lèvres. Serre la mâchoire. Tend la main et la pose sur le cote de mon cou, passe son puce sur ma clavicule. Le bout de ses doigts s’enfonce dans mon épaule.
- Tout
Il se lèche les lèvres. Pose les yeux sur ma bouche. Puis me regarde dans les yeux de nouveau.
- Et rien.
- Oh.
Ma tête tourne. Mon corps me tourmente. Tout en moi n’est que désir.
- C’est une mauvaise idée.
Il se penche sur moi et effleure mes lèvres des siennes. Ma raison lâche prise. Mon cœur fait des culbutes. Je me liquéfie. Une simple ébauche de baiser avant qu’il ne s’écarte, ses doigts se raidissent dans un effort tangible pour se retenir.
- Une terrible idée, je murmure-t-il en se conformant à la profondeur de mon baiser avant d’y ajouter sa note.
- Son autre main vient se poser sur la côte de mon visage, le pouce juste sous menton pour prendre le contrôle.
- Atroce
Nos corps s’entrelacent en même temps que nos langues. Son corps est encore chaud d’avoir couru. Encore tendu. Encore luisant de sueur.
- Stupide, chuchote-t-il.
Et donc, dans la lumière de la lune qui se lève, à l'endroit où nous avons échangé notre premier baiser, nous échangerons beaucoup plus avec rien moins que l'amour et l'avenir devant nous.
Le doute en moi grandit à chaque pas dans l'aéroport quand je me rends à l'arrivée des bagages. J'imagine des scénarios tous plus horribles les uns que les autres. Dans l'un, je n'ai pas le cran d'assister à la cérémonie en plein air, je tourne les talons pour fuir juste avant que Sarah le Rebond n'avance vers l'autel et je rentre littéralement dans Mitch. Du genre corps contre corps et nous tombons tous les deux à la renverse, je me retrouve couchée sur lui, ma robe remontée par-dessus la tête, le cul moulé dans ma culotte gainante, exposé aux regards de tous les invités.
Un autre où j'entre dans la réception, je trébuche et je tombe tête la première dans la pièce montée. Tous les invités se retournent et me voient me relever le visage couvert de chantilly.
Ironique. Mais au moins on ne me reconnaîtrait pas...