Tant pis, je fonce ! 50 histoires pour saisir la vie

Je crois que nous recelons tous de nombreux désirs, et il me semble que l'insistance sur le désir d'amour et le désir d'enfant, surtout à l'endroit des femmes, finit par nous tracer un avenir préprogrammé du genre étouffant.

Qu'en est-il du désir d'équilibre, du désir de flâner, du désir de nature, du désir de poésie, du désir d'amitié, du désir de savoir, du désir de rire, du désir d'admirer, du désir de fabriquer, du désir de donner, du désir de liberté ?

L'incongruité, qui pour les suiveurs serait presque un gros mot, me plaît comme une denrée rare, un plaisir de gastronome.
Trouver les gens qui ne sont jamais entrés dans le moule, ceux qui vivent à leur manière, qui élèvent des boas, qui dorment dans la baignoire qui inventent des outils inutiles ou des variantes du jeu d'échecs en 3D, qui partent chasser leur nourriture au fusil, qui marchent le long d'un méridien, qui apprennent le coréen sans raison, ou le nom de toutes les étoiles visibles à l'œil nu. Tout cela ne sert à rien, mais au moins cela vient d'eux et livre le goût de leur humanité bien plus sûrement que ce bête bouton que l'on nous demande de cliquer sans arrêt : "Je ne suis pas un robot."

Les acteurs exercent un métier formidable.
Faisant profession de vivre d'autres vies que la leur, ils nous voient nous empêtrer dans des rôles que nous n'avons pas choisis et jamais travaillés, nous petits amateurs tricotant une seule vie au brouillon.

Nous-mêmes, ne sommes-nous pas toujours à la fois heureux et malheureux, à la fois en train d'apprendre et d'oublier, à la fois responsable et puéril ?
Savons-nous ce qui est juste ou injuste, raté ou réussi, prometteur ou castrateur, épanouissant ou stressant ?
Seule une vision nuancée et souple a des chances de surfer sur les vagues multiples et enchevêtrées du réel.

L'erreur serait de viser un horizon dégagé à l'infini.
La liberté ne va pas sans limites, puisqu'un espace sans murs ne serait plus un espace mais simplement le vide.
C'est même le mur qui est la condition de l'espace.

Personne ne doit trouver sa voie, chacun peut tracer son chemin

Tout ce qui est déjà là reste à découvrir, littéralement,
c'est-à-dire à être libéré de sa gangue d'automatisme.
Transformez, renouvelez, revisitez, magnifiez ce que vous voulez,
il y a toujours beaucoup plus à en faire que ce qui a déjà été fait.

Un conditionnement précoce, c'est un mur qui a des racines.Mettons:la façon de tenir fourchette et couteau.Vous ne vous souvenez même pas de l'avoir appris.Maintenant , essayez d'inverser les couverts, main gauche/main droite,et attaquez votre bifteck. Impossible. C'est un mur.petit, mais bien solide. En y mettant des heures, toutefois, on pourrait l'abattre et devenir ambidextre.

Tu as appris à grimper à la force de tes moteurs,tu as connu la vitesse de croisière,mais il faudra bien piquer du nez.Exemple:tu as toujours eu une bonne vue.Quand quelqu'un peinait à déchiffrer,tu te demandais:"Comment ça flou?Mais non,c'est net!"Mystère total.Aujourd'hui,tu plisses les yeux sur les notices et...C'était donc ça qu'ils voulaient dire!

Quand on a une idée précise sur quelque chose,le plus juste serait de s'en méfier,de se demander d’où elle vient,de voir ce qu'on pourrait faire en adoptant l'idée contraire...juste pour voir.