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Pourquoi livrer mes impressions de lecture sur ce texte maintenant, en plein travail sur Anton Holban ? Étrange association d'idées entre la « stupéfiante banalité de la mort » et l'entêtante « vanité, vanité tout est vanité » du maître du tarin ! La violence urbaine constitue au premier abord un sujet politique. Aussi, tenu(e) au devoir de réserve, ne devrais-je pas garder mes distances ? Cependant, la question des « regards qui tuent » pour ne pas dire « angoisses sécuritaires » (à géographie très inégalitaire, bien évidemment) j'y ai bien été confronté(e), dans des proportions bien moindres certes, mais tout aussi désagréables. Susciter l'indifférence plutôt que la diabolisation me semble être un idéal bourgeois, bien trop répandu. Que se passe-t-il quand la « périphérie » rencontre le centre ? Ou plutôt, pourquoi le centre se garde bien de toute rencontre avec la périphérie ? D'une certaine manière la question, qualifiée de naturaliste par certains, est très présente en littérature. Dès lors, trouver un parallèle entre le livre de Luc Bronner et « La Fosse » d'Eugen Barbu, ne devrait plus étonner. Et pourquoi pas un lien avec l'exil puisque certains personnages réels se sentent ou bien sont traités comme des exilés de leur République. Cette enquête dans sa version revue et corrigée par l'auteur (poche, 2010) est arrivée sur mon bureau un peu par hasard, à moins que ce ne soit de façon détournée pour le symbole de sa dédicace. Je pense que les intéressés ne seront que plus émus que je la cite ici : « À Hélène, qui sait tout ce que je lui dois. À Marie, Noé et Lisa, qui comprendront pourquoi, si souvent, je suis parti… » Aussi insolite que cela puisse paraître, c'est en voulant m'informer, et les qualités documentaires de l'ouvrage me paraissent également salutaires, sur la « racaille » que j'ai (re) trouvé une expression à la fois humble et directe d'un credo littéraire : « depuis quatre ans, j'arpente pour “Le Monde” les quartiers difficiles – leurs transports en commun lorsqu'ils arrivent jusqu'aux cités, leurs cages d'escalier réhabilitées en attente de dégradation ou dégradées en attente de réhabilitation, leur HLM avec les jeunes qui “rouillent” à leurs pieds, leurs tribunaux qui jugent à la chaîne, leurs commissariats avec d'autres jeunes en uniforme qui rêvent tout autant de quitter la cité… C'est à cet instant précis, sous l'éclairage tamisé des réverbères, à moitié sur le siège passager, qu'est venue l'envie d'écrire ce livre. Comme une évidence. Comme une urgence. Décrire, montrer, témoigner de la ghettoïsation de certains quartiers. En comprendre les ressorts, les causes et les conséquences. Raconter, ne rien masquer. » Les problèmes et les crises, objets de cet ouvrage, appartiennent résolument à la réalité si froidement synthétisée par quantité de documents administratifs. Si des décisions plus ou moins justes méritent d'être encadrées, alors les paroles de Mohamed « hilare » aussi : « faut bien vivre, mon frère, faut bien vivre. On n'est pas au Medef mais on est aussi des petits patrons ». Comme le blogueur qui a intitulé son site « 937sang.skyblog », l'auteur nous conduit à La Grande Borne et, une fois la lecture terminée, nous pensons rentrer chez nous en toute sécurité. Je suis de celles et ceux qui ne sortent pas indemnes de la lecture de ce livre. La conviction que tout auteur attend nécessairement d'être lu me semble au final une raison suffisante pour poster ces impressions.
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Durant plusieurs années, Luc Bronner s'est immergé dans les cités les plus dures de Grigny, Tremblay-en-France et Clichy-sous-Bois. Des "ghettos" urbains, où les règles de vie en commun ne sont pas les mêmes qu'ailleurs, où les lois républicaines sont inopérantes, où l'économie est souterraine voire illégale. Pendant 4 ans, ce journaliste du "Monde" a multiplié les rencontres : adolescents des cités, policiers, élus, dealers, sociologues...Il explore une réalité bien plus complexe que les discours politiques simplistes voudraient le faire croire. Alors que les promesses d'actions en faveur des quartiers sensibles s'évaporent à peine formulées, les cités sont peu à peu devenues des territoires coupés du reste de la société, sans valeurs ni espoirs communs.
Même s'il souligne une forme d'énergie positive émanant parfois de ces lieux en marge (comme par exemple un langage novateur et en perpétuelle évolution), Luc Bronner dresse un constat alarmant et sans concessions de l'état des banlieues en France.
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Quand j'ai vu pour la première fois "La loi du ghetto", j'ai trouvé ce titre tellement pompier que j'ai passé mon chemin en ricanant. Puis, j'ai lu pas mal de critiques à droite à gauche, quelques extraits, et écouté des interviews de l'auteur. Je me suis alors souvenu que Tocqueville avait fait oeuvre de sociologie sans être sociologue, et qu'une nouvelle innovation tragique des marketteurs impose de donner des titres stupides à des ouvrages de qualité afin d'en vendre plus (cf. le "Tous ruinés dans 10 ans" de Jacques Attali, qui vient de rejoindre une de mes piles annexes). J'ai donc fini par acheter et lire "La loi du ghetto". Bien m'en a pris.
Lien : http://quoideneufsurmapile.b..
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Pret GB 01/05/2010
Intéressant; je regrette que l'auteur ne soit pas allé jusqu'au terme de son analyse. Les banlieues sont des ghettos en raison de jeunes ne trouvant pas leur place dans une société qui les exclus en raison de leurs comportements asociaux. Il évoque le problème de la 3ème génération issue de la fin de la guerre d'Algérie ainsi que de l'immigration des "noirs" (problème de polygamie, d'éducation etc.) Il n'évoque a aucun moment la politique française de l'immigration qui ne tient pas compte de la capacité ou non du pays d'"ingérer" cette population. Comme le précisait M. Rocard: "La France ne peut prendre en charge toute la misère du monde". Je pense à l'instrumentalisation de la politique migrnate au profit d'une démagogie politique. Dommage......
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Une enquête au coeur des quartiers sensibles (surtout en Île-de-France), rédigée à la suite de plusieurs années d'enquête sur le terrain pendant et après la "crise des banlieues" de 2005.

Le constat est sans appel : les "cités" de Clichy-sous-Bois, Evry-Courcouronnes, Aulnay-sous-Bois, Corbeil-Essonnes, Montfermeil, Tremblay-en-France, etc. sont bien des ghettos, que ce soit au regard de leur manque d'infrastructures et de représentation politique, ou au regard de l'isolement dans la pauvreté - ceux-là mêmes qui prônent la "mixité sociale" se gardant bien de résider dans les communes dites "sensibles" et de scolariser leurs enfants dans les collèges réputés "difficiles"...

Les solutions préconisées par l'auteur - un changement "par le bas", car l'impulsions de viendra certainement pas des élites politiques actuelles ! Les résidents des quartiers doivent reprendre eux-mêmes en main leur politique locale, s'organiser... et cesser de quitter les zones sensibles dès qu'ils en ont les moyens ! Sinon, les ghettos français resteront condamnés au repli communautaire... Et à l'implosion !
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Très bon document sur les "cités", pas seulement celles de Seine-Saint-Denis, mais aussi ailleurs en France. Pas de faux-semblants, du journalisme, du reportage, avec des faits et peu de jugements. Froid et efficace, cela montre le gâchis et les difficultés insurmontables de mondes durablement séparés. Bref le ghetto.
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