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Citations sur Un racisme imaginaire (46)

Le fait qu'on ne puisse plus proclamer haut et fort à la télévision ou en public qu'il faut tuer les juifs, les arabes, les blancs [•••] est en soi une bonne chose. Contrepartie de ce progrès : pour éviter de tomber sous le coup de l'accusation, il faut parler avec des gants, user de comparaisons prudentes [•••] Mais étendre cette prudence aux productions de la culture humaine, bannira priori toute critique d'un système, d'une foi, c'est prendre le risque d'amputer la liberté de penser. Ce qu'a entériné la loi Pleven de 1972 qui crée un nouveau délit de " provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence" commise envers des individus "à raison de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée". L'élargissement fut l'occasion, saisie par des associations intégristes, catholiques ou autre, de traîner en justice les auteurs de films jugés diffamatoires ( " Je vous salue, Marie" de Jean-Luc Godard (1985), [•••]). Au motif que certains mots sont des armes [•••] , et peuvent blesser comme l'avait déjà souligné Jean-Paul Sartre citant Brice Parrain, après la guerre, à propos des écrivains collaborateurs, les discours méprisables ou moqueurs envers la foi devraient être censurés. De l'affaire Rushdie, condamné à mort pour avoir, selon ses procureurs, blasphémé la Prophète dans ses "Versets sataniques" jusqu'à l'affaire des caricatures de Mahomet qui se solda par l'assassinat de sang-froid de toute l'équipe de Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015, la frontière est mince entre le jugement satirique sur les croyances d'autrui et l'outrage maximal. Nous n'aurions donc le choix qu'entre l'offense et l'acquiescement. L'islam radical rajoute à la délicate question du blasphème une nuance importante : il tue les contrevenants et ne s'embarrasse pas de précautions. Tout ce qui relevé jadis de l'esprit des Lumières, la critique mais aussi le discours anticlérical, théologique, philosophique, la satire, devrait désormais être assimilé à une diffamation.

Pages 29-30
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On ne s'est jamais autant apostrophé au nom de ses origines, de ses croyances ou de sa couleur de peau. Dans un mouvement déjà remarqué par les plus lucides, Paul Gonnet, Pierre-André Taguieff, l'antiracisme ne cesse de racialiser toute forme de conflit ethnique, politique, sexuel ou religieux. Il recrée en permanence la malédiction qu'il prétend combattre.
Page 22
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Tout ce qui distingue les hommes finit par les opposer.
Page 23
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Pour établir des ponts entre les hommes, il faut commencer par rétablir des portes qui délimitent les territoires de chacun.
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Islamophobie est d'abord le nom d'une blessure narcissique inversée en rancœur.
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Avant d’aller plus loin, rappelons une différence fondamentale entre l’Empire britannique et l’Empire français : alors que ce dernier est mû par la conviction d’apporter, outre-mer, la liberté et la civilisation, « il est du devoir des races supérieures de civiliser les races inférieures », dira Jules Ferry dans un discours célèbre à la Chambre en 1885, le premier n’a, en apparence, d’autre ambition que l’extension du commerce et des profits. Il se contente via l’Indirect Rule d’exploiter, au besoin par la force, les richesses des terres lointaines, laissant aux indigènes le soin de s’administrer eux-mêmes, de persister dans leurs rites et leurs croyances (la Grande-Bretagne moderne, multiculturelle et différentialiste, a ainsi rapatrié en métropole son modèle impérial au risque d’oublier le ciment commun, la « britannicité » et d’encourager les séparatismes ethniques).

L’impérialisme français voulait convertir l’Arabe, l’Africain, l’Asiatique aux valeurs républicaines et les intégrer à la métropole, l’impérialisme britannique jugeait les Indiens, les Malais, les Kenyans si différents des Anglais qu’il pensait vain de leur inculquer le mode de vie européen. Les colonialistes français prétendaient créer du semblable sur toute la surface de la terre, au nom de l’universalité des droits de l’homme ; les Britanniques, à l’inverse, respectaient la diversité des cultures sans chercher à les unifier sous un arc commun. À chacun son mode de vie, nul besoin de changer les êtres. Perçue par les uns comme une infériorité ou une survivance qu’il sera possible de corriger avec le temps, la différence est considérée par les autres comme une distance infranchissable qu’il ne sert à rien de vouloir abolir.

Tel est le fondement du libéralisme communautaire. En réalité les deux colonialismes ont mêlé leurs principes : les Britanniques ont laissé leur empreinte sur les pays occupés, notamment leur système parlementaire en Inde et ailleurs, et les Français ont accordé au compte-gouttes la nationalité française aux sujets musulmans d’Algérie, contredisant leurs généreuses proclamations universalistes.
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Il ne s'agit donc pas d'islamiser l'Europe mais d'européaniser l'islam. En faire une religion parmi d'autres, et qui rayonnerait en matière de tolérance éventuellement sur le reste de l'oumma. [...] Pour cette tâche de longue haleine, il faut commencer par ne pas capituler, ne pas renier le coeur de notre héritage : l'esprit d'examen, l'égalité des sexes, la discrétion religieuse, le respect des droits et des libertés individuelles, la liberté d'expression. Ces principes, qui sont des acquis des deux grandes révolutions américaine et française, ne sont pas négociables. Mais ils sont accessibles à tous, indépendamment de la croyance, de la culture ou de la couleur de la peau.
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Outre que cette simplicité est à bien des égards une illusion rétrospective, cette renaissance spirituelle que certains appellent de leurs voeux ressemble furieusement à de la régression. Elle a ceci de séduisant qu'elle nous plongerait dans une existence tracée d'avance et nous allégerait de l'obligation de choisir notre vie. La liberté est insupportable, car corrélative d'une insécurité ontologique des individus privés des béquilles de la tradition, de la religion, de la communauté.
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On n'a pas le droit d'être bête dans la lutte contre le fanatisme, au risque d'alimenter l'incendie qu'on veut éteindre. Pratiquer la vengeance aveugle, l'insulte gratuite, organiser des pogroms, c'est faire le jeu de nos ennemis. Ils veulent nous entraîner dans un cycle de représailles sans fin. A cette fureur de brutes, il faut opposer une colère intelligente.
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Les violences sadiques et filmées, les crimes contre l'humanité sont toujours un aveu d'impuissance. Le fanatisme est le recours des faibles: seule la modération est une preuve de force.
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