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Critique de JeanMarcHolsters


J'ai toujours été un lecteur assidu des essais de Gerald Bronner, dont je pense très sincèrement qu'ils sont -pour la plupart - d'utilité publique.
Je sais donc qu'il manie la langue avec aisance et fluidité, qu'il sait éviter jargon et salmigondis pseudo-savant et que concevant bien, il énonce clairement.

Mais, bien sûr un roman, c'est autre chose. Combien d'intellectuels estimables s'y sont cassé les dents ?
Je n'étais pas trop inquiet, cependant : j'avais passé un très bon moment avec sa première fiction « Comment je suis devenu super-héros »
J'ai reçu "Comme des dieux" le jour de sa parution, et je l'ai lu d'un souffle, en trois heures. Les fées se sont penchées sur le berceau de cet homme-là : non seulement c'est un grand sociologue, mais c'est aussi un excellent romancier.
« Comment je suis devenu super-héros » était une vive pochade, drôle, maline, mélancolique, enlevée.

« Comme des dieux » est un remarquable roman. L'argument en est simple et brillant : une l'une de ces sectes si pittoresques qui pullulent aux Etats-Unis décide de trouver le Messie par le biais d'une émission de télé-réalité. Jeff, le narrateur,un universitaire franco-américain, qui rédigea naguères une thèse sur la secte en question est invité par la production en tant que conseiller scientifique.

Jeff pourrait être un personnage de Jean-Paul Dubois, voire de Houellebecq. Sa femme l'a quitté, il a perdu son poste à l'Université, il n'est pas heureux, il va se trouver embarqué dans une équipée grotesque, flamboyante et sordide à la suite d'une Messiette de roadhouse, jusqu'à…jusqu'à ce que vous lisiez le livre !

Il y a d'après moi un critère absolu, pour la qualité d'une oeuvre de fiction, c'est quand le lecteur oublie qu'il lit.
J'ai été interrompu deux fois dans ma lecture, par des importuns, les deux fois, j'ai dû revenir d'Amérique ventre à terre, me réveiller, quitter Jeff, Dorothy, Clubber, Walter , m'arracher à l'atmosphère lourde, aux petites magouilles, au motel, à l'amour impossible, et m'y arracher douloureusement, quitter tous ces personnages qui, comme dans tous les bons romans, existaient mieux et plus que les idiots qui voulaient m'empêcher de lire.

C'est un beau livre. Avec quelque chose d'émouvant, qu'on ne devinerait pas en lisant les essais: il y a de la nuit dans Bronner, il y a des gouffres, on entrevoit des abysses, un coeur d'homme
C'est une belle histoire désenchantée, avec de la satire, du monde comme il va, de la cruauté, et ce qu'il faut de caricature pour qu'on comprenne mieux. Il y a de l'humour triste, une poésie légère, prenante, l'amour, la mort, la misère… c'est un livre vivant. J'aurais mis quatre étoiles, réservant les cinq à Proust ou Dostoïevski, mais au diable l'avarice, il faut encourager la bonne prose !
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