« Vous montez un col, traversez une forêt, longez une rivière...
Au fond de la vallée, au milieu de nulle part, hors du monde, dans un des plus beaux paysages des Alpes françaises, les ruines de ce hameau me hantent. »
Les ruines de ce petit village sont celles de Chaudun et ses habitants l'ont vendu à l'administration des Eaux et Forêts le 6 août 1895. Vendu ? Mais que s'est-il passé pour que ses habitants en soient rendu à une telle extrémité ?
C'est ce que va nous conter
Luc Bronner, journaliste et originaire de ce petit coin de France, après avoir écumé les archives départementales, des journaux locaux, celles de l'état civil de la commune, du cadastre, du registre militaire, des notaires, celles aussi des Eaux et Forêts, des diocèses, des écoles, etc.
Un vrai travail de fourmi lent et passionnant à lire car pour un instant, pour un instant seulement, Chaudun renaît de ses cendres et avec lui tous les habitants, paysans et cultivateurs, qui ont construit et ruiné ce village.
Et tout commence avec la seule tombe bien dissimulée mais encore lisible qui attire le regard de notre promeneur-journaliste, celle de Félicie Martin, morte le 30 avril 1877, à l'âge de dix-sept ans.
C'est à travers cette jeune femme que
Luc Bronner va reconstituer la vie de ce village perdu dans la montagne, les difficultés d'y élever les enfants, d'ensemencer la terre, de faire paître les troupeaux... un coin reculé des Hautes-Alpes peu propice à l'expansion du fait de sa situation géographique et donc largement épuisé par la présence humaine et animale.
Une vie dure, ingrate, repliée sur elle-même, où chacun se connaît et pleine de promiscuité, de jalousie, mais aussi de solidarité.
Une lecture passionnante qui fait revivre un petit village peu accessible de la fin du XIXe siècle, l'histoire d'une terre exsangue et plus tard quand l'homme y a disparu sa résurrection et le retour de la faune et de la flore, presque une dimension originelle.