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Lucette Baillon de Wailly (Traducteur)
EAN : 9782859406233
288 pages
Phébus (19/05/1999)
3.67/5   69 notes
Résumé :
Une jeune femme, mariée au dernier rejeton d'une vieille dynastie de la Nouvelle-Angleterre, découvre l'enfer derrière la façade de respectabilité et de puritanisme de sa nouvelle famille. Lucide, elle manquera cependant de la force nécessaire pour s opposer et n'aura ensuite de cesse que de permettre à sa fille devenue adolescente, d'échapper à une telle prison : un combat, dans une « bonne » société américaine à la violence bien réelle, autrement plus risqué qu'el... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Dans le Massachusetts, à Durham, une musique inaccoutumée et bruyante résonne dans la vieille demeure des Pentland. Pour ce bal donné en vue de présenter Sybil à la bonne société, ou plus explicitement pour capturer un parti intéressant, un orchestre se déchaîne sans pour autant réussir à ambiancer la soirée. Pourtant, le champagne coule à flot afin de ne pas paraître mesquin car jusqu'ici, chez les Pentland, on a toujours été très économe.
C'est aussi l'occasion de présenter une autre jeune fille de la famille et de fêter le retour de sa mère, Sabine, après vingt ans d'absence. C'est d'ailleurs celle-ci, malgré ses quarante-six ans, qui attire tous les regards curieux devant son assurance, son élégance et son maintien, elle qui était empruntée et timide lorsqu'elle était jeune fille. Elle leur avait alors fait l'affront de s'échapper de ce clan fermé et revient, froide et triomphante, bien que divorcée, provocant l'irritation de ceux qui pensaient qu'en quittant leur cercle elle serait perdue.
Olivia, la mère de Sybil, pâle, distante, pondérée, observatrice passive mais à qui rien n'échappe, désire pour sa fille le bonheur, un bonheur intense et lumineux. Celui qu'elle a n'a pas pu saisir elle-même, mariée très jeune et avec empressement à Anson, dernier descendant franchement terne, pétri de valeurs morales, de cette illustre famille Pentland. Comble de malheur, leur fils de quinze ans, l'héritier du nom, a une santé chancelante.

Louis Bromfield excelle dans la peinture de ce petit monde puritain, cette vie sociale corsetée où les personnages sont englués, par désir, par inertie ou par devoir, dans une atmosphère déprimante, monotone, aux traditions puissantes et incontestées.
Anson, le mari totalement insipide et plein de préjugés, uniquement absorbé par la rédaction de son futur livre sur la grande lignée des Pentland, ne prend la parole que pour s'opposer aux sorties à cheval que sa fille Sybil s'autorise, accompagnant un irlandais catholique romain, nouveau propriétaire d'un domaine voisin. Il faut protéger leur forteresse et ne pas introduire d'intrus dans leur milieu de gens distingués. Sabine sera aussi indésirable, sa rancoeur issue de son éducation trop sévère supervisée par l'intrigante tante Cassie avec ses prêches, ses idées fausses sur la valeur du nom, fait peur. Pourquoi est-elle revenue ?
Depuis le retour de Sabine, Olivia, outre une grande lassitude, montre, derrière sa pondération, son calme et sa courtoisie, des velléités de sortir de cette monotonie, de ce monde qui se fissure, de cette comédie d'apparences. À quelques jours de ses quarante ans, des aspirations à vivre tentent de faire surface. Une énergie intérieure, que l'auteur réussit admirablement à imposer au lecteur, vient s'opposer à la léthargie, à cette mort lente des jours vécus, à la stérilité de cette vie. Ne pas rentrer dans l'automne sans avoir encore vécu. L'auteur a d'ailleurs posé son roman sur un été avant d'entamer en fin d'ouvrage les prémices du changement de saison.
À l'image des portraits qui tapissent le hall de la demeure, Louis Bromfield détaille admirablement et sans aucune lourdeur cette famille cimentée dans une vision et une défense de valeurs archaïques qui n'ont plus cours et dont la jeunesse désire se détourner. Olivia aussi étouffe, écrasée par ce conservatisme, mais peut-elle encore échapper aux fers qui la lient à cette dynastie vieillissante voire moribonde ?

Outre ces remarquables portraits que l'auteur brosse magistralement avec mordant, le cadre esquissé vient agréablement compléter cette très belle lecture. Des fenêtres de la demeure, Olivia ne voit que la froideur et la désolation d'un paysage « inhospitalier, impitoyable et pierreux, il n'était jamais bien riant. » Sa solitude dans ce lieu, dans cette famille, la fait encore se sentir comme étrangère après vingt ans passés ici. Les intérieurs, avec boiseries, le salon victorien plein de reliques dépareillées sont les témoins de cette famille vieille de trois siècles.

Le monde des Pentland, un monde rigide, drapé dans des préjugés d'un autre âge, piétine la vérité et Louis Bromfield secoue la poussière de cette aristocratie bien établie en nous offrant cet admirable roman couronné du prix Pulitzer en 1926. Un joli coup de coeur d'un autre temps, à savourer, en accord avec la fin du texte, sur un été finissant.
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Depuis une vingtaine d'années, Olivia fait partie d'une famille très riche et très puritaine qui vit près de Boston en Nouvelle-Angleterre. Elle a épousé Anton Portland " le dernier descendant mâle d'une famille illustre".
Elle a toujours été une femme irréprochable pour son beau-père, le patriarche, pour tante Cassie toujours prête à mettre son nez dans les affaires des autres.
Cet été sa fille Sybil qui revient de France où elle a fait des études, est en âge de se marier, et son fils Jack est de plus en plus faible.
Sabine au fort caractère , une cousine de son beau-père est de retour.
Olivia fera la connaissance de son voisin , un politicien irlandais.
Cet été, avant de fêter ses quarante ans,Olivia se posera beaucoup de questions sur sa vie, cette famille , son bonheur....

J'ai eu de bonnes et même d'excellentes surprises avec les livres Libretto et là, je ne suis pas déçue. Ce livre m'a emportée de la première à la dernière page. J'ai passé un très bon moment!

Louis Bromfield est un écrivain américain né en 1896, qui a reçu le prix Pulitzer 1926 pour ce livre. Ses trente romans qui suivront , ont tous été des best sellers.
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En parcourant la liste des prix Pulitzer décernés au fil des années, j'ai accroché sur le titre Précoce automne, un roman de Louis Bromfield, lequel m'avait éblouie à l'adolescence avec La Mousson. Ma soeur m'avouait d'ailleurs récemment s'en repaître encore de façon sporadique, y retrouvant peut-être l'émoi de la première découverte. Bref, je me délectais à l'avance de ce Précoce Automne qui reçut l'ultime distinction littéraire en 1927.
La préface dithyrambique avance une comparaison avec le roman de Ludwig Lewisohn, le destin de Mr Crump : je me sens dès lors en toute confiance pour commencer ma lecture. Il aura suffi de quelques pages pour me convaincre que j'avais plutôt affaire à une romance de type Harlequin qu'à une grande analyse sociale et psychologique.
Tout d'abord, la narration détachée agace au suprême degré, de même que les descriptions ampoulées et répétitives, les personnages caricaturaux et convenus, la mièvrerie des dialogues et l'intrigue usée à la corde. En somme, un roman-savon peu inspiré fleurant la redite et souffrant en outre d'une écriture pesante, sans style, doublé d'une traduction quelconque.
Comme ça ne valait pas la peine de s'attarder outre mesure, j'ai survolé le reste du roman pour me conforter davantage dans mon geste d'abandon, léger délit qui ne m'arrive que rarement.
Déception et désenchantement à la clé, autant pour l'auteur que pour la prestigieuse récompense.
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Années 1920, dans une petite ville côtière près de Boston. Une famille de la bonne société, descendante des premiers colons américains puritains, mène dans sa belle propriété une existence morne et étriquée, ignorant splendidement le monde qui change autour d'elle. Austérité poussée jusqu'à l'avarice, conformisme confinant à l'intolérance, horreur de la chair transmise de génération en génération, telles sont les vertus révérées par les Pentlands.
L'épouse du fils de la famille, Olivia Pentland, voit approcher la quarantaine, l'âge respectable, avec la peur d'être enterrée vivante sous les convenances et les traditions de sa belle-famille. Au cours d'un été mémorable, les circonstances l'amènent après des années de déni à affronter la peur de vieillir sans avoir vécu.

L'auteur américain Louis Bromfield a connu un grand succès des deux côtés de l'Atlantique dans la première moitié du XXe siècle, avec notamment le prix Pulitzer qui couronna "Précoce Automne" en 1926, mais le succès a vite fait place à l'oubli. Je ne le connaissais qu'à travers deux romans très médiocres ("Les nuits de Bombay" et "La folie Mc Leod"). Pour tout dire, les cent premières pages de "Précoce Automne" m'ont fait douter de mon choix.
La mise en place m'a paru laborieuse, les intentions de l'auteur trop appuyées : semblant croire qu'une idée suffit à définir un personnage, Bromfield jette sur la page toutes les conclusions qu'il a déjà tirées sur les protagonistes, avant même d'avoir commencé à les faire vivre sous nos yeux ; comme s'il était pressé de leur coller des étiquettes, il les réduit à des stéréotypes privés de vie qui ne font que subir le cours du roman décidé par lui. Ajoutez à cela quelques ficelles narratives un peu grosses, comme par exemple la vieille épouse devenue folle, enfermée dans une aile condamnée de la maison, clin d'oeil - volontaire ou maladroit ? – à « Jane Eyre ».
Et puis, peu à peu, le récit décolle, les stéréotypes deviennent des personnes, gagnent en profondeur, et commencent à nous surprendre. La femme amoureuse d'un autre homme n'est pas nécessairement adultère, ou le séduisant voisin forcément sympathique ; il se pourrait que la belle cousine divorcée ait des intentions troubles, et même que les victimes deviennent un jour des bourreaux. Les caractères gagnent en complexité, le fil de l'histoire devient moins évident, moins linéaire que ne laissait préjuger le début.

Les lecteurs familiers de l'univers d'Edith Wharton ou d'Henry James seront en terrain connu dans cette Amérique bien pensante qui ostracise ceux qui s'écartent du droit chemin. La parenté des thématiques – famille, tradition, adultère et manipulation dans la haute société – est troublante vis-à-vis du "temps de l'innocence" de Wharton, dont l'action se situe dans le New-York des années 1870, et qui reçut le prix Pulitzer six ans avant "Précoce Automne". Bromfield réussit à apporter un éclairage neuf sur ces thèmes rebattus, et peint une étude de caractère subtile et marquante du personnage d'Olivia Pentland.
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Quel régal que ce petit roman incisif ! Un auteur américain un peu oublié, fermier à ses heures, lauréat du prix Pulitzer et une histoire de famille dans laquelle on traque les secrets et l'hypocrisie des puissants ? Il n'en fallait pas plus pour me convaincre !
Nouvelle-Angleterre, années 20. Nous suivons les vicissitudes d'un été dans la maison Pentland, dynastie sur le déclin, du point de vue d'Olivia Pentland, dans le rôle de révélateur des faux-semblants et autres hypocrisie, drapés dans la moralité et la bienséance, étouffants chez ses membres les désirs intimes, les esprits, l'espoir aussi.
S'il est peut-être tard pour Olivia, à l'aube de ses 40 ans d'envisager une quelconque libération du carcans dans lequel elle s'est emmurée, aux côtés d'un mari qui s'évertue à figer le temps dans ses recherches généalogiques, elle mettra tout en oeuvre pour que sa fille, Sybil puisse fuir ce tombeau familial. Mais le destin d'Olivia est-il définitivement scellé? La présence de l'impétueux O'Hara, leur nouveau voisin pourrait bien changer la donne !
Bromfield dénonce avec une grande finesse psychologique les blessures et les vanités de ce milieu bourgeois moribond, et dresse un portrait sans concession de la société américaine du début du XXe siècle, sclérosée dans un puritanisme et une respectabilité étouffants.
J'ai particulièrement appréciée les parallèles entre les paysages décrits et les états d'âme des personnages, et notamment ces pages sublimes, celles de la nuit d'été au cours de laquelle Olivia prend conscience de la finitude des choses humaines et de la vanité de leur prétention.
Un roman de moeurs exquis et un personnage féminin inoubliable.
Très envie d'enfin découvrir Edith Wharton et Thomas Hardy dont l'univers a été rapproché de ce roman de Bromfield.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Elle ne quittait pas des yeux son mari, sentant qu'il était scandalisé et saisi de la voir énumérer d'une seule traite tant de choses dont on ne parlait jamais à Pentlands, que l'on enfouissait dans le silence et que l'on s'efforçait d'anéantir en faisant comme si elles n'existaient pas.
- Nous devrions en parler quelquefois, continua-t-elle d'un ton mélancolique ; de temps à autre, quand nous sommes bien seuls et sûrs que personne ne peut nous entendre, quand cela n'a pas d'importance. Nous ne pouvons prétendre éternellement que ces choses ne sont pas.
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Elle aurait voulu rester seule, dans la chambre à peine éclairée, jusqu'à ce que le ciel commençât à blanchir au-delà des marais. On ne la laissa pas veiller en paix près de son fils. (...) La mort, qui devrait avoir lieu dans la calme beauté de la solitude, était dépouillée de toute sa dignité. Tout le monde allait s'agiter ainsi pendant plusieurs jours. C'était maintenant seulement, au milieu de ce méprisable brouhaha, qu'Olivia venait de perdre son fils. Il ne lui était pas encore ravi tandis qu'elle était là, toute seule, dans la chambre.
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Elle avait l’air d’accomplir les choses sans effort, avec un très grand calme, et pourtant, quand on la connaissait mieux, on sentait qu’autour d’elle bien peu de choses lui échappaient ; non seulement elle voyait et entendait ce qui aurait retenu l’attention d’une personne bornée, mais elle pressentait aussi les liens subtils et mystérieux qui s’établissent entre les êtres. Elle semblait avoir un talent merveilleux pour aplanir les difficultés. De toute sa personne se dégageait une impression de sécurité – comme il arrive souvent chez les gens dont la conscience est hypersensible – qui apaisait les soucis de tout son entourage.
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Les gens ont, dans notre monde, des yeux derrière la tête. Il faut vous en souvenir, ma chère. On vous observe, on sait tout ce que vous faites. On devine presque ce que vous pensez, et quand on ne le sait pas, on l’invente. C’est une des caractéristiques de la décadence et de la faiblesse d’une société qu’on n’y vive plus de ses sentiments personnels mais en s’intéressant à ceux d’autrui.
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La chose essentielle ne sera pas qu’elle vous inspire un amour éperdu, mais qu’elle puisse remplir son rôle de femme, qu’elle vous donne des enfants, qu’elle reçoive et contribue à faire de vous le grand personnage que vous avez toujours souhaité être. Il vous faut quelqu’un qui vous aide à fonder une famille, à peupler d’enfants votre maison neuve pour que grâce à elle vous et vos enfants arriviez à prendre la place des familles comme la nôtre, dont la vitalité est épuisée.
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