Quelque soit le prétexte qu’il a trouvé, le contact de sa peau vous fait frissonner jusqu’aux cheveux, mais vous restez impassible et maintenez la conversation dans le registre conventionnel. Tout le sel est dans le double jeu. Peut-être pendant que vous continuez à discuter sérieusement, pouvez-vou vous permettre de laisser pointer un brin de complicité dans le regard. Mais juste un brin, une étincelle, à peine de quoi éveiller les soupçons. Un signe ne doit jamais être clair. Chaque frôlement se comprend par une intention plausible. Chaque regard par une parole publique. A la fin votre environnement est truffé de mines, mais chacune se justifie. Ce sont les invites et les réponses charnelles qui dominent tout, Mais elles parviennent à se ranger derrière une facade lisse. Vous êtes innocente par définition et ravagée de désir par construction.
Au début ça se présente bien.
Ce climat ambigu est merveilleux. Vous lancez provocation sur provocation tout en restant sagement sur la berge opposée. Pour rien au monde vous ne mettriez un pied dans l’eau. Il faut fignoler cet instant du désir ou chacun sait que l’autre sait (encore qu’un tout petit doute subsiste), mais refuse la vulgarité de se découvrir ouvertement. Vous évitez toute allusion univoque, tout contact gratuit. Vous jouez derrière un bouclier sans lequel il n’y aurait plus de jeu. Oui ça commence toujours bien.
Des petits signes s’échangent entre votre corps et un autre. Mettant en place un désir sans qu’il soit besoin d’en parler. Il vous donne la main pour sauter un rocher. Vous frôlez son cou pour rectifier son col. Il effleure vos doigts pour reprendre sa cigarette. Vous vous appuyez sur son épaule pour prendre une photo. Il laisse son coude en contact avec le vôtre lors d’un trajet en bus. Vous faites mine d’apprécier son after-shave pour frôler sa joue. Il vous prend la fourchette des mains au restaurant. Vous l’embrassez sur le coin des lèvres en le quittant … enfin bref ça chauffe entre vous.
On a très vite compris qu'un premier amant, surtout un débutant, ça ne se garde pas longtemps. Il est gentil, mais il doit faire ses classes, que diable !
C’est un ami, un collègue, un commerçant, un guide, un passant, n’importe quel homme dont le rayonnement a déclenché en vous le petit voyant lumineux. Vous savez qu’il sera bon de le toucher. Les scénarios sont infinis, et tout le plaisir consiste à en inventer d’inédits. C’est un moment divin, qu’il ne faut surtout pas gâcher en mettant le doigt dessus.
L’orgasme Féminin, contraintes et libertés… | Elisa Brune | TEDxAlsaceSalon 2015
Le sexe est un territoire que l’amour s’approprie, disait Kundera. Et dans ce territoire, on manque de cartographie. Le plaisir doit s’inventer tout seul. L’orgasme est un sommet non fléché, trop souvent inaccessible pour les femmes. Pourquoi tant d’inconnu ? J’ai voulu savoir ce que vivent les femmes, d’une part, et ce que sait la sexologie, d’autre part. Quatre années d’enquête entre chercheurs et cercles tantriques, thérapeutes et sex-toys, statistiques et témoignages ont contribué à fabriquer de l’intelligence collective sur le sujet le plus tu depuis la nuit des temps.
écrivain, journaliste scientifique – www.elisabrune.com
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