Graham savait qu’il était inutile de dire aux parents d’un défunt qu’on le comprend si on n’a pas vécu cette douleur. Il est impossible d’imaginer le deuil tant qu’on ne l’a pas ressenti personnellement. (p. 120)
Il connaissait au moins deux policiers qui avaient changé de métier pour cette seule raison : ne plus jamais avoir à affronter le regard d’un père, les cris d’une mère. Ne plus répondre à leurs questions en sachant qu’il était inutile de mentir pour atténuer l’horreur, car des journalistes l’étaleraient au grand jour le lendemain matin. Ne plus promettre de découvrir un coupable sans savoir si on tiendrait parole. Ne plus refermer la porte sur les plaies béantes d’une famille. Une famille qui s’effriterait dans la moitié des cas, trop de souffrances conduisant aux reproches, puis à l’incompréhension, à l’indifférence et à la solitude. Chacun se sentait responsable du sort de la victime. « Si j’avais acheté le ballon qu’il voulait, il aurait joué plutôt que lire ces maudits livres », penserait le père. « Il serait encore là si je l’avais conduit à la bibliothèque », songerait la mère. « J’aurais dû accepter de l’amener avec moi à la piscine », se dirait la grande sœur. S’ils le taisaient, ce sentiment de culpabilité les rongerait aussi sûrement qu’un cancer. (p. 32)
- Il était trop collé sur toi. On voit rien quand c'est trop proche.
Quand un enfant était en cause, personne ne pouvait dormir.
Maurice Tanguay. Maurice Tanguay. Tanguer? Ça convenait parfaitement à un homme qui sent le sol, la vie, sa vie, se dérober sous ses pas.
Un propriétaire de manèges avait accepté de prêter le Looping, qui promettait des sensations fortes en vous secouant dans tous les sens à cinquante mètres au-dessus des gens plus sensés qui étaient restés au sol.
(...) en espérant qu'elle verrait son ami au bout de la rue, qu'il lui ferait un petit signe de la main et qu'il aurait une bonne raison pour expliquer son retard. Une aventure avec une autre femme n'était pas une bonne raison.
Quand on demande aux gens de faire du bénévolat, on ne leur demande pas s’ils ont un casier judiciaire.
Les crimes passionnels sont généralement faciles à résoudre. Ils sont tristement banals : jalousie, possessivité, colère, meurtre.
Le monde est de plus en plus violent. Ce n’est pas un cliché, c’est une réalité.