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Critique de HT


HT
04 décembre 2013
En 1888, dans une ville du Colorado, le fils d'un magnat des mines revient au bercail après ses années d'études en Angleterre. Il y découvre, entre autres, l'amour (chaste, je vous rassure), la vérité sur sa filiation, les soubresauts de la vie politique locale et sa vocation professionnelle.


Pour quelle raison lire Louis Bromfield aujourd'hui? D'abord, par nostalgie teintée de curiosité pour un des rares écrivains américains qui figuraient dans la bibliothèque de nos grands-parents, après guerre, aux côtés de Pearl Buck et John Steinbeck.
Ensuite, par penchant pour l'exotisme et l'aventure, que Bromfield exploite souvent dans ses romans - il s'agit parfois de l'Inde ("La Mousson", "les nuits de Bombay"), ici c'est le Far West, celui des clichés, avec montagnes, trains à vapeur, villes champignons, éleveurs de bestiaux, filles de saloon et blanchisseurs chinois.
Et enfin, par envie de retrouver les subtilités dans l'étude des caractères dont l'auteur avait fait preuve dans "Précoce Automne", que j'ai déjà critiqué ici, et qui lui avait fait mériter le prix Pulitzer en 1927.


Sur ce dernier point, "Colorado", publié en 1947, déçoit tant, qu'on peine à reconnaître la plume qui reçut le Pulitzer vingt ans auparavant.
Intrigue infiniment prévisible, dialogues calamiteux, personnages archétypaux, division binaire entre les bons et les méchants, rien ne nous est épargné. Pour se simplifier la tâche fastidieuse de la description physique des personnages, Bromfield décide que les méchants seront une lignée de brutes épaisses de père en fils, tous bruns et poilus, tandis que les gentils se reconnaitront facilement grâce à leur physique délicat (mais viril) et leurs cheveux blonds.


Le final est peut-être ce qu'il y a de pire, avec le sauvetage de la belle jeune fille, digne des pires mélodrames populaires de l'Ouest, tels que les ont caricaturés Goscinny et Morris dans l'album de Lucky Luke "Le cavalier blanc". Imaginez sérieusement le principal protagoniste masculin prononçant la phrase "Je suis là, ma chérie, et je ne vous quitterai plus jamais". Ce n'est pas "Le cavalier blanc", c'est du Bromfield dans le texte.


Autant la comparaison avec Henry James ou Edith Wharton était méritée pour "Précoce Automne", autant je me demande quelle mouche a piqué l'éditeur chez Phébus, qui a osé comparer sur la quatrième de couverture, ce mauvais roman de gare aux "Frères Karamazov" (rien de moins).
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