"Une fois que l'on sait une chose on ne peut plus jamais ne pas la savoir.On ne peut que l'oublier. En faussant le temps, elle indiquera l'avenir aussi longtemps qu'elle restera dans la mémoire.En toute circonstanceil est plus sage d'oublier, de cultiver l'art de l'oubli.Se souvenir, c'est affronter l'ennemi. La vérité loge dans la mémoire."
(Incipit)
Cette histoire d'écriture, c'est la pénitence pour n'avoir pas de chance. C'est une tentative pour atteindre les autres et vous faire aimer d'eux. C'est votre protestation instinctive quand vous découvrez que vous n'avez pas de voix devant les tribunaux du monde et que personne ne vous défendra.
C'était essentiellement une dépression curable, une dépression qui pouvait disparaitre devant la perspective de nouvelles séductions, de nouveaux divertissements, en un mot une dépression que j'étais tentée de qualifier d'ennui.
J'avais besoin de savoir que tout le monde ne porte pas une blessure qui saigne par intermittence tout au long de la vie. J'avais besoin d'apprendre que la vie peut prendre la bonne vitesse pour propulser quelqu'un. J'avais besoin que des experts m'enseigent l'égotisme pur qui m'avait toujours échappé, cat le peu que j'avais réussi à me constituer, et qui jusque-là n'était passé que dans mon écriture, était vite vaincu par la vue d'un tremblement, d'un regard de désarroi, de la déception qui semblait me hanter, m'encombrer et même s'imposer à ma conscience quand je m'appliquais à construire mes réserve d'égoïsme.
A cette époque là, ne pas avoir à me soucier des sentiments des autres si je ne le voulais pas, c'était pour moi la liberté.
La pire chose qu'un homme peut faire à une femme, c'est lui donner l'impression qu'elle n'est pas importante.
J'avais pourtant réussi à vivre deux vies. Mais des deux vies, à la fin, c'est la plus respectable que j'avais héritée.
J'avais été trop subtile. J'avais essayé de comprendre toute seule sans m'adresser aux autres pour connaître la vérité.
Tout ce que je savais, c'était que la détermination que j'avais ressentie plutôt dans l'après midi avait subi une sorte de fragmentation, et que j'étais dans un état de désarroi si semblable à une maladie que je commençais à me demander si j'allais durer assez longtemps pour résoudre quoi que ce soit. J'avais l'impression d'être menacée dans ma propre substance ; la force de la volonté des autres était sur le point de briser la mienne.
J'essaie toujours de toutes mes forces de m'inventer une nouvelle vie pour pouvoir échapper à l'ancienne, bien que, en fait, cette ancienne vie que j'avais vécue jusque là précairement et avec une résignation mêlée d'impatience ait été très facile. Elle avait été tellement facile qu'elle ne me satisfaisait pas.